Procès Bettencourt : L'ex-avocat de la milliardaire a t-il empêché des expertises médicales?
JUSTICE•Le tribunal correctionnel de Bordeaux a entendu Pascal Wilhelm, ancien avocat de Liliane Bettencourt ce mercredi...E.P. avec AFP
L'ex-avocat de Liliane Bettencourt, Pascal Wilhelm, poursuivi pour abus de faiblesse, a-t-il fait obstacle à des expertises médicales en 2010 pour empêcher le placement sous protection de la milliardaire, déjà affaiblie ? Le tribunal correctionnel de Bordeaux a examiné mercredi différents actes de l'avocat à cette époque.
Une expertise la décrit affaiblie en 2011
Pascal Wilhelm est soupçonné d'avoir poussé la richissime héritière de L'Oréal à investir, en 2010 et 2011, 143 millions d'euros dans une société appartenant à un autre de ses clients, l'entrepreneur audiovisuel Stéphane Courbit, lui aussi jugé à Bordeaux pour «abus de faiblesse».
Selon une expertise datant de 2011, la milliardaire, aujourd'hui âgée de 92 ans et sous tutelle, était déjà affaiblie psychologiquement à cette époque.
A la barre, Pascal Wilhelm, a reconnu avoir constaté, dès leur première rencontre en août 2010, la «vulnérabilité» de l'héritière de L'Oréal, «amoindrie par sa surdité». «Je ne pense pas que Liliane pouvait gérer seule toutes les décisions qu'elle avait à prendre», a-t-il estimé.
«Pourtant, quatre mois après, vous faites appel d'une requête de mise sous tutelle», s'est étonné le président du tribunal, Denis Roucou. «C'était pour maximiser les chances d'une mesure de protection acceptée par Liliane Bettencourt», a affirmé l'avocat.
Il a plaidé que des contacts étaient alors en cours entre les avocats de la milliardaire et ceux de sa fille Françoise, en vue d'un accord de réconciliation, qui sera finalement signé le 6 décembre 2010.
Des certificats médicaux contradictoires
Le tribunal a également souligné les résultats contradictoires de deux certificats médicaux établis après des examens réalisés sur la milliardaire à quelques jours d'intervalle, mi-décembre 2010. D'abord celui d'un médecin, désigné par l'avocat, qui conclut le 11 décembre à l'absence de «processus pathologique en cours» ; puis celui, établi le 17 décembre, par un gériatre choisi par la fille de la milliardaire, qui évoque cette fois des altérations des fonctions cognitives».
Or, «entre les deux (certificats), il y a des actes», relève le président Denis Roucou, soulignant que l'examen par le gériatre était initialement prévu pour le 11 décembre. Un premier investissement de 75 millions dans le groupe de Stéphane Courbit sera ainsi signé par la milliardaire le 17 décembre, avant un deuxième accord, portant sur une somme identique, le 28 mars 2011.
Pascal Wilhelm avait-il informé Liliane Bettencourt qu'il était également l'avocat de Stéphane Courbit ?, a demandé le tribunal. Pascal Wilhelm reconnaît à la barre «l'avoir dit, mais pas écrit».
Le 23 janvier, trois jours avant le procès, un accord de restitution de fonds est intervenu entre Stéphane Courbit et la famille de Liliane Bettencourt, aboutissant à un retrait de la constitution de partie civile de celle-ci contre l'entrepreneur.