Bordeaux: Cédric Carrasso, l’oublié de l’Équipe de France?
Ligue 1•Auteur de prestations de haut vol depuis plusieurs mois, Cédric Carrasso, gardien de but des Girondins, n’occupe paradoxalement que très peu le devant de la scène médiatique...Laurent Brun
C’est une petite phrase en apparence anodine, prononcée en conférence de presse, qui a relancé le débat. C’était dimanche dernier, après le match nul concédé par les Girondins à domicile, face à Guingamp (1-1). Willy Sagnol répondait à une question concernant l’équilibre défensif de sa formation, et plus particulièrement la prestation de Cédric Carrasso, son gardien de but. L’incontournable pilier, une nouvelle fois auteur d’une performance trois étoiles.
Car, comme depuis plusieurs saisons, le portier (33 ans) enchaîne les performances de haut niveau. Bien que victime d’un léger passage à vide il y a quelques mois, le garçon s’est quasiment toujours montré régulier sur sa ligne de but. Ce qui fit dire à son coach la chose suivante. «Il a fait son match, il a fait le job… des arrêts décisifs… c’est Cédric! Il cumule les grosses performances depuis quatre/cinq mois, et il y a des gens tout en haut, qui vont peut-être pouvoir jeter un coup d’œil sur lui…» L’analyse est légitime. Mais de quelle sorte de «gens» s’agit-il? Des personnalités comme Didier Deschamps, par exemple, sélectionneur de l’Équipe de France?
Lloris, titulaire indiscuté
La question est posée, la réponse n’est pas venue. Pourtant, depuis que «D.D.» a pris ses fonctions à la Fédération (2012), il n’y a pas de Carrasso chez les Bleus. Une anomalie? Oui et non. Oui, au vu de la régularité du Bordelais, et des points qu’il fait gagner à son équipe, ou de ceux qu’il évite de perdre. Non, si l’on en juge par les perf’ d’Hugo Lloris (Tottenham Hotspur), titulaire indiscuté. Sachant que dans la hiérarchie tricolore, Steve Mandanda (Olympique de Marseille), Stéphane Ruffier (A.S. Saint-Étienne), voire Benoît Costil (Stade Rennais), passent devant. Florilège de talents, sans discussion possible. Mais si Carrasso a déjà porté la tunique ornée du coq (en 2011, face à la Pologne) et, à plusieurs reprises, fait partie du groupe France (depuis février 2009, et pour la Coupe du Monde 2010), il est pour l’heure totalement ignoré sur la scène internationale. Un peu comme le bon élève de la classe, qu’on colle…
«Admiratif de ce qu’il fait»
Gaëtan Huard, expert au poste (et consultant pour beIN Sports) nous livre son analyse. «Je crois que Cédric arrive à maturité, et qu’il est dans ses meilleures années. Il est régulier et fait très souvent la différence, mais il ne peut pas tout gérer, ni marquer des buts, sourit l’ancien de la maison marine (1991-1996). Toutes les situations qu’il a vécues dans sa carrière lui servent aujourd’hui, et lui apportent beaucoup en expérience. Il a un style particulier, il est très bon sur sa ligne, et il possède des réflexes formidables! Je suis admiratif de ce qu’il fait.»
Un hommage appuyé, qui n’empêche pas d’être lucide sur la situation. «Il y a beaucoup de gardiens performants qui sont de la même génération. Ce n’est donc pas facile, mais je crois que ça ne l’est pas non plus pour le sélectionneur, ajoute-t-il. Puis il y a aussi les affinités, car connaître la personne est important pour le groupe.» Cédric Carrasso serait-il finalement sous coté? «Je pense que l’exposition médiatique est aussi une question de classement, et liée aux prestations globales de l’équipe, répond Huard. Là, Hugo Lloris est numéro un – et il l’est pour moi aussi – et c’est normal qu’on en parle. Sinon, peut-être que Cédric ne fait pas assez de merchandising…»