Le collectif d'associations (Trans'cub, Aquitaine Alternatives et Comité de quartier de Caudéran) a de quoi se réjouir. Le tribunal administratif de Bordeaux vient de lui donner raison, jeudi, en annulant la déclaration d'utilité publique pour le tram-train du Médoc et la ligne D. Les deux projets sont donc à l'arrêt et la CUB se prépare à faire appel.

«C'est une bonne nouvelle pour les usagers et les contribuables de la communauté urbaine. Et il faut savoir que c'est extrêmement rare que les tribunaux administratifs annulent ce genre de grands projets», a déclaré Denis Teisseire, un des créateurs de Trans'Cub.

Comment en est-on arrivé là?

Depuis trois ans, le collectif explique qu'il a alerté sans cesse la CUB, participant à l'enquête et déposant un recours gracieux. «La CUB avait les moyens de corriger son projet au départ, pendant l'enquête publique. Mais elle a refusé de tenir compte des anomalies pointées par les associations», déplore Patrick Du Fau De Lamothe, de Trans' Cub.

Des fréquentations surévaluées

Dans son jugement, le tribunal administratif pointe des insuffisances en particulier dans l'évaluation des fréquentations des deux projets qui «ont faussé substantiellement l'appréciation du public» lors de l'enquête publique menée en 2011. «La Cub a voulu gonfler les chiffres pour aller chercher une rentabilité socio-économique sur un projet qui n'en a aucune», estime Patrick Du Fau De Lamothe.

Partant du constat que le tramway est peu fréquenté en bout de ligne, le collectif d'associations lui préfère le bus à haut niveau de service, moins coûteux. Pour lui, l'extension du tramway dans des zones peu denses de l'agglomération, comme le prévoient les deux projets, n'a pas de sens.

«Personne ne se soucie de l'intérêt général»

La critique des associations ne se cantonne pas aux deux seuls projets mais englobe l'ensemble des extensions de tramway de la phase 3, comme la desserte du Nouveau stade. «Ce jugement, c'est une condamnation de la phase 3 qui est le plus grand gaspillage de fonds publics que la CUB ait jamais connu. Elle est évaluée à 1 milliard d'euros et seuls 100 millions d'euros sont justifiés pour mettre en place les services partiels sur les portions saturées» estime Denis Teisseire.

Il ne mâche pas non plus ses mots quand il s'agit d'évoquer les responsabilités: «chaque élu pense à lui , à sa réélection et personne ne se soucie de l'intérêt général. Il y a une démission collective des élus et de certains fonctionnaires». Le collectif va demander à rencontrer Alain Juppé, notamment pour discuter d'un droit d'alerte afin que ce genre de situation ne se reproduise plus.