Bordeaux: Les commerçants minés par le chantier du quartier Saint-Michel
REPORTAGE•Depuis deux ans, les travaux dans le quartier Saint-Michel sapent le moral des commerçants qui ne résistent plus à la baisse de leur chiffre d’affaires...Charlotte Follana
«Je suis dans le rouge, tous les mois. J'ai seulement une poignée de clients qui rentre chaque jour dans mon magasin, c'est décourageant. En un an, mon chiffre d'affaires a baissé de 60%. Je vais fermer boutique si ça continue», s'exclame la propriétaire de l'imprimerie située face au chantier. A Bordeaux, les commerçants du quartier Saint-Michel ne voient pas le bout du tunnel. Les travaux commencés il y a deux ans sont devenus leur pire cauchemar.
Baisse d'achalandage
Perceuses, marteaux-piqueurs, pelleteuses, bétonneuses... autant d'engins installés actuellement sur la place Canteloup et les rues alentour qui insupportent les boutiquiers. «Plus personne n'a envie de venir en terrasse avec les barrières et la poussière devant le nez. Sans parler du bruit incessant. C'est l'enfer!», souffle, lassé, Matthias Demaitre, serveur à la brasserie du Passage Saint-Michel. «Avant le début des travaux, nous faisions au moins cinquante couverts en semaine. Aujourd'hui, seule une dizaine de personnes pousse la porte du restaurant», précise-t-il.
«Les clients ont déserté les lieux»
Même son de cloche pour sa collègue Mamat Zoiai, restauratrice aux «Saveurs de l'Atlas». «C'est difficile. On subit un vrai manque à gagner. Comment faire pour résister? Impossibilité de se garer, disparition de la terrasse, réduction de l'espace... Les clients ont déserté les lieux», s'indigne-t-elle. Pour maintenir à flot leur affaire, certains n'ont pas d'autres choix que de licencier. Pas sûr que les indemnités promises par la mairie aux commerçants apaisent les moeurs.
Tous n'espèrent qu'une chose, la fin des travaux prévue pour mai 2015. «On commence à trouver le temps long», s'impatiente Claudine, coiffeuse dans la rue des Faures. A la boulangerie, on reste toutefois positif. «La clientèle d'habitués répond toujours présent malgré un accès périlleux. Et notre chiffre d'affaires, certes en légère baisse, reste correct», indique Jacques Le Ledan, vendeur. Le commerce a même réussi à attirer de nouveaux consommateurs, les ouvriers du chantier. «Le matin, ils viennent prendre des chocolatines pour l'équipe», sourit-il.
Les habitants sous tension
Quant aux riverains, ils sont à bout de nerfs. «L'unique moment de répit de la journée, c'est entre midi et 14 heures pendant la pause déjeuner des techniciens. Là, le calme revient. On peut enfin ouvrir sa fenêtre sans entendre le boucan des machines», explique Léa, mère au foyer. «Je ne peux plus rentrer dans mon garage à cause de la pelleteuse juste devant. Trouver une place en voiture est devenue mission impossible. A pied, ce n'est pas mieux. Il faut enjamber, sauter, contourner les obstacles sans trébucher. La galère assurée», renchérit sa voisine.
La bonne nouvelle: le retour du traditionnel marché aux puces, place Canteloup, prévu le samedi 6 décembre, suivi par celui des brocanteurs le dimanche 7 décembre et celui des forains le lundi 8 décembre.