AVIATION«Le drone est en train de révolutionner tous les secteurs»

«Le drone est en train de révolutionner tous les secteurs»

AVIATIONAgriculture, surveillance des réseaux, relevés topographiques, cinéma… Le drone investit désormais tous les domaines, comme le montre le salon UAV Show qui se tient jusqu’à jeudi à Bordeaux-Mérignac…
Démonstration de vol d'un drone de la société Fly-n-Sense, à Latresne le 25 septembre 2012.
Démonstration de vol d'un drone de la société Fly-n-Sense, à Latresne le 25 septembre 2012. - S. Ortola / 20 Minutes
Mickaël Bosredon

Mickaël Bosredon

Plus d’une soixantaine d’opérateurs de drones sont présents au salon UAV Show, qui se tient sur le site de la base aérienne 106 de Bordeaux-Mérignac jusqu’à jeudi. Les domaines dans lesquels ils opèrent sont de plus en plus vastes. «Jusqu’à présent, 90% de l’activité des drones en France concernait le secteur de l’audiovisuel, explique François Baffou, Directeur général de Bordeaux Technowest, la technopole qui organise le salon. Mais l’avenir du drone civil, c’est l’industrie: c’est ce qui va développer de l’emploi, de l’activité et du business, parce qu’on sera sur des drones qui devront aller plus loin, plus haut, et qui devront restituer de la donnée très fiable.»

Comme l’a rappelé le ministre des Transports Alain Vidalies lors de l’inauguration du salon mardi, «la SNCF a d’ores et déjà identifié l’immense potentiel des drones pour la surveillance de son réseau, mais aussi ERDF.»

«Une nouvelle naissance de l’aviation»

«On assiste à une forme de nouvelle naissance de l’aviation, particulièrement en Aquitaine», a pour sa part déclaré Alain Rousset, président de la région. «Le couplage des drones avec les satellites va ainsi permettre de traiter la vigne sans forcément qu’il y ait un pilote sur le tracteur. Parmi les nouveaux usages il y aura aussi l’intervention immédiate pour la sécurité, ou pour porter du matériel.» Relevés topographiques, surveillance des feux de forêt, missions de police… sont les autres secteurs sur lesquels les drones opèrent déjà.

>>> A Lire par ici : Pour ces nouveaux usages, les opérateurs réclament une évolution de la réglementation.

La société Lacroix, spécialiste en pyrotechnie, a présenté sur le salon son projet «First.» «Nous avons une branche spécialisée dans la modification climatique et le déclenchement d’avalanches pour sécuriser les pistes de ski, explique Nicolas Bocquillon, ingénieur d’affaires chez Lacroix. A ce jour nous le faisons manuellement ou via des avions, et l’idée de ce projet c’est de porter ces effets via un drone pour augmenter l’efficacité, diminuer le coût et les risques.»


Ce projet pourrait permettre à terme de remplacer les canons antigrêle, fréquemment utilisés dans les vignobles, par des drones. Lacroix vient d’obtenir l’autorisation de réaliser des essais sur deux zones, en montagne.

Un drone pour des scènes du film Lucy de Luc Besson

Autre secteur d’application des drones: le cinéma. Pascal Anquetil, réalisateur et spécialiste dans le trucage numérique pour le cinéma et la publicité (il a notamment travaillé sur la pub Evian avec les bébés), a monté en 2007 sa propre société de production, Athenium Films. «Passionné de modélisme, je suis venu à la prise de vue aérienne pour faire voler mes caméras et avoir des points de vue enrichis. J’ai commencé à faire des choses qui ont fait le tour du monde, comme le clip pour le groupe Phoenix où nous avons réalisé un plan séquence au château de Versailles avec la Blogothèque

Le réalisateur Pascal Anquetil avec un de ses drones:


Naturellement, il s’est orienté vers les drones à partir de 2010, et s’est installé sur le site de Bordeaux Technowest il y a quelques mois pour bénéficier de ses infrastructures. «J’ai été contacté l’année dernière par Europa Corp, la société de production de Luc Besson, pour travailler sur le film Lucy. Ce qu’il me demandait était très compliqué, puisqu’il s’agissait de voler au-dessus d’une falaise et de partir au-dessus de la mer. Cela a l’air de rien, mais avec une caméra de cinéma, et quand les conditions météo ne sont pas bonnes, cela devient très difficile.» Il a toutefois relevé le pari, et au final «nous avons fait voler un drone de 12 kilos qui embarquait une caméra de cinéma type Red Epic. Les plans étaient destinés aux effets spéciaux, ce que l’on appelle des pelures. Donc ce ne sont pas des plans que l’on voit tels qu’ils ont été tournés, mais qui ont servis aux équipes des trucages numériques.»

«Watchkeeper», le haut de gamme du drone tactique

«Le drone va révolutionner tous les secteurs», assure de son côté Pierrick Lerey, directeur de la stratégie chez Thales. Le groupe industriel présente au salon un drone «Watchkeeper», « le haut de gamme du drone tactique.»



L’armée de Terre britannique a passé une commande pour un montant d’un milliard de livres. «Aujourd’hui nous en avons déjà livré 30 et ils en ont commandé 54.» Thalès devrait répondre avec une version modifiée du «watchkeeper» au prochain appel d’offres de l’Etat français pour son système de drone tactique. Mais avec son «Fulmar» ou son «Quadcopter», Thalès répond également aux besoins du civil. «Tous ces appareils sont conçus en étroite collaboration avec des PME françaises, poursuit Pierrick Lerey. Elles sont un partenaire indispensable pour la recherche et l’innovation.»

Selon François Baffou, quelque 2.000 opérateurs pourraient se retrouver sur le marché français en 2016. Soit 6.000 drones.