Essai Renault Symbioz : Le Scénic « non-électrique »
Auto•Puisque le Scénic est maintenant électrique, et que Renault préfère utiliser des noms différents pour chaque type de motorisation, le nouveau véhicule familial moyen de la gamme a dû se trouver un nouveau patronyme. Ce sera SymbiozStéphane Lémeret
Le monde a bien changé. Il n’y a pas si longtemps, la voiture « classique » était omnipotente, et la voiture électrique en marge. Donc, dans une conversation, pour situer un modèle, on pouvait dire « c’est la machin-chose électrique, tu vois ? ». Exemple : la Zoé, c’était la Clio électrique. Aujourd’hui, bien qu’elle soit toujours à la marge commercialement parlant, la voiture électrique est la star du show ! Et voilà qu’elle a attiré à elle l’un des noms les plus connus de l’automobile : Renault Scénic. Or, chez Renault, on ne mélange pas les torchons et les serviettes. A l’exception notable de la Mégane (pour le moment), on ne retrouve pas un même nom des deux côtés de la clôture électrifiée. Voilà donc pourquoi le Symbioz est le Symbioz, et non le « Scénic hybride ».
Soit dit en passant, le constructeur coupe court à une de nos critiques récurrentes : cette manie de prolonger la vie d’un nom qu’on associe à certaines caractéristiques (Twingo, Scénic, Espace), sur des véhicules qui n’ont plus rien à voir. Là, Renault repart de zéro, et le Symbioz peut tranquillement faire sa place sans vivre dans l’ombre d’un illustre prédécesseur. A notre avis, c’est une excellente chose !
Presque pareils
N’empêche, le Symbioz peut facilement être décrit comme une version non-électrique du Scénic, tant les similitudes sont nombreuses. Par exemple, 4,41 mètres de long pour le premier, soit à peine 5 cm de moins que le second. Le même langage esthétique, évidemment. Le même genre de silhouette haute et carrée, le même concept familial… Il est même assez facile de confondre les deux modèles, à moins de les voir côte à côte, ce qui met en évidence les caractéristiques « typiquement électriques » du Scénic, comme un empattement sensiblement plus long, et des poignées de portes rétractables, optimisation de l’aérodynamisme oblige.
C’est quand on passe à bord qu’on comprend que le Symbioz n’est pas le Scénic. D’abord parce que son empattement plus compact a forcément une incidence sur l’habitabilité. Clairement, on est un peu plus à l’étroit dans le Symbioz, qui reste toutefois plutôt spacieux pour sa catégorie, et n’aura aucun mal à faire passer d’agréables voyages à une petite famille de 4 ou 5 personnes. Quant au coffre, il varie de 492 à plus de 600 litres, grâce à une banquette coulissante.
Univers Captur
Dernier point commun avec le Scénic : le toit panoramique optionnel, dont chaque moitié peut indépendamment passer du transparent à l’opaque d’une pression sur un bouton, grâce à son traitement électrochromatique.
Aux places avant, c’est plutôt l’univers du Renault Captur qu’on retrouve, puisque la planche de bord est rigoureusement identique. On retrouve donc deux écrans, l’un pour l’instrumentation, l’autre, vertical, pour le multimédia basé sur Google Automotive, avec tout ce que cela comprend d’intuitivité et de flexibilité. Ces écrans ne sont pas élégamment intégrés dans un panneau noir brillant, très flatteur à l’œil, comme c’est le cas dans les modèles plus haut de gamme de la marque. La présentation est plus simple, et pour cause, puisque le Symbioz a pour ambition de toucher un public large, avec un prix d’attaque plutôt attractif : 32.000 euros de base. Jusque-là, tout va bien, mais il reste à aborder le chapitre mécanique.
Faut pas pousser !
C’est du Captur là aussi, puisque le Symbioz utilise la même plateforme, et la même mécanique hybride. On retrouve donc le moteur essence 1,6 litre, associé à un moteur électrique, et à la fameuse boîte auto dite « multimode ». Or, décidément, cette Multimode est toujours la raison du « oui mais » de nos essais de Renault hybride. Commençons par le positif. En conduite quotidienne, que ce soit en ville ou en dehors, avec un style « coulé », cette boîte est vraiment très agréable. Si douce dans ses actions qu’elle en est quasiment imperceptible. Par ailleurs, dans tous les cas de figure, elle fait parfaitement ce qu’on attend d’elle par-dessus tout : optimiser la consommation. On se balade sans peine entre 4 et 5 l/100 km de moyenne, et si l’envie vous prend de jouer à l’éco-run, chiche que, si tout se met bien, vous passez sous les 4 litres.
Ce tableau serait sans nuage si on était au volant d’une auto quelconque, une de ces voitures dont le châssis est sans grand intérêt. Mais là, c’est Renault. Et Renault sait faire des châssis. En l’occurrence, on a le même problème que, récemment, dans l’Espace et le Rafale : un véhicule qui adore les virages, qui donne envie de s’amuser sur une petite route, mais qui a plus de châssis que de moteur. Ce n’est pas tant les performances pures qui sont en cause. C’est la boîte multimode, apparemment si intrinsèquement complexe qu’elle est perdue dès qu’on la titille. En clair, quand on conduit plus sportivement, qu’on écrase le pied droit pour une sortie de virage ou un dépassement, il peut véritablement se passer une grosse seconde (ou plus) avant que la boîte rétrograde et que la voiture retrouve un peu d’énergie.
Bref, faut pas trop pousser Symbioz, dont il est clair que la vocation est « l’éco-confort ». Quand on a compris ça, il est difficile de trouver à redire. Merci à Renault de se rappeler que l’électrique n’est pas encore la panacée, et de proposer un véhicule plutôt agréable à regarder, plutôt généreux à tout point de vue (ou presque), et au final franchement compétitif. Et on pardonne la boîte auto !