Monflanquin: Une famille entière manipulée

Il s’était fait passer pour un attaché d’une fondation québécoise qui servait des intérêtes humanitaires, puis pour un agent secret servant pour le compte de l’Otan. Thierry Tilly, 48 ans, principal prévenu dans le procès dit des «reclus de Monflanquin», qui s’ouvre ce lundi devant le tribunal correctionnel de Bordeaux, aurait usé de stratagèmes sophistiqués pour mettre sous sa coupe une famille entière de riches aristocrates girondins, les Védrines, et les spolier de leurs biens entre 2001 et 2009, soit plus de 4,5 millions d’euros.

Décrit comme un véritable «gourou»

Poursuivi, entre autres, pour «abus de faiblesse», Thierry Tilly est aujourd’hui décrit comme un véritable «gourou», qui aurait poussé les onze membres de la famille à se cloîtrer dans leurs propriétés familiales du Lot-et-Garonne, notamment à Monflanquin. Embauché par Ghislaine de Védrines en 1997, il aurait peu à peu exercé une influence sur la famille entière, et leur aurait fait avaler d’énormes mensonges, par exemple qu’un complot se fomentait pour les faire disparaître, et qu’ils devaient renouer avec une société secrète, qui en fait servait à les piller de leur fortune.

L’affaire a pris un tour encore plus machiavélique en 2008. Un an plus tôt la famille s’était exilée à Oxford, en Angleterre. C’est là que Christine de Védrines a été séquestrée durant une semaine, privée de sommeil, de nourriture, obligée de rester assise sur un tabouret, pour qu’elle avoue l’endroit où se trouvait un supposé trésor de famille. Cet épisode a été le point de départ de la chute du système mis en place par Tilly. Christine de Védrines décide de rentrer en France en 2009, dénonce les sévices qu’elle a subi. La justice est saisie, et une équipe de secours s’envole pour Oxford, pour convaincre les membres de la famille restés sur place de regagner la France. A Bordeaux une cellule d’urgence est mise en place à l’hôpital Charles-Perrens, spécialisé dans les troubles psychiatriques.

L'argent détourné était ponctionné par Jacques Gonzalez, le mentor de Tilly

L’argent détourné a été placé sur divers comptes, régulièrement ponctionnés par Jacques Gonzalez, 65 ans, l’autre prévenu de ce procès. Président de la fameuse « fondation québécoise », Gonzalez serait une sorte de «mentor» pour Tilly. Les deux hommes continuent de nier avoir spolier les Védrines. Le tribunal a deux semaines pour faire la lumière sur cette affaire de manipulation mentale.