Le bio en Aquitaine se sent pousser des ailes
AGRICULTURE•La filière souhaite intégrer les grands réseaux de distribution pour évoluer...Mickaël Bosredon
La culture bio en Aquitaine se porte bien, mais s’interroge sur son avenir. Les professionnels de la filière s’étaient donné rendez-vous mercredi à la chambre régionale d’agriculture de Bordeaux. S’ils restent confiants quant à l’avenir de ce mode de culture, ils s’interrogent sur le modèle économique à mettre en place.
Les aides à la conversion seront un élément «déterminants» pour l’avenir, ont-ils souligné, car «la conversion n’est rentable qu’au bout de trois à cinq ans» a rappelé Dominique Graciet, président de la chambre régionale.
«Structurer la filière»
Si la vente directe «reste le marché le plus porteur pour le bio», estime Hugues Bonnefond, agriculteur et éleveur bio, la filière doit dorénavant intégrer des réseaux de distribution plus vaste. Il faut voir avec nos élus quel est notre potentiel face à la restauration collective, et voir comment nous pouvons nous organiser face à la grande distribution, pour maintenir nos produits locaux». L’exemple en Dordogne d’une société coopérative d’intérêt collectif, «Mangeons 24», créée en 2011 et qui regroupe une trentaine de producteurs pour approvisionner plusieurs écoles primaires de l’agglomération de Sarlat, semble l’exemple à suivre pour la filière.
Guillaume Vlemmings, maraîcher bio dans le Lot-et-Garonne, confirme qu’il faut «se structurer face à la demande.» Il a monté dès 2002 un groupement qui est passé en dix ans de treize à soixante-dix producteurs, et brasse maintenant 4.000 tonnes de fruits et légumes par an, «uniquement du sud-ouest.» «Nous nous adaptons à la demande, et nous achetons la marchandise uniquement sur planification.» S’il est confiant quant à l’avenir du bio, il pense néanmoins que «si les producteurs s’aventurent seuls sur le marché, cela risque de tirer les prix vers le bas.»
La filière viticole en forte progression
Quatrième région de France en nombre d’exploitations, l’Aquitaine a multiplié par deux ces cinq dernières années ses superficies labellisées bio. Celles-ci occupent désormais 4% de l’ensemble de la superficie agricole de la région. «Le chiffre d’affaire du bio est passé de 40 millions d’euros en 2002, à 300 millions fin 2012» souligne Philippe Lassalle Saint-Jean, président de l’association Arbio, qui compte 1 700 producteurs membres. «Mis à part 30% de produits exotiques, non réalisables dans notre région, toutes les autres productions peuvent basculer en bio» insiste le président d’Arbio.
La filière viticole n’est pas en reste. En 2010, 5% des surfaces de la région étaient certifiées bio, et l’objectif de 6% pour fin 2012 devrait être atteint. Un premier grand clu classé, château guiraud, dans les Sauternes, a même reçu sa labellisation en 2012. La Gironde concentre les trois quarts des surfaces recensées. Selon une étude de la direction régionale de l’agriculture, un peu plus de 6% des vignerons traditionnels envisagent une conversion.