JUSTICEProcès Bettencourt: Patrice de Maistre «embarqué malgré lui dans une affaire de famille»

Procès Bettencourt: Patrice de Maistre «embarqué malgré lui dans une affaire de famille»

JUSTICELes trois avocats de l'ex gestionnaire de fortune de Liliane Bettencourt ont pointé ses qualités de gestionnaire et sa tentative de régularisation des comptes clandestins de la famille Bettencourt...
Elsa Provenzano

E.P. avec AFP

La défense de Patrice de Maistre, l'ancien argentier et homme de confiance de Liliane Bettencourt, a affirmé mercredi que la milliardaire «n'aurait pas voulu» ce procès, où elle est confrontée au gestionnaire qui l'a servie «de manière irréprochable durant sept ans».

>>> Revivez l'audience en direct.

«Etes-vous vraiment certain que c'est ce qu'elle a voulu, qu'elle voulait être représentée en tant que partie civile contre Patrice de Maistre?», s'est demandée l'avocate de ce dernier, Me Jacqueline Laffont, à l'adresse d'Olivier Pelat, tuteur judiciaire de la milliardaire de 92 ans, et qui, à ce titre, «porte sa parole» au Tribunal correctionnel de Bordeaux.

Liliane Bettencourt qui, par un protocole de réconciliation avec sa fille signé en décembre 2010, «avait renoncé définitivement et demandé à sa fille de renoncer» à toute procédure, «n'aurait pas voulu cela,»a insisté Me Jacqueline Laffont, dans un procès où il a beaucoup été question des facultés de discernement et de la volonté de la vieille dame absente.

Un travail irréprochable au service de la milliardaire

Avant Me Jacqueline Laffont, Me Christophe Cariou-Martin, autre avocat du gestionnaire de fortune, a retracé le parcours d'«un homme à la droiture morale, professionnelle et affective entière envers Liliane Bettencourt», dont il a géré les biens «de manière irréprochable durant sept ans» jusqu'à son départ en décembre 2010, donnant notamment «un formidable essor à la Fondation Bettencourt-Schueller».

Patrice de Maistre, 65 ans, est avec l'ex-confident de la femme la plus riche de France, François-Marie Banier, un des prévenus principaux du procès. Il est jugé pour «abus de faiblesse» et «blanchiment», pour une donation, une convention d'honoraires et des sommes perçues en espèces, portant sur 12 millions d'euros. Le Parquet a requis contre lui trois ans de prison dont 18 mois avec sursis et 375.000 euros d'amende.

Ses avocats ont rappelé comment cet ex-commissaire aux comptes, recruté fin 2003 comme directeur-général des sociétés gérant les dividendes Bettencourt de L'Oréal, s'est retrouvé «amené à sortir de ce domaine d'intervention» pour gérer la Fondation, puis des fonds suisses, mais aussi les implications du «terrible conflit» entre la mère et sa fille unique.

Mêlé à un conflit terrible

S'appuyant sur les enregistrements clandestins réalisés en 2009 et 2010 par l'ex-majordome de Liliane Bettencourt, Me Jacqueline Laffont a estimé que ceux-ci, loin d'être «à charge», montraient «le respect» de son client, toujours dans la volonté «d'expliquer, de répéter» à sa patronne. Enregistrements qui le montrent «dépassé par des dossiers qui ne le concernent pas» et impliqué dans un conflit «qui n'est pas le sien».

Un conflit «terrible» où une maman se réconcilie avec sa fille à des conditions financières». «C'est une autre planète», a-t-elle résumé, ajoutant que dans cette guerre, il n'a pu que respecter les volontés d'une femme qui, pour lui, «était tout sauf en état de faiblesse».