UE : Dès vendredi, une taxe supplémentaire allant jusqu’à 38 % va s’appliquer sur les véhicules électriques chinois
coup de frein•Bruxelles cherche à protéger son industrie face à une concurrence jugée déloyale de la filière automobile chinoise20 Minutes avec AFP
Les prix des véhicules électriques chinois importés dans l’Union européenne, vont-ils subir une flambée de leur prix dès vendredi ? Comme annoncé le 12 juin, l’Union européenne vient d’imposer à titre conservatoire jusqu’à 38 % de droits de douane supplémentaires sur les importations de véhicules électriques chinois, avant une décision définitive en novembre, accusant Pékin d’avoir illégalement subventionné ses constructeurs.
Ces nouveaux droits de douane dits « compensateurs », qui s’ajoutent aux taxes de 10 % déjà appliquées par l’Union européenne aux véhicules fabriqués dans les usines en Chine, entrent en vigueur à partir de vendredi.
Mais, « à ce stade, NIO maintient les prix de ses modèles actuels sur ses marchés européens, a affirmé la compagnie. Toutefois, il n'est pas exclu que les prix soient ajustés ultérieurement en raison de l'imposition de ces droits de douane ». « Nous trouverons des moyens de minimiser l'impact sur les consommateurs » européens a assuré de son côté le constructeur Xpeng.
Pékin dénonce « un comportement purement protectionniste » des Européens
A l’issue d’une vaste enquête antisubventions entamée en octobre 2023, Bruxelles avait annoncé ces nouveaux droits le 12 juin, tout en lançant des discussions avec Pékin pour tenter de résoudre les problèmes identifiés et de désamorcer les risques de guerre commerciale. L’exécutif européen a désormais jusqu’à quatre mois pour décider d’imposer des droits définitifs, ce qui laisse ouverte une fenêtre de dialogue avec la Chine. Ces droits définitifs seraient valables cinq ans.
Sur la base de son enquête, Bruxelles estime que le secteur des véhicules à batterie électrique en Chine « bénéficie de subventions déloyales, ce qui constitue une menace de préjudice économique pour les producteurs européens ».
Droits compensateurs
Bruxelles imposera des droits compensateurs de 17 % au fabricant chinois BYD, de 19,9 % à Geely et 37,6 % à SAIC – des montants différents selon les niveaux de subventions publiques perçues. Par rapport aux niveaux annoncés le 12 juin, ces droits provisoires ont été légèrement abaissés, sur la base des observations soumises par les entreprises ciblées. Les autres constructeurs seront soumis à un droit supplémentaire moyen de 21 % s’ils ont coopéré à l’enquête ou de 37,6 % dans le cas contraire.
Après l’annonce du 12 juin, Pékin avait immédiatement dénoncé « un comportement purement protectionniste » des Européens, menaçant de « prendre toutes les mesures pour défendre fermement ses droits légitimes ».
Éviter un conflit mortifère avec la Chine
« Les consultations avec le gouvernement chinois se sont intensifiées ces dernières semaines », avec notamment des échanges entre le commissaire européen Valdis Dombrovskis et le ministre chinois du Commerce Wang Wentao, explique cependant la Commission dans un communiqué. « Des contacts se poursuivent au niveau technique en vue de parvenir à une solution (…) qui réponde de manière adéquate aux préoccupations de l’UE », insiste-t-elle.
L’Allemagne, très engagée en Chine, avait bataillé avec la Suède et la Hongrie pour éviter des sanctions dans ce dossier, craignant des représailles – à l’unisson des inquiétudes des constructeurs automobiles allemands Audi, BMW, Mercedes et Volkswagen qui réalisent près de 40 % de leurs ventes mondiales en Chine.
Des mesures proportionnées
La France et l’Espagne ont au contraire poussé pour des mesures proportionnées. Ces droits « compensateurs » permettront de freiner les importations de véhicules électriques chinois sans les bloquer complètement, selon l’UE, qui affirme se conformer aux règles de l’Organisation mondiale du commerce (OMC). Elle espère ainsi protéger une filière qui emploie 14,6 millions de salariés dans l’UE tout en évitant un conflit mortifère avec son deuxième partenaire économique derrière les Etats-Unis.
Déferlante annoncée des modèles chinois
Championne des moteurs essence et diesel, l’industrie automobile européenne craint de voir ses usines disparaître si elle échoue à endiguer la déferlante annoncée des modèles chinois qui ont une longueur d’avance dans l’électrique.
Les véhicules électriques venant de Chine représentent près de 22 % du marché européen, contre près de 3 % il y a trois ans, selon les estimations du secteur. Les marques chinoises comptent pour 8 % des véhicules électriques vendus dans l’UE. Bruxelles emboîte ainsi le pas aux Etats-Unis, qui avaient annoncé mi-mai une hausse des droits de douane sur les véhicules électriques chinois à 100 %, contre 25 % précédemment.
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