Théo Curin recueille la parole des enfants dans « T’es au top »

Théo Curin recueille la parole des enfants dans « T’es au top »

jeunesseL’athlète handisport endosse un nouveau rôle : celui de présentateur d’un magazine testimonial pour les 7-12 ans. Un rendez-vous diffusé sur prochainement France 4 et déjà disponible sur Okoo
Stéphanie Raïo

Stéphanie Raïo

L'essentiel

  • France Télévisions propose « T’es au Top », une émission présentée par Théo Curin qui permet aux enfants d’exprimer leurs problèmes et d’obtenir quelques conseils pour avancer.
  • Dix émissions sont disponibles dès aujourd’hui sur la plateforme Okoo, puis France 4 diffusera ce nouveau rendez-vous dès le samedi 11 novembre à 19h15.
  • Parmi les thématiques abordées lors de cette saison : « J’ai peur de la rentrée au collège », « Ma mère ne me laisse pas grandir », « Je n’ai pas d’ami à l’école », « Mon métissage questionne les gens et c’est pénible », « J’ai tout le temps envie de manger »…

Théo Curin n’a pas son pareil pour instaurer une ambiance conviviale. Ce double médaillé d’argent aux championnats du monde de natation handisport, également mannequin, comédien, et chroniqueur n’a besoin que de quelques minutes pour que ses échanges avec les enfants qu’il reçoit dans « T’es au top » ressemble à une conversation entre copains. Histoire de détendre l’atmosphère, il organise un blind test, apprend à faire un kata avec une jeune passionnée karaté, ou interroge son invité(e) sur les objets du décor qui font écho à sa propre vie. Puis il entre dans le vif du sujet. Ici, les 7-12 ans s’expriment sur leurs problèmes et Théo Curin est là pour recueillir leur parole. Au programme des quarante émissions déjà mises en boîte : « J’ai peur de la rentrée au collège », « Ma mère ne me laisse pas grandir », « Je n’ai pas d’ami à l’école », « Mon métissage questionne les gens et c’est pénible », « J’ai tout le temps envie de manger »… Pour les aider à avancer, deux spécialistes interviennent à tour de rôle : Alicia Cohen, psychiatre pour enfants et adolescents, ainsi que Lénaïg Steffens, psychologue pour enfants. Quelques semaines après le tournage, Théo Curin contacte son invité(e) par zoom pour savoir ce qu’il s’est passé depuis le passage dans l’émission.

Délier les langues

C’est le nageur paralympique lui-même, accompagné de Mehdi Harbaoui (fondateur et président de Little Big Medias), qui a proposé ce concept à France Télévisions. « Il est venu avec une vraie réflexion sur ce qu’il envisageait de faire depuis qu’il avait décidé de prendre un peu de distance avec sa carrière sportive, se souvient Pierre Siracusa, directeur de l’équipe jeunesse et éducation. Quand on a écouté Théo, entendu son envie de dépasser le discours sur le handicap, d’aller explorer de nouveaux horizons et surtout de profiter de cette jeunesse réelle qu’il a encore pour s’adresser aux enfants, on a décidé de faire un pilote et il se trouve que Théo réussit à délier les langues d’enfants qui sont forcément un peu intimidés par un dispositif de tournage ». Quant au concept du magazine, il précise : « On sait depuis le début que ce ne sont pas des solutions qu’on va proposer mais le début d’une compréhension ».

Pour Théo Curin, « chaque émission a été une claque monstrueuse ». « Ce qui m’a le plus surpris, c’est la facilité qu’ont ces enfants à raconter ce qu’ils ressentent ». Celui qui a été amputé des quatre membres suite à une méningite à l’âge de six ans a choisi de s’adresser à un jeune public car il considère qu’il y a de vrais messages à faire passer. Puis, l’animateur de 23 ans évoque son histoire personnelle. « Depuis tout petit, on a des regards différents sur moi, on me pose des questions en permanence sur ce qui m’est arrivé, mais celles que je préfère viennent souvent des enfants car je sais qu’il ne va pas y avoir de tabou, de filtres. Je sais que quand je vais répondre à leurs questions, ils vont changer tout de suite de regard sur ma particularité, mon physique, ils vont finir par oublier ce qui les a choqués dans un premier temps ».

Programmation particulière

D’ailleurs, sur le tournage, il admet que parfois les rôles se sont inversés. « Eux aussi m’ont posé des questions. Ils voulaient savoir si mes prothèses étaient lourdes, s’ils pouvaient les toucher », indique l’animateur qui a « l’impression de s’être fait 40 potes » à l’issue de la première saison. Passionné de télé depuis son plus jeune âge, il reconnaît ne pas pouvoir rêver mieux que d’avoir sa propre émission et qu’en plus, celle-ci serve à quelque chose. « A l’issue de la séquence où je prends des nouvelles par zoom, j’ai l’impression qu’on ne fait pas une émission de télé pour faire une émission de télé. Sans avoir le boulard, j’ai l’impression qu’on les aide vraiment ». Il ajoute « Ces enfants sont les adultes de demain et ils vont pouvoir grandir avec un gars qui n’a pas de bras et pas de jambes à la télé. Peut-être que d’ici quelques années, ce sera normal pour eux, ce ne sera même plus un sujet », espère-t-il.

Une programmation particulière va accompagner le lancement de « T’es au top ! ». Aujourd’hui, c’est la plateforme Okoo qui propose les dix premiers numéros. Puis, le mercredi 8 novembre, soit la veille de la journée de lutte contre le harcèlement, Théo Curin viendra évoquer dans « Okoo-Koo » le témoignage sur ce sujet d’une invitée de « T’es au top ». L’émission en question sera mise en ligne le jour même. Enfin, France 4 programmera ce rendez-vous hebdomadaire chaque samedi, dès le 11 novembre, à 19h15, afin de faciliter une écoute conjointe parents-enfants.

Novice à la télé

« Je ne suis qu’un novice à la télé, j’ai encore énormément de choses à apprendre, observe Théo Curin. Là, je suis bien entouré, je vais pouvoir progresser. C’est dans ce domaine-là que j’ai envie de faire mes preuves aujourd’hui, tout en continuant à être présent dans le domaine sportif, dans l’aventure, et le partage ». Ainsi, en avril prochain, il part en Afrique du Sud avec Ismael Khelifa, qu’il connaît d’« Echappée belle » (émission à laquelle il collabore). « On va faire le défi Madiba, explique-t-il. L’idée est de faire 30 km à la nage autour de Robben Island, dans des conditions assez extrêmes. Après on fait un long périple à vélo d’une centaine de kilomètres avec beaucoup de dénivelés pour rejoindre un bidonville sud-africain. On a récolté des fonds pour construire un terrain de sport pour les enfants de ce township ». Cette expédition fera l’objet d’un documentaire à venir sur France Télévisions.