parcoursJean Tezenas du Montcel, la force tranquille de « Ninja Warrior »

Une victoire, huit finales… Jean Tezenas du Montcel, la force tranquille de « Ninja Warrior »

parcoursLe candidat, vainqueur de la saison 4, s’apprête à disputer sa 8e finale. Sa dernière, promet le sportif présent depuis la première édition. Portrait de celui qui, au fil des ans, s’est imposé comme une figure emblématique de cette émission
Stéphanie Raïo

Stéphanie Raïo

L'essentiel

  • TF1 diffuse la première partie de la finale de « Ninja Warrior » ce vendredi 4 août à 21h10.
  • A 33 ans, Jean Tezenas du Montcel est finaliste pour la 8e fois, après une victoire en saison 4, et assure qu’il s’agit de sa dernière participation. L’occasion de dresser le portrait de ce sportif hors pair.
  • « “Ninja Warrior” m’a appris à gérer mon stress et m’a donné confiance en moi », résume-t-il.

Surtout, ne lui dites pas qu’il est une légende de « Ninja Warrior ». Cela le gêne. Jean Tezenas du Montcel s’astreint même à ne pas prononcer le mot. « Le journaliste de l’émission voulait me le faire dire et n’a jamais réussi. Je n’aime pas ce terme », justifie-t-il de sa voix calme et posée. Il s’amuse aussi de la présentation « hyperdithyrambique » que l’émission fait de lui à chacune de ses participations. « J’ai appris à prendre beaucoup de distance avec tout ce qui est télé et ce qu’on dit de moi, ça me fait rire et je le regarde de très loin ». Pourtant, ce passionné d’escalade n’est vraiment pas un candidat comme les autres. Figure emblématique de l’émission de TF1, il compte huit finales pour huit participations, et une victoire en saison 4, soit la première de l’édition française. Un palmarès inégalé à ce jour qui impose le respect auprès des autres candidats. « Les gamins qui ont 18 ans aujourd’hui suivent l’émission depuis qu’ils ont 10 ou 11 ans. Quand ils voient Jean en vrai, ils rencontrent l’idole de leur enfance. Beaucoup vont le voir comme on va voir un vieux sage pour demander quelques conseils » , souligne Christophe Beaugrand, qui coprésente « Ninja Warrior ».

Pour Jean Tezenas du Montcel, l’amour du sport remonte à l’enfance. Ses parents le mettent à l’escalade à l’âge de 3-4 ans. Par la suite, il suit des initiations à l’escrime, au judo, pratique la gymnastique, s’entraîne un peu au Parkour, mais c’est définitivement l’escalade qui l’emporte sur les autres activités physiques. « C’est le sport ultime. Les mouvements sont beaux, on a des sensations sympas. Tout me parle dans cette discipline », résume-t-il. Né à Troyes, Jean Tezenas de Montcel est le cadet d’une fratrie de cinq enfants (il a un frère aîné, deux plus jeunes et une sœur). « Tout le monde grimpe un peu dans la famille », avoue-t-il. Chez lui, la pratique sportive s’intensifie à l’adolescence. « Quand j’étais au lycée, je n’avais pas beaucoup d’amis, je n’étais pas dans les gens stylés donc je me suis un peu réfugié dans le sport. Après cela devient une addiction. Par la suite, même en ayant des amis, j’ai continué, c’est devenu un mode de vie », observe-t-il. Diplômé de deux écoles d’ingénieur puis d’une école supérieure de commerce, Jean Tezenas du Montcel est en stage à Shanghai quand il découvre sur un groupe WhatsApp de grimpeurs un message l’informant que « Ninja Warrior » en Chine recherche des candidats. « J’ai participé et je me suis qualifié pour la finale mais je n’ai pas pu aller au-delà car je suis rentré en France », indique-t-il.

Une double fracture au pied

Quand TF1 annonce l’arrivée de ce parcours d’obstacles sur son antenne, ses copains l’incitent à retenter l’aventure. « Je suis allé à Paris passer un test physique avec une double fracture au pied. Comme cela concernait un peu les bras, un peu les jambes, j’ai couru sur le talon quand c’était nécessaire, se souvient-il. Ils ont dû me trouver marrant, voir que je ne me posais pas trop de questions, et ils m’ont pris ». Christophe Beaugrand se souvient parfaitement de sa première participation en 2016. « Denis Brogniart et moi-même, on était stupéfait : l’agilité, la rapidité et la fluidité. Avec Jean, on a l’impression qu’aucun geste n’est superflu, aucune énergie n’est utilisée pour rien, analyse-t-il. C’est un personnage assez étonnant. Il est très en retrait, très concentré, ce n’est pas quelqu’un de très extravagant ». Dès son premier passage, le sportif prend l’habitude de mettre ses écouteurs avant chaque parcours pour mieux s’isoler. On lui demande tellement souvent les titres de sa playlist qu’il l’a même publiée sur Instagram. On y trouve IAM, le rappeur américain Macklemore ou le groupe de hip-hop français 1995. « Récemment, j’ai ajouté Goodbye de Russ. C’est très bien pour se concentrer », précise-t-il.

Jean Tezenas du Montcel met quatre saisons pour vaincre en finale la Tour des héros (une corde de 23 mètres de haut à grimper en moins de 40 secondes) et devient le premier gagnant de l’édition française. Est-ce parce qu’il se définit comme « têtu » qu’il a tenté sa chance jusqu’à la victoire ? « Non, gagner n’a jamais été mon objectif, je n’y croyais pas, cela me paraissait complètement impossible. En fait, j’y retournais juste pour le plaisir et parce que c’est une compèt et que j’aime bien ça », avoue-t-il. Depuis, le candidat a participé à chaque saison et a systématiquement atteint la finale. « “Ninja Warrior” m’a appris à gérer mon stress et m’a donné confiance en moi », analyse-t-il. Par contre, il ne considère pas que l’émission a changé sa vie : « Cela arrive que des gens me reconnaissent de temps en temps dans la rue, mais je continue mon travail de tous les jours. Par contre, j’ai rencontré des copains très intéressants ».

Huitième et dernière saison

Aujourd’hui, Jean Tezenas du Montcel vit à côté de Sallanches, dans la commune de Passy, en Haute-Savoie, dans la vallée du Mont-Blanc. « Je travaille pour Decathlon en tant qu’ingénieur et c’est là-bas que se situait ce boulot. Puis je voulais aussi être près de la montagne. Comme ça, je suis là où j’aime être », se réjouit-il. C’est d’ailleurs à côté de Sallanches qu’il a fait la connaissance de Clément Gravier, vainqueur de la saison 6 et deuxième gagnant de l’histoire du programme. « Je l’ai rencontré tout jeune dans une salle d’escalade. Il était à fond. Je l’ai poussé à faire « Ninja Warrior ». Clairement, il vient prendre la suite », juge-t-il. Car, même s’il apparaîtra encore dans « Ninja Warrior, le choc des nations » (une émission déjà mise en boîte où les cinq meilleurs candidats français affrontent leurs homologues américains, anglais, allemands, japonais…), Jean Tezenas du Montcel a prévenu la production : cette 8e saison est la dernière. « Huit ans, c’est un quart de ma vie. C’est le moment de ralentir un peu et de m’occuper de ma famille, de ma maison. Puis je vais être papa d’ici quelques mois, donc j’avais dit que j’arrêtais avant mais ça tombe à pic », confie-t-il.

Et après ? « Je vais continuer mon métier. Je suis ouvert si on me propose de faire quelque chose à la télé, que c’est sympa et que ça m’intéresse, pourquoi pas, mais je ne vais pas courir après », affirme-t-il avant de conclure : « Le plus probable, c’est que d’ici un ou deux ans, les gens auront oublié qui j’étais, je n’entendrai plus parler de « Ninja Warrior » et je pourrai le raconter plus tard à mes enfants ».