Bordeaux: Les partenariats publics privés font de plus en plus débat
FINANCES•L’opposition socialiste et verte monte de plus en plus au créneau contre ces montages juridiques qui font appel au privé pour financer les grands équipements de la ville…Mickaël Bosredon
«Irréconciliables sur les chiffres», estime Matthieu Rouveyre (PS). C’est le moins que l’on puisse dire. La séance du conseil municipal de Bordeaux, lundi, a donné lieu à de vifs échanges entre la majorité et l’opposition socialiste et verte, sur le coût des partenariats publics privés ou des concessions contractés par la ville pour la construction de grands équipements. C’est le cas du parking des grands hommes, du Nouveau stade de Bordeaux, sur lequel les deux camps s’écharpent régulièrement concernant son réel coût, de la cité du vin, et de la cité municipale, qui regroupe depuis le mois d’août les 850 agents municipaux, à l’angle du cours d’Albret et de la rue Claude-Bonnier.
Alors que la majorité présentait le premier rapport d’activité de la cité municipale pour l’exercice 2013, socialistes et verts sont montés au créneau pour dénoncer son véritable coût. La construction et l’exploitation de l’édifice ont été confiés au groupe Bouygues constructions pour une durée de vingt ans, pendant laquelle la municipalité versera un loyer représentant au total quelque 80 millions d’euros jusqu’en 2032.
«Vous mélangez les torchons et les serviettes»
C’est là que le bât blesse. Pour Matthieu Rouveyre et Michèle Delaunay (PS), il est «évident» que pour chiffrer le coût réel de ce bâtiment, il faut compter et la subvention municipale, et le montant de ces loyers, «ce qui fait un total de 117,5 millions d’euros» calcule Matthieu Rouveyre. «Ce n’est quand même pas très compliqué d’additionner tout cela» a-t-il lancé à la majorité.
Pour Nicolas Florian, adjoint UMP aux Finances, le compte n’y est pas. «Le coût de la construction de la Cité municipale, c’est 60 millions d’euros HT, dont 34 millions d’euros financés par des cessions de biens immobiliers effectués dans le cadre de ce projet. Vous additionnez des loyers et le coût de la construction, ce qui apporte de la confusion.» «Vous additionnez vraiment les torchons et les serviettes, s’est agacé de son côte le maire Alain Juppé. On ne peut pas mettre ensemble le coût du loyer -qui correspond aux intérêts d’emprunts que nous aurions contracté si l’on n’avait pas eu recours au partenariat public privé, et à la maintenance qui aurait eu aussi un coût pour la ville - avec le coût de la construction.»
«Les partenariats publics privés génèrent un surcoût de 25%»
Pour Pierre Hurmic (Verts), «les montages financiers en partenariat public-privé» sont de toute façon «d’un autre temps», et de rappeler un rapport de l’Inspection générale des finances qui affirme qu’ils «générent un surcoût en moyenne de 25%. Il y a peut-être une réflexion à avoir sur le sujet.» Et Matthieu Rouveyre de dénoncer «l’augmentation de la fiscalité (une hausse des impôts pour 2015 est attendue à Bordeaux, NDLR), pour payer le grand stade, la cité municipale et la cité du vin. Et pendant ce temps, comment répond-on aux problèmes quotidiens des gens qui ont besoin de places en crèche et d’utiliser des équipements sportifs de proximité.»
Alain Juppé se défend de son côté en expliquant qu’à l’époque où ces projets ont été décidés, «on ne pouvait pas anticiper la baisse de dotation de l’Etat aux collectivités, qui va représenter 11 milliards d’euros.»