Bordeaux: «Tout le monde veut son opération immobilière à Euratlantique»
URBANISME•L’opération d’aménagement autour de la gare comprendra logements, bureaux et commerces…Mickaël Bosredon
L’établissement public d’aménagement Bordeaux Euratlantique vient de changer de tête. Stephan de Faÿ, ex-directeur général adjoint de l’établissement public de La Défense à Paris, a pris les rênes de la structure, qui pilote la plus grande opération d’urbanisme de Bordeaux, autour de la gare. Interview.
Où en est-on de la commercialisation du projet Euratlantique?
Nous en sommes à 180.000 m2 commercialisés en surface de vente, sur 2,2 millions de m2 à terme. Cinq ans après le lancement de l’opération, c’est remarquable. Ce qui va sortir en priorité, c’est le quartier de Paludate, où l’on est presque exclusivement sur des opérations tertiaires. Le deuxième secteur qui va démarrer c’est celui d’Armagnac, sur les anciens terrains ferroviaires, avec deux hôtels, 18.000 m2 au niveau tertiaire, le reste en résidentiel et commerces. Le plus gros des logements en première phase sera livré entre la rue Carle Vernet et le boulevard Jean-Jacques Bosc, à partir de 2017/2018, avec des acteurs comme Clairsienne, Nexity...
Il y a la question des boîtes de nuit, très présentes dans ce secteur. Devront-elles déménager?
Les boîtes de nuit qui posent problème, nous ferons le nécessaire pour les faire partir. Mais notre ambition, cela reste de maintenir ce type d’activités. Nous avons identifié cinq établissements qui ne posent pas de problèmes et qui souhaitent rester, sur une dizaine.
On parle beaucoup de l’attractivité de Bordeaux. Est-elle réelle?
J’étais encore à Paris la semaine dernière, à la rencontre des promoteurs et des investisseurs immobiliers, et je peux vous assurer que tout le monde, y compris des fonds anglo-saxons, veut son opération à Bordeaux. Par ailleurs, j’ai fait le tour des entreprises que je connais à La Défense, toutes me disent que Bordeaux n’était pas dans leur horizon il y a quelques années, c’est le cas depuis environ un an.
Pour autant, il semble difficile d’attirer à Bordeaux des sièges d’entreprises nationales…
On n’y arrivera pas, car ces sièges sont très difficiles à faire bouger. En revanche, on peut s’appuyer sur les entreprises existantes pour renforcer leur implantation.
Il est précisément reproché à Euratlantique d’attirer essentiellement des entreprises déjà existantes sur la métropole, et donc de ne faire que déplacer l’emploi…
Si Euratlantique se contente de déplacer des entreprises existantes, l’objectif du projet ne sera pas atteint. Je ne cherche pas spécialement à entrer en contact avec des entreprises bordelaises, il faut s’appuyer sur les entreprises qui veulent se lancer, type start-up, ou sur des nouveaux projets de grande entreprise. Après, il y a une réalité: l’immobilier d’entreprises de certains quartiers est obsolète, je pense au quartier du Lac. Ce sont des objets immobiliers qui ne répondent plus aux normes environnementales et qui représentent des charges lourdes pour les entreprises.
En quoi Euratlantique est-il mieux armé pour réussir qu’un projet comme Euralille?
Euratlantique n’est ni plus armé ni moins armé. Mais au moment où Euralille est né, le différentiel des loyers d’entreprises entre Lille et Paris n’était pas si extraordinaire que cela. Et le point qui est radicalement différent, c’est le coût du logement: l’épine principale dans le pied de Paris aujourd’hui, c’est la crise du logement, qui est dramatique. A Paris, on a réinventé le concept du travailleur pauvre, du cadre pauvre. Il y a des entreprises dans lesquelles des cadres dorment dans leur voiture, c’est une vraie réalité. Alors, s’il y a une marche encore très importante entre Bordeaux et Paris, il faut surveiller cette question du prix des logements attentivement, et une opération comme Euratlantique doit contribuer à calmer le jeu sur la question des prix, sinon les gens iront à Nantes ou Toulouse. Il faut qu’on tire les prix vers le bas sans sacrifier la qualité. Je veillerai donc à ce que la moyenne des prix proposés en accès libre au sein d'Euratlantique ne dépasse pas 3.600 euros/m2.