Lacanau: L'impact du réchauffement climatique sur la côte aquitaine étudié par une spécialiste américaine
ENVIRONNEMENT•Jennifer Jurado a visité différents endroits de la côte Aquitaine, pour se rendre compte des conséquences du réchauffement climatique dans la région…Mickaël Bosredon
Reconnue par la Maison Blanche comme un des douze «champions de l’adaptation au changement climatique» pour son travail sur la préparation des communautés locales au changement climatique, Jennifer Jurado est directrice de la planification et de l’administration des ressources naturelles du comté de Broward en Floride. Ce dernier a été choisi pour participer au groupe de travail sur le climat que le Président Barack Obama a mis en place.
Jennifer Jurado et une délégation américaine étaient en visite en Aquitaine cette semaine, notamment à Lacanau mardi. La station balnéaire doit faire face aux problématiques d’érosion du littoral, particulièrement depuis les tempêtes du début d’année.
Le système de «by pass» pour réensabler les plages érodées
Lors d’une rencontre à la région Aquitaine avec le président du conseil régional Alain Rousset (PS) et plusieurs scientifiques, Jennifer Jurado a insisté sur le fait que «le problème de changement climatique ne concerne pas que ceux qui sont en première ligne, les communautés à l’intérieur des terres sont également touchées.»
Elle a également mis l’accent sur le phénomène de «reconstitution des plages érodées», auquel doit également faire face l’Aquitaine. «En Floride nous sommes obligés d’aller chercher du sable à l’intérieur des terres, ce qui représente des milliers de camions sur les routes participant aux émissions de gaz à effet de serre» a-t-elle soulevé. La spécialiste américaine du climat appelle ainsi à trouver des solutions innovantes, et regarde avec attention la méthode du «By Pass», très utilisée en Australie. Le «By Pass» ou système de transfert hydraulique des sables, a aussi été retenu à Capbreton (Landes).
«Dans quarante ans, Bordeaux aura le même climat que celui de Séville»
Il fonctionne grâce à un hydro-éjecteur utilisant l’eau claire sous pression pour désagréger les sables. L’extraction est réalisée sur la plage nord de Notre Dame et le mélange eau/sable est refoulé vers les plages méridionales par une conduite passant sous le chenal du Boucarot et sous le boulevard du front de mer, pour un rechargement des plages sud de Capbreton qui se sont érodées.
Pour Alain Rousset, le «défi physique» auquel doit faire face l’Aquitaine est «le plus important à relever depuis des années, c’est pourquoi des échanges avec d’autres régions concernées par ces problèmes sont indispensables.» Le président de la région a rappelé que l’Aquitaine est «la région où le réchauffement climatique est le plus fort en France, voire en Europe. Il a été de 1°C ces trente dernières années (…) Dans quarante ans, Bordeaux devrait ainsi connaître le même climat que celui de Séville.»
Les solutions viendront des élus locaux
«Il y a danger, poursuit l'élu, car beaucoup de secteurs en Aquitaine se situent en dessous du niveau de la plage, et une ville comme Soulac pourrait redevenir une île. Le sud de la région, davantage enroché, paraît plus protégé, mais même ces zones sont grignotées par l’océan.»
Pour Jennifer Jurado et Alain Rousset, il est incontestable que les réponses viendront des élus locaux: «Ce sont eux qui sont en première ligne face à ces sujets, car pour eux il est difficile d’ignorer ce qui se passe sur le terrain» estime la spécialiste américaine. «La complexité est de faire entendre aux maires que la construction sur le littoral doit s’arrêter, voire doit reculer. C’est une petite révolution» explique de son côté le président de la région.