Sur « Lego Masters », le temps et la lumière, c’est galère
POUR CENT BRIQUES t’AS PLUS RIEN•Alors que la quatrième saison de « Lego Masters » est lancée ce lundi soir sur M6, « 20 Minutes » s'est penché sur ce que vous ne voyez pas à la télévision : la difficulté à gérer le temps et l’importance de la lumière dans l’émissionFabien Randanne
L'essentiel
- La saison 4 de « Lego Masters » est lancée ce lundi 25 décembre, à 21h10, sur M6.
- L’émission nécessite une durée de tournage très longue au regard des standards télévisuels actuels. La saison 3 a été tournée pendant six semaines, pour quatre soirées de diffusion.
- Le public ignore également qu’il faut beaucoup de temps pour tourner les « beauties », les images valorisant les créations des candidats. Pour une épreuve, avec tous les binômes en lice, cela peut exiger une journée entière.
A « Lego Masters », le rapport temps/efficacité est déséquilibré. « L’an passé, on a tourné durant six semaines pour quatre prime time, cela n’existe nulle part ailleurs », souligne l’animateur Eric Antoine. La quatrième saison, lancée ce lundi à 21h10 sur M6, n’a pas été plus économe en heures dépensées.
« Pour chaque épreuve, les candidats ont entre dix et quatorze heures de construction. Il faut donc compter entre une journée et demie et deux jours de tournage », détaille Edouard Charuit, producteur artistique chez EndemolShine. « La durée impartie est définie sur la base de ce qu’un professionnel comme moi pourrait faire en un temps donné, explique Georg Schmitt, juré de l’émission et un des quatorze certifiés Lego au monde. A cela, on ajoute un certain pourcentage de temps parce que les binômes doivent chercher les pièces, faire leur choix parmi 12.000 références et une trentaine de couleurs, répondre aux interviews... Donc, généralement, on double la durée envisagée au départ. »
« Psychologiquement, c’est très particulier »
Pour les participants, habitués à prendre leur temps chez eux pour laisser libre cours à leur imagination dans les constructions, cela peut être déstabilisant. « Au niveau des demi-finales, ils peuvent avoir jusqu’à 25 heures pour réaliser l’épreuve. Psychologiquement, c’est très particulier. Il y a une notion de marathon assez compliquée à gérer, souligne Edouard Charuit. Au début, ils s’émoustillent, ils ont l’idée et ils partent bille en tête. Mais au bout d’un moment, ils se disent "Il manque de ci, il manque de ça" ou carrément "Ça ne marche pas ". A la fin, ils sont rincés. »
S’il est une chose dont les fidèles de l’émission ne se doutent pas, c’est assurément le temps nécessaire pour filmer les œuvres une fois qu’elles sont réalisées. « Quand ils sont huit binômes, pour une seule épreuve, cela prend une journée de tournage à part entière, révèle le producteur. Toutes les histoires auxquelles les candidats ont pensé dans leur création, on doit les montrer. Par exemple, la princesse qui essaye de s’échapper du château pendant que, au loin, des assaillants arrivent, il faut le donner à voir. »
La mise en valeur des créations, ça prend du temps
Ces images, dans le jargon télévisuel, on les appelle les « beauties », c’est-à-dire, la mise en valeur des créations. « Cela nécessite une lumière et des caméras bien spécifiques car il faut effectuer des prises de vues à travers les constructions, qui sont fragiles, et il faut qu’on puisse plonger dedans. Il y a là un boulot énorme, insiste Georg Schmitt. J’ai travaillé sur plusieurs adaptations de "Lego Masters" dans le monde, en Finlande, en Espagne, en Norvège, en Allemagne… La France est clairement le pays qui dépense le plus de temps de tournage sur les beauties des constructions des candidats. »
« La mise en beauté via la lumière fait sens pour valoriser le travail et les idées des binômes. C’est un passage essentiel car c’est là que tout se raconte, que tout prend sens », rappelle l’illustratrice Aveline Stokart, l’autre jurée.
Le sujet n’est tellement pas pris à la légère que le jury intervient parfois pour influencer le processus créatif des candidats. « Quand ils construisent, on les observe et on essaye de leur suggérer d’utiliser une couleur plutôt qu’une autre parce que ce que notre œil voit lors du tournage n’est pas la même chose que ce qu’on voit à la télévision avec un contraste différent », avance Georg Schmitt.
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