M6 : Quand les stars des « Traîtres » tremblent pour leur image
TELEVISION•Si la plupart des personnalités sont amusées à l’idée de jouer les « traîtres » dans le jeu de M6, dont la saison 3 est diffusée tous les jeudis, pour certaines, la crainte que cela écorne leur image publique est bien présente…Fabien Randanne
L'essentiel
- La saison 3 des « Traîtres » est en cours de diffusion sur M6. De nouveaux épisodes sont au programme ce jeudi dès 21h10.
- Pour certaines personnalités qui y participent, être choisie pour être « traître » est une source d’inquiétude. Comme l’explique l’animateur Eric Antoine, les créateurs de contenus sont particulièrement sensibles à leur image. Et ont peur, s’ils sont traîtres, de s’aliéner une partie de leur communauté.
- « J’ai eu des gros questionnements d’identité et de conscience, confie l’influenceuse Sally, désignée ''traître'' lors du premier épisode. J’ai ressenti une tension intérieure où je me disais que je faisais quelque chose de mal, de pas aligné avec mes valeurs. »
Sylvie Tellier ne voulait surtout pas être traître. « Même si l’idée m’amusait, j’avais peur de la perception du public. Les gens sont parfois premier degré. Avec mon passif où ils n’ont vu de moi que la directrice de Miss France qui est là pour faire respecter un règlement, des horaires, faire des rappels à l’ordre… Les téléspectateurs auraient-ils eu suffisamment de distance pour voir que je jouais un rôle ? », se demandait-elle, mi-juin, lors de la conférence de presse.
Une fois arrivée sur le tournage de la saison 3 des « Traîtres », elle a pu souffler : comme l’ont découvert les fidèles du jeu de M6 dans les premiers épisodes diffusés jeudi dernier, la production l’a laissée dans le camp des loyaux. Celle qui a publié son autobiographie, Couronne et préjugés, au printemps, était l’une des rares personnalités du casting – avec Valérie Trierweiler, Bruno Solo et Laurent Ruquier – qui ne rêvait pas d’être désignée comme « traître ».
« Sally a terriblement souffert de la cape »
La chanteuse Carla Lazzari, elle, aurait adoré. « J’ai une image de petite fille toute gentille. Je me disais que, pour une fois ça, pouvait être cool d’être à l’opposé et d’apparaître comme moins lisse », explique celle qui a représenté la France à l’Eurovision Junior 2019 avec la chanson Bim Bam Toi. Les candidates et candidats n’ont pas le même rapport au public et donc approchent différemment la gestion de leur image.
« Tous ceux qui sont très présents sur les réseaux sociaux et dont la carrière dépend directement de ces plateformes sont souvent plus vulnérables à la question d’image », souligne l’animateur Eric Antoine.
Les créateurs de contenus sont ainsi particulièrement exposés à ces coups de flip. L’une d’elles, Sally, a cependant été choisie dès le début de la saison pour rejoindre le clan des traîtres. « Elle a terriblement souffert de la cape. Elle s’est dit : "Moi qui suis une justicière au quotidien et qui vit sur le fait d’être la plus éthique, la plus droite… Qu’est-ce que les gens vont penser de moi ?" », raconte Eric Antoine.
« Je me disais que je faisais quelque chose de mal »
« J’ai eu des gros questionnements d’identité et de conscience, confirme la principale intéressée. Cela m’a appris des choses sur moi : à quel point je tolère le fait de mentir aux autres et à moi-même. Avant le jeu, je me disais "peu importe que je sois loyale ou traître". Pendant le tournage, j’ai ressenti une tension intérieure où je me disais que je faisais quelque chose de mal, de pas aligné avec mes valeurs. » Et, in fine, la peur d’être (mal) jugée par ses followers.
Le journaliste Azzeddine Ahmed-Chaouch se veut rassurant. « On a vu lors des saisons précédentes que ceux qui ont été traîtres n’ont pas été blacklistés ou cancel dans leur vie professionnelle. Au contraire. » Lors des deux premières éditions, les traîtres ont triomphé, et ceux qui se sont imposés ont partagé la cagnotte avec leurs acolytes qui ont reversé leur part aux associations pour lesquelles ils participaient. La morale était sauve.
« A quel point est-on capable de tordre notre image ? »
Pour Juju Fitcas, traître victorieuse l’an passé, l’expérience a été, sur le moment, particulièrement difficile à vivre. « J’ai souvent pensé abandonner. Dix jours en étant "traître", c’est très lourd à porter. Tu dois faire des choses qui ne te ressemblent pas, que tu ne fais pas dans la vie de tous les jours, qui vont à l’encontre potentiellement de tes principes et de ce que tu es », nous déclarait-elle en fin de saison.
Le public ne lui en a pas tenu rigueur pour autant. Mieux : téléspectatrices et téléspectateurs ont été nombreux à être bluffés par son sens de la comédie et de la stratégie. M6 compte d’ailleurs sur sa popularité : la chaîne lui a confié l’animation de l’émission en deuxième partie de soirée.
« Nous sommes très bienveillants, insiste Eric Antoine. Il n’y a pas une personne qui ressort du tournage avec une image différente de ce qu’elle est fondamentalement. Ce que propose ce jeu, c’est de réfléchir à la question "A quel point est-on capable de tordre notre image ?" ». Et de poser ensuite la question rhétorique qui devrait, selon lui, s’imposer aux participants : « Qu’est-ce qu’on en a à foutre de ce que pensent les gens ? »