« Elysée 2022, Place aux jeunes ! » : Sur LCI, Christophe Beaugrand « veut proposer une autre façon de voir le débat politique »
INTERVIEW•L’animateur évoque pour « 20 Minutes », le débat avec huit jeunes représentants des principaux partis engagés dans la présidentielle qu’il coprésentera avec Ruth Elkrief, ce mercredi, dès 20 h sur LCIPropos recueillis par undefined
L'essentiel
- Ce mercredi, de 20h à 22h sur LCI, Christophe Beaugrand et Ruth Elkrief animeront Elysée 2022, Place aux jeunes !, un débat réunissant de jeunes représentants des partis des principaux candidats et candidates à la présidentielle.
- « Je pense que ce sera très intéressant pour [le public plus âgé] de voir que les jeunes ont des choses à dire, des projets, envie de s’engager, contrairement à la caricature qu’on présente souvent, avance Christophe Beaugrand à 20 Minutes. Et puis, on veut proposer aux jeunes une autre façon de voir le débat politique et d’autres thématiques. »
- « Cela fait partie de mon devoir en tant que journaliste d’aborder les choses différemment, j’ai peut-être moins de barrières et d’œillères que certains confrères qui ont une vision un peu plus classique de la façon d’aborder ce métier. Je regarde toujours les à-côtés », ajoute-t-il.
«On va découvrir des visages, des personnalités, qui seront peut-être des députés, des ministres, des secrétaires d’Etat demain », promet Christophe Beaugrand qui sera aux manettes d’Elysée 2022 – Place aux jeunes ! ce mercredi, de 20h à 22h sur LCI. « L’idée de faire parler les jeunes, d’essayer d’intéresser un autre public à la politique me trottait dans la tête depuis un moment », explique-t-il à 20 Minutes. C’est lui qui a proposé à la chaîne info du groupe TF1 d’organiser ce débat avec huit jeunes représentants des principaux partis engagés dans la course à la présidentielle (lire encadré). Il animera l’émission avec Ruth Elkrief. « Elle a toute l’expérience et la légitimité et moi j’ai un ton peut-être un peu plus décalé et différent », estime-t-il, espérant que cette alchimie permettra d' « impulser une énergie différente et de faire venir un autre public sur LCI. »
A qui s’adresse l’émission, aux jeunes ou à leurs aînés qui les connaissent mal ou peu ?
A tout le monde. C’est vrai que le public traditionnel de LCI a plus de 20 ans, c’est une réalité (rires). Je pense que ce sera très intéressant pour les plus âgés de voir que les jeunes ont des choses à dire, des projets, envie de s’engager, contrairement à la caricature qu’on présente souvent. Le public nous dit en avoir marre de voir toujours les mêmes têtes, donc là, on va voir de nouveaux visages et ça peut pas mal faire bouger les choses. Et puis, on veut proposer aux jeunes une autre façon de voir le débat politique et d’autres thématiques – on les a choisies en fonction de différentes études de l’Ifop avec laquelle on travaille pour cette émission. Ce qui les intéresse est différent de ce qui est débattu en ce moment. De manière globale, c’est une émission citoyenne pour faire en sorte que tout le monde puisse s’exprimer, que les gens aient envie d’aller voter, qu’ils se rendent compte que la jeunesse est prise en compte dans cette élection-là.
Vous pensez que les jeunes invités éviteront la langue de bois et les éléments de langage ?
Je les ai tous eus au téléphone et je leur ai dit : Je vous préviens, ce qui nous intéresse, c’est de vous entendre parler différemment, si c’est pour ressortir les éléments de langage de papa et maman, si on a l’impression d’entendre des députés qui en sont à un cinquième mandat, ça a tout de suite beaucoup moins d’intérêt. Certains sont peut-être tellement passionnés de politique qu’ils sont un peu façonnés et engloutis dans les éléments de langage, mais je pense qu’il y a une parole de vérité qui va sortir. Au début, cela pourrait être un peu coincé, mais dès lors qu’on va entrer dans le feu de l’action, à mon avis, chacun va retrouver son naturel. On va voir ce que ça va donner, c’est un essai. Ce sera du direct, on n’a l’assurance de rien.
Vous pensez que cela permettra d’attirer un public jeune qui a tendance à se détourner de la télévision ?
J’aimerais bien. Mais au-delà du nombre de téléspectateurs, ce qui est sûr, c’est que l’émission va continuer à vivre sur les réseaux sociaux, via différents extraits des débats et des confrontations. Je suis convaincu que ça va beaucoup tourner. Je sais que chacun de nos invités essaye de mobiliser sa communauté. Ils pensent peut-être que, pour le moment, on ne parle pas de leurs préoccupations. Là, pour une fois, il va y avoir des gens qui leur ressemblent, jeunes, qui connaissent leurs problématiques et qui auront des propositions concrètes à faire.
Vous serez dans votre costume de journaliste. C’est important pour vous de garder un équilibre entre émissions de divertissement et journalisme ?
Cette émission, sur le plan personnel, permet de montrer une autre image de moi que tout le monde ne connaît pas. Les gens qui regardent LCI savent que je suis une des figures de la chaîne et que je présente des émissions d’actualité, des débats politiques. Je suis journaliste depuis que j’ai commencé à bosser en 1999 mais c’est vrai que le grand public me connaît plus pour les divertissements comme Ninja Warrior. Je pense que c’est intéressant de montrer qu’on peut faire les deux.
Avec « Ninja Warrior », vous êtes au contact des candidats, qui ne constituent pas forcément une frange représentative de la population française…
C’est une frange représentative musclée de la population française (rires).
… Est-ce que vous diriez que cela vous permet d’être au contact du public, mais aussi de ses préoccupations, de sentir des choses qu’un journaliste politique ne sent pas…
Là où vous avez raison, c’est que je pense que l’on me parle différemment par rapport à un autre journaliste parce que j’ai un côté très accessible. J’envisage les choses un peu différemment. J’adore – c’est ce que je fais un peu dans Les Matins LCI week-end avec Anne-Chloé Botter – les témoignages, interroger des gens, discuter. On a eu la semaine dernière le plus jeune candidat à la présidentielle, Martin Rocca. Il y a quinze jours, on a reçu la première candidate trans, Marie Cau, élue du nord de la France. On a eu des pics d’audiences avec ces nouveaux visages. Cela fait partie de mon devoir en tant que journaliste d’aborder les choses différemment, j’ai peut-être moins de barrières et d’œillères que certains confrères qui ont une vision un peu plus classique de la façon d’aborder ce métier. Je regarde toujours les à-côtés.
La sortie de « Fils à papa(s) » [un livre, paru chez Plon, dans lequel il raconte son coming-out, son mariage, son fils né via la GPA, gestation pour autrui] cet automne a changé quelque chose dans votre rapport au public, dans vos liens avec lui ?
Oui, sans doute. J’ai fait une longue tournée d’une vingtaine de dates en France pour aller à la rencontre des lecteurs et il y a énormément de gens qui m’envoient des messages très touchants. C’est une véritable volonté de donner de la visibilité à nos couples homos, à nos familles homoparentales. Je suis convaincu que c’est à travers des images positives que l’on pourra faire bouger la société. J’ai toujours été moi-même. J’en connais beaucoup qui n’agissent pas comme ça, qui parfois ne préfèrent pas parler de leur homosexualité car ils se disent que cela va leur poser problème, que cela va déplaire à certaines personnes dans le public. Je pense exactement le contraire : c’est en étant soi-même qu’on construit une relation de sincérité, de fidélité, de confiance et d’affection avec le public.
La GPA sera l’une des thématiques abordées dans « Elysée 2022 – Place aux jeunes ! » ?
Je ne pense pas parce qu’aucun candidat n’a mis dans sa profession de foi ou son programme l’idée de légaliser la GPA. Je ne suis pas persuadé que ce soit le bon moment pour parler de ça. Je trouve que les débats sont assez hystérisés pendant la campagne, surtout celle-ci, donc, à mon avis, ça risquerait de faire plus de mal que de bien aux familles homoparentales. Après, c’est incontestablement un sujet qui va revenir à un moment donné pour les politiques, car il y a une réalité, ces familles qui existent, et c’est une thématique qu’ils vont devoir prendre en charge et aborder un jour en face.