I-share veut recruter 30.000 étudiants
CHRISTOPHE TZOURIO•Ce neurologue Bordelais coordonne une étude sur la santé des jeunes...Elsa Provenzano
L’ampleur de l’étude i-share est colossale. Elle ambitionne de suivre 30.000 étudiants sur au moins dix ans à l’aide de questionnaires en ligne, afin de mieux connaître leur santé. Menée par les universités de Bordeaux et de Versailles, elle va aussi s’intéresser à des questions scientifiques plus pointues sur des groupes ciblés. L’opération est lancée ce mardi.
Pourquoi s’intéresser aux étudiants?
Au moment où j’ai eu un poste à l’Inserm, on m’a demandé de faire un bilan de la santé publique en France et je me suis rendu compte qu’il n’y avait rien sur les sujets jeunes. Il est difficile de trouver un financement auprès des industries pharmaceutiques car les jeunes vont globalement bien. Et, nous l’avons vu lors des groupes de parole, il est difficile de les faire participer. On souhaite en mobiliser 30.000 autour i-share.
Sur quelles pathologies va-t-elle porter?
Les dépendances (alcool, tabac, cannabis), deux infections sexuellement transmissibles, les migraines, le bien-être psychique et les conduites à risque. Ce sont des problèmes très fréquents chez les jeunes et qui reposent sur des compétences dont on dispose soit ici, soit à Versailles. Les éléments recueillis vont être utiles pour piloter une politique de santé.
Comment est financée i-share?
Lauréat des investissements d’avenir, i-share bénéficie d’un financement de 8, 4 millions d’euros. Cela permet de commencer mais il nous faudra trouver plusieurs millions d’euros pour boucler le projet car certaines sous-études requièrent du matériel médical très cher (IRM cérébral, génétique etc.)
L’étude va porter par exemple sur le phénomène d’alcoolisation massive. Qu’est-ce que les scientifiques cherchent à apprendre?
Les questionnaires en ligne d’i-share vont permettre de mieux apprécier la consommation d’alcool des jeunes et de mesurer son évolution sur les dernières années. «L’idée est d’évaluer ce phénomène nouveau qu’est l’ivresse instantanée», souligne Christophe Tzourio, neurologue et instigateur principal de l’étude. Sur plus de dix ans, elle va permettre d’identifier ceux qui deviennent alocooliques. Et ce à une grande échelle, puisqu’environ 2.000 individus devraient être interrogés spécifiquement sur leur consommation. Les conséquences sur le cerveau restent aussi à explorer, sachant qu’il continue à se développer jusqu’à l’âge de 20 ans. Alors que le profil du gros consommateur était plutôt ,jusqu’il y a quelques années, le cinquantenaire alcoolo-tabagique, on manque de recul en ce qui concerne les jeunes.
Comment participer à I-share?
Le site www.i-share.fr est ouvert depuis fin février et plus de 300 étudiants s’y sont déjà inscrits. La participation, entièrement anonyme, se fait sur internet à raison de deux questionnaires de 20 minutes la première année et, d’un seul les années suivantes. La visite médicale est optionnelle.