LGV Poitiers-Limoges: Des élus satisfaits, des opposants scandalisés
TRANSPORTS•Le projet de Ligne à grande vitesse Poitiers-Limoges vient d’être déclaré d’utilité publique. Les réactions se multiplient face à ce projet cotroversé…M.B. avec AFP
Des élus aux anges. Des associations scandalisées. L’annonce de la déclaration d’utilité publique de la ligne à grande vitesse (LGV) Limoges-Poitiers n’en finit pas de susciter des réactions. Les travaux de la LGV Poitiers-Limoges ont été déclarés dimanche «d'utilité publique et urgents» dans un décret paru au Journal officiel, signé du Premier ministre Manuel Valls et de la ministre de l'Ecologie Ségolène Royal.
Le président PS de la Région Limousin, Gérard Vandenbroucke, le maire UMP de Limoges Emile-Roger Lombertie, la présidente PS de Haute Vienne, Marie-Françoise Pérol-Dumont, ont salué le «courage des plus hautes autorités de l'Etat», malgré le contexte national des derniers jours, pour déclarer la LGV d'utilité publique.
Ce projet de 115 km de long avait pourtant été pointé du doigt par la Cour des comptes dans un rapport en octobre. Les Sages jugeaient le réseau français à grande vitesse «peu cohérent» et trop coûteux par rapport aux ressources disponibles. Ils doutaient notamment d'une «rentabilité socio-économique minimale» de cette LGV, entre autres. Les élus limousins ont reconnu avoir pesé de tout leur poids ces derniers jours auprès de l'exécutif, pour obtenir cette décision.
«Des retombées immédiates pour l’emploi»
Le président de la Chambre de commerce et d'Industrie de Haute-Vienne, Jean-Pierre Limousin, a misé sur des retombées immédiates avec «de l'emploi pour près de 5.000 personnes» sur un chantier de trois ans. Il ne devrait toutefois pas débuter avant 2030, le délai pour les expropriations étant de 15 ans.
Gérard Vandenbroucke a souligné l'importance de la LGV en vue de la future grande région Aquitaine-Poitou-Charentes-Limousin, où Limoges, deuxième agglomération après Bordeaux, «doit jouer son rôle de pôle d'équilibre.»
«Copinage, mépris et gaspillage»
Les opposants, qui de longue date préconisent, au lieu de la LGV, la rénovation de la ligne existante Paris-Orléans-Limoges-Toulouse (POLT), ont dénoncé «copinage, mépris et gaspillage» faisant fi de l'avis de la Cour des comptes. La Fédération nationale des associations d'usagers des transports (FNAUT) a quant à elle dénoncé dans un communiqué «une décision irrationnelle et incompréhensible», annonçant qu'elle allait déposer un recours auprès du Conseil d'Etat.
La FNAUT estime notamment que le projet n'est «pas techniquement justifié» et qu'il est «dangereux pour l'aménagement du territoire» car il fragiliserait la ligne POLT classique, pénalisant la région Centre et la Creuse. De son côté, le collectif «Non à la LGV - Oui au POLT» s'est dit «révolté par cette décision, et choqué par la méthode», selon son porte-parole Robert Rolland, qui évoque lui aussi un possible recours.
L’association France nature Environnement a, elle, dénoncé ce mardi «les impacts désastreux qu'aurait cette LGV sur la biodiversité, les zones humides et les cours d'eau, sur l'économie agricole, sur le cadre de vie.»