On en parle avec Karine Paulini de chez Sonatus, société de logiciels qui s’est récemment implantée à Paris, sans oublier d’aborder la cybercriminalité, de plus en plus présente dans le secteur auto.

Année après année, la voiture se fait une place de plus en plus large au Consumer Electronics Show (CES) de Las Vegas. Rien de surprenant quand on sait que la voiture embarque de plus en plus d’électronique… Parmi les experts du logiciel automobile, la société Sonatus s’est récemment implantée à Paris, et a recruter Karine Paulini, ex-Renault entre-autres, maintenant directrice du développement des affaires chez Sonatus pour l’EMEA (Europe, Moyen-Orient, Afrique).

Quel atout principal amène Sonatus à ses clients, parmi lesquels on trouve le groupe Hyundai ?

Le SDV, pour Software-Defined Vehicle ou véhicule défini par logiciel en français. Ca permet de faire évoluer la voiture durant son cycle de vie, après la vente. Aujourd’hui, le plus souvent, les fonctions d’un véhicule neuf acheté en concession n’évoluent pas. Le véhicule est figé. Mais grâce à nos solutions, on peut adapter le véhicule aux besoins de l’utilisateur qui varient souvent avec le temps. Je vais vous donner un exemple concret. Lorsqu’il commence à pleuvoir, il est devenu commun que les essuie-glaces se déclenchent automatiquement sur la majorité des voitures. À cela, nous pourrions ajouter une autre fonction pour les clients qui le souhaitent : par exemple, la fermeture automatique des vitres latérales lorsque les essuie-glaces s’enclenchent. Nos logiciels permettent de délivrer de nouvelles fonctionnalités selon les envies du client, à distance, en temps réel. En résumé, le SDV permet d’améliorer l’expérience utilisateur. Le véhicule pourra s’adapter au mode de vie. En France, l’âge moyen d’une voiture est de 12 ans. C’est donc intéressant de pouvoir la modifier ou l’améliorer avec de nouvelles fonctions.

On entend de plus en plus parler de fonctions sur abonnement. Par exemple, les sièges chauffants, chez BMW. Vos solutions permettent-elles de débloquer ce type de fonctionnalité ?

Oui, tout à fait. Avec nos logiciels, nos clients constructeurs peuvent débloquer à distance toute une série de fonctions visant à améliorer l’expérience de l’utilisateur final, dont les besoins peuvent évoluer. Mais nous aidons également les constructeurs et les équipementiers en leur proposant des mises à jour légères de nos logiciels. Je m’explique : grâce aux logiciels Sonatus, l’ajout d’une fonction ou l’autre n’exige pas de devoir réécrire du code de développement pour modifier le logiciel. Bref, c’est moins couteux, plus rapide et donc plus efficace.

Selon vous, le déblocage sur abonnement des fonctions d’une voiture a donc un bel avenir ?

Bien sûr ! Mais nos solutions ne sont pas seulement liées à des fonctions de confort. Elles permettent également d’améliorer la sécurité du véhicule.

Justement, que proposez-vous face à la cybercriminalité grandissante, dans des véhicules de plus en plus connectés ?

Nos produits permettent de détecter très rapidement une intrusion dans le système électronique du véhicule. Dès lors, quasiment en temps réel, nous pouvons reconfigurer le système afin qu’il ne soit plus sous contrôle d’une personne malveillante. Ce sujet est prioritaire mais il est aussi très vaste et évolue tous les jours. Car les attaques sont très variées. Heureusement, les experts en cybersécurité sont de plus en plus nombreux et très compétents.

En période de pénurie de semi-conducteurs, quelle était votre méthode pour aider vos clients constructeurs automobiles ?

Aujourd’hui, une voiture comprend entre 30 et 100 ECU (unités de commande électroniques, NDLR). Ce chiffre varie selon la complexité du véhicule. L’enjeu, pour chaque constructeur, est de diminuer ce nombre d’ECU à 10 en moyenne. Chez Sonatus, nous travaillons donc pour renforcer les ECU afin qu’ils soient plus puissants. En réduisant le nombre d’ECU, on réduit également le nombre de câblages et donc le poids du véhicule.

La tendance actuelle va vers la location ou le véhicule partagé. On possède de moins en moins sa voiture. Cette tendance ne vous fait pas peur ?

Non, car la tendance que vous décrivez se ressent surtout en ville et pour une tranche d’âge assez jeune, entre 20 et 30 ans. Dès qu’on sort des grandes agglomérations, une voiture restera toujours, selon nous, très importante pour se déplacer.