MEDIASUn héraut de l’investigation à la tête de « Complément d’enquête »

« Complément d’enquête » : Tristan Waleckx, un nouveau présentateur aimant « les sujets qui grattent »

MEDIASCe jeudi, le magazine d’information de France 2 revient à 23h pour une nouvelle saison, avec un nouvel animateur, Tristan Waleckx, qui connaît bien la maison
Fabien Randanne

Fabien Randanne

L'essentiel

  • Complément d’enquête fait sa rentrée ce jeudi à 23h sur France 2 avec un reportage intitulé : « Fake news, la machine à fric ».
  • Le grand reporter Tristan Waleckx, 37 ans, succède à Jacques Cardoze à la présentation.
  • « C’est à Complément d’enquête que j’ai appris à faire de l’investigation et du magazine. Il faut savoir penser contre soi-même, bousculer ses propres certitudes, savoir faire preuve d’audace et d’impertinence », explique à 20 Minutes Tristan Waleckx, qui a signé ses premiers reportages pour l’émission il y a neuf ans.

Si vous êtes fidèle aux magazines d’information de France 2, le nom de Tristan Waleckx ne vous est pas inconnu. Désormais, son visage vous sera également familier. Le journaliste de 37 ans – bientôt 38 – est le nouvel animateur de Complément d’enquête, de retour à l’antenne ce jeudi à 23 h. Il succède à Jacques Cardoze, fraîchement nommé directeur de la communication de l’OM.

« J’ai la double casquette de présentateur et d’intervieweur, j’y tiens beaucoup. Je ne souhaite pas à quitter le terrain complètement », insiste d’emblée Tristan Waleckx auprès de 20 Minutes. Il ambitionne de « décrocher des interviews inédites, étonnantes, les plus factuelles et poussées possibles » et ajoute que la chaîne donne « carte blanche » à la rédaction de l’émission. « Ce que l’on nous demande, c’est de faire de l’enquête, des révélations et de l’inédit. C’est tout ce que j’aime », dit-il.

« Il faut savoir penser contre soi-même »

Le trentenaire est un peu à Complément d’enquête comme chez lui. En 2012, Benoît Duquesne, le créateur de l’émission, l’a débauché de la rédaction du JT de TF1 où il travaillait depuis cinq ans. « C’est à Complément d’enquête que j’ai appris à faire de l’investigation et du magazine, relate Tristan Waleckx. Cela a été super formateur. Il faut savoir penser contre soi-même, bousculer ses propres certitudes, savoir faire preuve d’audace et d’impertinence. »

Lorsque Benoît Duquesne meurt d’une crise cardiaque en juillet 2014, la rédaction « qui a l’esprit du collectif », s’est retrouvée « orpheline ». Décision est prise de poursuivre l’émission pour faire perdurer l’héritage de son fondateur : « ne s’interdire aucune question, ne faire partie d’aucun camp ».

Tristan Waleckx raconte que sa vocation lui vient de l’enfance, que le journalisme est « un rêve de gosse » et qu’il a toujours voulu se consacrer à « l’investigation ». Il a conscience que cela sonne « un peu cliché » mais jure dire vrai : « Aller sur des sujets qui grattent, ça me fait kiffer et ça ne me passe pas. »

Poursuivi par Vincent Bolloré

Preuve de cet attrait pour les thématiques urticantes : son reportage sur Vincent Bolloré, coréalisé en 2016 avec Matthieu Rénier. « Un ami qui vous veut du bien ? », s’interrogeait, de manière purement rhétorique, l’intitulé de ce portrait destiné à Complément d’enquête. Résultat : le milliardaire a porté plainte pour diffamation contre les journalistes et France Télévisions.

« Il a réclamé 50 millions d’euros devant le tribunal de Commerce. Mais aussi devant le tribunal de Douala [au Cameroun, car le reportage évoquait l’entreprise camerounaise Socapalm dont Vincent Bolloré est l’un des actionnaires] où potentiellement, on risque la prison ferme. On a eu cinq procès pour l’instant, on les a tous gagnés, souligne le journaliste. Même si on avait toutes les preuves de ce que l’on avançait dans l’enquête, cela a été chronophage, on a passé beaucoup de temps malgré tout à nous justifier. »

En 2017, pour ce reportage, Tristan Waleckx a reçu le prestigieux prix Albert-Londres. « Quand j’ai candidaté, je me suis dit que le jury ne pouvait pas primer un sujet sur lequel il y aurait des doutes. Le fait que les meilleurs professionnels du journalisme considèrent, en la regardant, que l’enquête est sérieuse, sourcée, factuelle, objective, inattaquable, a été un grand soulagement dans une période qui a été compliquée professionnellement. »

« Les valeurs d’indépendance et de rigueur du service public »

Sujet qui gratte aussi, celui qu’il a cosigné en 2016, sur l’affaire Bygmalion pour Envoyé Spécial. Nicolas Sarkozy en aurait été démangé d’agacement et, dans les couloirs du service public, il y a eu frictions entre Elise Lucet et Michel Field. Ce dernier, alors patron de l’info à France Télés, avait voulu différer la diffusion du reportage. « Je pense que Michel avait trop en tête le calendrier politique et pas assez le calendrier judiciaire ou journalistique. Pour nous, l’essentiel, c’est que le calendrier politique ne dicte pas le calendrier journalistique, je pense qu’il l’a compris », débriefait, à froid, la présentatrice d’Envoyé Spécial.

Comme sa consœur, Tristan Waleckx souligne son attachement au « journalisme d’investigation indépendant » et c’est parce qu’il « incarne parfaitement les valeurs d’indépendance et de rigueur du service public », dixit Laurent Guimier, le directeur de l’information de France Télévisions, qu’il a été choisi pour prendre les commandes de Complément d’enquête.

Ce jeudi, le numéro de rentrée se penchera sur le business des « fake news » et notamment sur les revenus publicitaires des sites de fausses informations. « On a estimé que c’était bien d’ouvrir la saison avec ce sujet parce que c’est un signal, vu la période dans laquelle on vit. Il est important d’afficher notre singularité. » Le complotisme va aller se gratter.