Bordeaux: Le mois de septembre est sur le point de sauver le millésime 2014
INTERVIEW•Edouard Massie, consultant auprès de plusieurs appellations et viticulteur dans le Médoc, livre son analyse sur le millésime 2014, à quelques jours des vendanges dans le rouge...Elsa Provenzano
Edouard Massié est l'un des quatre oenologues-consultants d'Oenoconseil. Cet organisme dispose de trois laboratoires de pointe et travaille avec 250 propriétés dans le Bordelais.
Comment s'annoncent les vendanges dans les propriétés que vous accompagnez?
L'analyse des grains nous permet de juger du potentiel qualitatif du raisin et le beau temps inespéré du mois de septembre se sent. Ce sera un vin sur le fruit, avec des tanins mûrs et c'est ce que demandent les consommateurs.
Un seul mois de soleil peut-il vraiment rattraper un millésime?
Je suis technicien et c'est vrai qu'en voyant les analyses sur le papier, c'est surprenant. Ce ne sera pas un 2009 mais c'est un joli millésime, comparable à un 2008 ou 2012 alors que fin août, c'était très moyen.
Quelle est l'incidence des pluies orageuses qui sont tombées il y a quelques jours?
Il a fait tellement chaud que certaines vignes avaient besoin d'eau. 10 à 20 ml c'est bien mais là où il a plu de 40 à 50 ml, il faudra vendanger trois ou quatre jours plus tôt.
Quand est-ce que la plupart des propriétés vont commencer à vendanger?
Le Merlot a bien bénéficié du soleil, on pourra commencer à le vendanger à la fin de la semaine. La date reste à peaufiner, en goûtant les raisins car le dernier mot est bien sûr donné par la dégustation. Le Cabernet Sauvignon a lui encore besoin de huit jours de beau temps.
Vous travaillez pour les appellations Sauternes, Pessac-Léognan, Graves et Bordeaux, avez-vous eu des surprises particulières en préparant les vendanges avec vos clients?
Sur les Sauternes, le Botrytis cinerea (qu'on appelle aussi pourriture noble), ne s'est pas encore installé. Je pense qu'il y en aura beaucoup et que cela sera très intéressant gustativement. On fait parfois les vendanges fin novembre mais là ce sera plus tôt car les grains sont déjà très mûrs.
Vous êtes très demandé sur les propriétés en cette période de prévendanges?
Oui, je suis très souvent dans les vignes avec les viticulteurs. On déguste les cuves de chaque parcelle. Vous savez, pour beaucoup de propriétaires, les oenologues sont des médecins de famille.
Les vignerons vont avoir les yeux rivés sur la météo dans les prochains jours?
Oui, mais il faut aussi dire que là, le gros du travail est fait. C'est de très bon augure et on revient de loin!