Que faire de son argent si on a la chance de devenir riche rapidement ?

Les jeux télévisés divertissent des millions de téléspectateurs en permettant à des citoyens lambda de tester leurs connaissances dans l’espoir de remporter le gros lot. Si les très grands gagnants sont peu nombreux, on se souvient par exemple de Marie qui a empoché 1 million d’euros grâce à Qui veut gagner des millions en 2004 sur TF1, de Claude qui a obtenu 620.000 € dans À prendre ou à laisser également sur la première chaîne en 2004, ou de Margaux qui a gagné 530.000 € dans N’oubliez pas les paroles sur France 2 en 2020. Et en 2021, c’est Bruno Hourcade qui a battu tous les records de l’émission de culture générale Les 12 coups de midi en restant neuf mois à l’antenne, ce qui lui a permis de cumuler plus d’un million d’euros de gains. Une expérience folle qu’il raconte dans Moi, millionnaire ?, récemment publié chez Hors Collection. On l’a interrogé sur cette ascension éclair.

Quelle question vous a fait passer le cap du million ?

Il s’agissait de savoir de quelle actrice s’étaient inspirés Uderzo et Goscinny pour dessiner Cléopâtre dans la BD Astérix. Je ne connaissais pas la réponse mais j’ai mentionné Elizabeth Taylor en pensant au film dans lequel elle a incarné le personnage en 1963. Et c’était bien elle ! Cette question visait en réalité à gagner 5.000 € mais ma cagnotte accumulée au fil des mois était déjà de 997.097 €, ce qui m’a permis de dépasser ce palier symbolique du million d’euros.

Gagner autant d’argent si vite, ça doit faire tourner la tête ?

Pas tant que ça parce qu’on gagne « un peu » tous les jours puisqu’on tourne en général vingt émissions par semaine, et ce, sur trois semaines d’affilée, avant de faire une pause d’environ deux mois. Même si les gains peuvent atteindre 15.000 € au cours d’un numéro et qu’on est évidemment ravi, il n’y a pas l’effet de sidération qu’on peut avoir en empochant d’un coup 1 million d’euros au Loto par exemple. D’autant plus qu’on est payé au moment de la diffusion du programme qui a lieu plus tard. C’est presque comme si on percevait un salaire tous les mois tant qu’on est dans la compétition.
Je profitais des pauses entre les tournages pour prendre rendez-vous avec ma banquière et placer les sommes gagnées au fur et à mesure. Je n’ai donc jamais eu 1 million d’euros sur mon compte.

Vous avez placé tout votre argent de façon consciencieuse ?

C’est ça, je n’ai fait aucune grosse folie avec mes gains. Je suis plutôt ce qu’on appelle dans le milieu financier « un bon père de famille », même si je n’ai pas d’enfant (rires). Ma logique à la fin de chaque session de tournage était de diviser ce que j’avais empoché par mon salaire de l’époque afin de réaliser ce que cela représentait. Au terme de la compétition, j’avais encaissé plus que ce que j’aurai pu toucher dans toute ma carrière avec le niveau de rémunération de mon emploi de l’époque au sein de la régie publicitaire de la chaîne Eurosport.
Mon objectif n’était donc pas de tenter de multiplier davantage ces gains à travers des placements risqués, mais surtout de faire en sorte de ne pas les perdre. C’est la raison pour laquelle j’ai mis une part importante de cet argent sur des assurances-vie indexées sur des indices non risqués qui rapportent peu mais de façon sûre, et que j’ai également effectué des investissements locatifs qui m’offrent des rentes mensuelles.

Quel conseil donneriez-vous à quelqu’un devenu riche rapidement ?

Bien entendu, tout dépend de la situation et des projets de chacun. Mais je pense que le principal conseil c’est de prendre le temps de la réflexion et ne pas se précipiter, ne pas agir sur un coup de tête, afin de savoir ce qu’on veut et dans quoi l’on s’engage en connaissance de cause. Est-ce que le but c’est de prendre des risques, lancer un business et essayer de faire fructifier ses gains ou plutôt de les protéger ? Il est essentiel de bien se renseigner en s’adressant à des professionnels, comme un conseiller bancaire. Et puis, il faut tout de même sécuriser une partie de cette somme pour ne pas tout perdre dans le pire des cas.

Vous travaillez aujourd’hui ?

Il y a eu un plan de sauvegarde de l’emploi au sein d’Eurosport pendant que je participais aux 12 coups de midi et j’ai été licencié un peu avant la fin de la compétition. Ça s’est plutôt bien goupillé. J’ai quitté Paris pour retourner dans le Sud-Ouest, d'où je suis originaire, et réaliser ces investissements locatifs. Je n’ai pas vraiment retravaillé depuis, hormis quelques CDD et l’écriture de mon livre.
C’est compliqué de revenir dans un schéma professionnel traditionnel, alors que j’ai goûté à une liberté totale de mouvement. J’ai 33 ans et je n’ai pas envie de passer les cinquante prochaines années à ne rien faire, mais je ne me reverrais pas dans un emploi de bureau. Je dois trouver ma voie. Le vrai luxe que m’a apporté l’émission c’est que je me laisse vivre. Si une super opportunité se présente, ce sera avec plaisir et sinon ce sera pour plus tard.