L'Aquitaine, un vrai potentiel d'énergies marines
ETUDE•Alors que le ministère de l'Ecologie doit publier un rapport sur le potentiel d'énergies marines en France, le conseil régional a finalisé le volet en ce qui concerne l'Aquitaine. 20Minutes en publie les grandes lignes...Mickaël Bosredon
L’étude sera remise au président de la région Alain Rousset (PS) le 15 avril. «Nous sommes confiants pour qu'il s'en saisisse afin de développer rapidement de nouvelles technologies, et une véritable filière industrielle», indique Renaud Lagrave, président du Groupement d’intérêt public (GIP) littoral Aquitain. Le GIP a missionné durant plus d’un an un cabinet spécialisé pour mesurer le potentiel des énergies marines renouvelables (EMR) en Aquitaine, de la Pointe de Grave à Hendaye, et à une distance de douze milles nautiques (environ 22 km). Les estuaires et les fleuves ont également été étudiés. Actuellement, seul un projet d’hydroliennes (turbines utilisant les courants marins) au pied du pont de Pierre à Bordeaux est en cours de réalisation dans la région.
«Concernant les hydroliennes, nous avons identifié d’autres zones potentielles, analyse Renaud Lagrave, comme sur l’Adour près de Bayonne.» L’estuaire de la Gironde, sur la Garonne jusqu’à Bègles et sur la Dordogne jusqu’à Saint-Loubès, fait également partie des sites potentiels, tout comme les passes nord et sud du bassin d’Arcachon. Le potentiel théorique de cette énergie dans la région est de 100 MW. A titre de comparaison, la puissance énergétique potentielle d’une éolienne se situe se situe entre 1 et 3 MW, de quelques dizaines de MW pour une centrale solaire, et d’environ 1.000 MW pour un réacteur nucléaire.
Un potentiel de 5.500 MW pour l’énergie houlomotrice
D’autres projets sont actuellement au stade de l’étude dans la région. Ainsi, la Communauté de Communes de Bourg-en-Gironde a lancé début 2012 une étude de faisabilité pour un projet d’installation d’une technologie hydrolienne au niveau du Bec d’Ambès. Les études préliminaires s’étant révélées concluantes, il est prévu de poursuivre en vue d’un développement industriel sur la zone proche du Bec d'Ambès, à Bayon, pour un parc hydrolien.
Sur le front des énergies houlomotrices (qui utilisent les vagues), la puissance potentielle est de plus de 5. 500 MW, sur une zone allant de Lège-Cap-Ferret à la frontière espagnole. «Nous avons notamment identifié des zones au large de Mimizan» détaille Renaud Lagrave. Les distances à la côte sont variables, allant de 15km pour la Gironde sud et les Landes nord, à 5km au niveau du Gouf de Capbreton, puis à 10km dans les Pyrénées Atlantiques. Mais de fortes contraintes, liées à la présence de cétacés au Gouf de Capbreton, apparaissent.
Une bouée houlomotrice fonctionnant à l’aide d’un «système oscillant» récupérant le mouvement de la houle qui sera transformé en électricité, est actuellement à l’étude. Un «démonstrateur » a été installé en mer à 2 km au large du wharf de la Salie le 19 juin 2012. Il est envisagé dans un second temps de réaliser des tests en reliant le système au réseau ERDF.
De nombreux obstacles pour l’éolien en mer
Concernant l’éolien posé en mer, le potentiel est de 450 MW sur un espace de 50 km2, à 10km du littoral nord girondin, au niveau de la partie située entre l’estuaire de la Gironde et le nord du Bassin d’Arcachon. Le gisement éolien flottant apparaît, lui, localisé dans la zone au large située entre Montalivet-les-Bains et Biscarosse-Plage.
«Tous les obstacles potentiels, et le coût de chaque énergie, ont été listés», insiste Renaud Lagrave. En effet, selon les technologies déployées, un certain nombre d’impacts peuvent apparaître, constituant une possible incidence négative sur l’environnement. A titre d’exemple, pour ce qui est de l’éolien posé (qui présente une zone de potentiel limitée mais réelle au large de l’estuaire de la Gironde), «il conviendrait de s’assurer du respect des mouvements quotidiens et migratoires des oiseaux marins, ou encore de tenir compte par exemple de la nécessaire intégration paysagère» souligne l’étude. Le centre d’essai des Landes à Biscarosse, qui s’étend sur 25 km de long, est également un obstacle à l’implantation de nouvelles technologies en mer.
Le ministère de l’Ecologie doit publier, ce lundi, une étude sur le potentiel de la filière française des énergies marines et sa capacité à déboucher sur une exploitation commerciale et industrielle à moyen terme.