JUSTICEBordeaux: Peines de prison ferme pour les agresseurs des étudiants chinois en oenologie

Bordeaux: Peines de prison ferme pour les agresseurs des étudiants chinois en oenologie

JUSTICEL'agression s'était déroulée sur fond d'insultes racistes...
Elsa Provenzano

E.P. avec AFP

Trois hommes de 21 à 23 ans ont été condamnés mardi par le tribunal correctionnel de Bordeaux pour l'agression de six étudiants chinois en oenologie. Les faits remontent à juin 2013 et s'étaient déroulés au domicile des étudiants à Hostens, en Gironde.

Des peines de deux ans d'emprisonnement dont 18 mois avec sursis, deux ans de prison dont 16 mois avec sursis et 500 euros d'amende plus 1.500 euros de préjudice moral pour injures à caractère raciste ont été prononcées contre deux agresseurs.

Une peine plus sévère pour un des agresseurs

Le troisième, qui avait blessé une jeune fille en lui jetant une bouteille au visage à la fin de la bagarre, entraînant plus de 21 jours d'interruption temporaire de travail, a été condamné à trois ans de prison dont deux avec sursis. Cinq mille euros pour «perte de chance» et une provision de 10.000 euros lui ont également été réclamés au titre des dommages et intérêts, qui restent à évaluer précisément.

Les trois condamnés, qui comparaissaient libres, ont déjà passé un mois et demi en détention provisoire. Ils seront convoqués prochainement devant un juge d'application des peines pour fixer les modalités d'exécution de leur peine.

De nombreuses réactions suscitées par l'agression

Cette agression, sur fond d'alcool et d'injures racistes, avait suscité de nombreuses réactions des gouvernements français et chinois, à une période où de vives tensions commerciales opposaient l'Europe et la Chine. Pékin s'était officiellement inquiété de la multiplication des agressions visant ses ressortissants en France, notamment des touristes chinois à Paris pris pour cibles par des bandes de voleurs.

Le gouvernement chinois avait «vivement condamné» l'incident, ajoutant y «attacher une grande importance». Stéphane le Foll, déjà ministre de l'Agriculture, avait estimé que c'était « l'image de la France» qui avait été «abîmée», et Manuel Valls, alors ministre de l'Intérieur, avait condamné « avec une grande sévérité cet acte xénophobe ».

Les prévenus «regrettent»

«Le tribunal a fait oeuvre de discernement, il n'y avait pas d'exemple à faire», s'est félicité l'avocat d'un des trois prévenus, Me Jean-Baptiste Bordas. Et de rappeler «la déroute» des agresseurs qui ont essuyé «une grêle de coups» portés par quatre jeunes chinois qui s'étaient défendus avec des bâtons lorsque les agresseurs, ivres, avaient fait irruption dans leur appartement.

«Le jugement est satisfaisant, j'avais peur que le contexte ne ressorte. Une réponse pénale adaptée à la situation de chacun a été prononcée», a indiqué Me Julie Gabinski, avocate d'un second prévenu. Selon elle, les prévenus «ont pris conscience de la gravité des faits et les regrettent».