Bordeaux: On pousse les murs au Grand-Parc
URBANISME•Des extensions par l'extérieur pouvant aller jusqu'à 30 m2 par logement viennent de commencer sur plusieurs immeubles du Grand-Parc...Elsa Provenzano
Une transformation de taille a débuté dans le quartier populaire du Grand-Parc. Les premiers jardins d’hiver, qui représentent des extensions de 25 à 30 m2 par logement, ont commencé à être installés sur les façades. La première phase de chantier qui concerne trois barres d’immeubles, soit 530 logements, a été inaugurée ce mercredi par le maire de Bordeaux, en présence de la présidente et du directeur d’Aquitanis, bailleur social de la communauté urbaine de Bordeaux (CUB) en charge du projet.
Les jardins d’hiver sont préfabriqués sur le site de l’entreprise GTM à Bacalan et installés à l’aide d’une grue. Des fondations ont été réalisées à 18 mètres de profondeur pour consolider les immeubles, construits sur d’anciens marais.
Un coût de 65 000 euros par logement
Ces immeubles étaient voués à la démolition mais le plan local d’urbanisme (PLU) ne permettait de reconstruire que des bâtiments de quatre étages maximum, contre 17 aujourd’hui. Il aurait donc été impossible de reloger l’ensemble des habitants du quartier sur le site. L’inscription de Bordeaux au patrimoine mondial de l’UNESCO interdit aussi la modification de l’organisation actuelle de la ville.
Aquitanis s'est tourné depuis deux ans vers un projet de rénovation qui doit redonner un second souffle au parc vieillissant de logements, construits en 1955. Le coût du chantier est de 65.000 euros par logement. «Si on considère qu’un logement neuf c’est environ 140.000 euros, cette réhabilitation est deux fois moins chère», souligne Bernard Blanc, directeur général d’Aquitanis.
Baisse de la facture énergétique annoncée
En plus d’agrandir les appartements, les jardins d’hiver vont améliorer l’isolation des logements: «La grande force c’est l’orientation plein sud et après, si on utilise bien la véranda pour régler la température, en particulier avec les rideaux thermiques, les appartements seront passifs», avance Bernard Blanc.
Deux puits géothermiques existants pourraient aussi être rouverts. «Ce sera un vrai écoquartier!», pointe le directeur d’Aquitanis.
Les habitations occupées pendant le chantier
Aucun relogement n’a été prévu dans le cadre de ce chantier et certains aménagements vont donc être réalisés pour limiter les nuisances: les entreprises ne travaillent pas au-delà de 17 h et un appartement relais est mis en place pour permettre aux habitants de venir passer quelques heures au calme. Les locataires sont nombreux à se réjouir de ce projet.
«Ce sera bien d’avoir un petit coin pour manger ouvert sur l’extérieur, on ne peut pas rester toujours enfermé! Et c’est important qu’il fasse des travaux d’isolation, on a des problèmes de chauffage», estime Françoise, 48 ans, qui habite dans une des trois premières tours concernées par les extensions. Azzedine, 73 ans, revient habiter dans ce quartier qu’il connaît bien: «C’est tout ce qu’il fallait! on pourra prendre le soleil et respirer!»
Valoriser les vues sur Bordeaux
Dans le projet architectural porté par l’agence Lacaton-Vassal, les grandes barres sont assumées et l’ambition est bien de valoriser l’intérieur des logements, au bénéfice de tous les locataires. «On va transformer les fenêtres qui donnent sur les jardins d’hiver en portes-fenêtres et tous les logements vont gagner en lumière. En plus, Bordeaux est une ville basse et à partir du 5e étage, on a des vues magnifiques sur la cité», estime Anne Lacaton, l’une des architectes du projet. Les installations électriques et les salles de bains vont également être rénovées. Et de nouveaux ascenseurs, en verre, seront installés à l’extérieur des bâtiments.
Un 17e étage va même être créé pour construire cinq maisons individuelles de 100 m2 sur chaque toit d’immeuble. «On veut que ces lofts soient des spots urbains pour changer l’image du quartier dans l’imaginaire des Bordelais», lance le directeur d’Aquitanis. Autant de modifications qui pourraient, le bailleur l’espère, attirer les jeunes ménages qui boudent ce quartier, dans lequel plus de 30 % des habitants ont plus de 65 ans.