Bordeaux: Un pharmacien condamné pour avoir vendu 6000 boîtes d'un dérivé morphinique sur de fausses ordonnances
JUSTICE•Il acceptait de vendre les comprimés à ce malade qui, devenu dépendant à la morphine, falsifiait ses ordonnances...E.P.
Entre 2008 et 2010, un pharmacien qui était installé aux Chartrons a vendu près de
6.000 boîtes d'Actiq, un dérivé de la morphine avec effet flash et classé comme stupéfiant, à un malade qui falsifiait ses ordonnances pour accéder à ce produit, auquel il était devenu dépendant. Les doses étaient sans rapport avec la posologie habituelle pour ce médicament et ne correspondaient en rien à des prescriptions effectuées par un médecin, précise Sud-Ouest qui rapporte l'affaire.
Une radiation de dix ans déjà prononcée
La semaine dernière le pharmacien a été condamné à dix-huit mois de prison, assorti d'un sursis avec mise à l'épreuve de trois ans et d'une interdiction d'exercer une profession en lien avec la pharmacologie ou la médecine pendant cinq ans. Le client (qui ne s'est pas présenté à l'audience) a, quant à lui, été condamné à huit mois de prison avec sursis. Le conseil de l'ordre, avait prononcé en 2012 une radiation de dix ans, confirmée en appel, à l'encontre du pharmacien.
L'assurance maladie a donné l'alerte
Seul le pharmacien acceptait les ordonnances falsifiées
Devant les demandes répétées du client, atteint d'une grave pathologie et devenu toxicomane, plus aucun employé de l'officine, à part le pharmacien, ne voulait le servir. Les ordonnances étaient, la plupart du temps, grossièrement falsifiées quand elles ne se limitaient pas à de simples photocopies. Le pharmacien aurait même falsifié les ordonnances afin de leur faire passer le filtre de l'Assurance-maladie. Face aux policiers de la police judiciaire, il reconnaîtra que, sur dix ordonnances présentées par ce patient, seulement deux étaient probablement authentiques.
Pour sa défense, le pharmacien a assuré avoir agi par «compassion» pour ce malade auquel il s'était «attaché». Un argument mis à mal par le portrait dressé par ses employées, qui l'ont décrit aux enquêteurs comme «peu scrupuleux» et attiré par l'argent». La procureur est persuadée que c'est bien par intérêt qu'il n'a pas tenu compte des demandes des parents du malade, venus le supplier d'arrêter de vendre ces comprimés à leur fils.
Son avocat, a souligné que son client n'avait, au final, tiré «aucun profit» de cette affaire et était désormais «à terre».