« Ils étaient dix » : Sur le tournage de la série de M6, Pascal Laugier a fait souffler le chaud et l’effroi
SERIE•M6 lance ce mardi la diffusion de la libre adaptation du roman d'Agatha Christie réalisée par Pascal Laugier dont les dépassement de budget ont navré la productrice Sophie RévilFabien Randanne
L'essentiel
- Ils étaient dix est une série librement adaptée du roman du même titre d’Agatha Christie. Elle est composée de six épisodes de 52 minutes. La diffusion commence ce mardi à 21h05 sur M6.
- Le réalisateur Pascal Laugier a dépassé le budget alloué. « Cela a été une catastrophe industrielle pour ma société. Nous avons été explosés financièrement », avance la productrice Sophie Révil qui, le temps ayant passé, assure ne pas regretter d’avoir confié ce projet à ce cinéaste.
- « D’un point de vue artistique, c’était très intéressant de se retrouver en télé avec quelqu’un d’aussi peu conformiste », estime l’acteur Samuel Le Bihan.
Pendant la conférence de presse virtuelle d’Ils étaient dix, il y avait de quoi se demander si Pascal Laugier était victime ou coupable. Le réalisateur de la série librement adaptée du roman d’Agatha Christie pour M6 (lire encadré) en était le grand absent. Il faisait office de cadavre dans le placard, comme s’il était le sujet à ne pas aborder.
Le jeu de questions/réponses entre les journalistes et les comédiens commençait à ronronner, lorsque la productrice Sophie Révil a mis les pieds dans le plat. « J’ai construit des poupées vaudoues à l’effigie de Pascal Laugier et j’ai planté des aiguilles dedans. Je ne sais pas s’il se tordait de douleur dans son lit. Je l’espère. » Elle a dit cela avec un grand sourire et en exagérant ses gestes, histoire de désamorcer la violence du propos.
« Cela a été une catastrophe industrielle pour ma société »
Celle qui a cofondé Escazal Films et produit notamment Les Petits meurtres d’Agatha Christie avait beau plaisanter, elle n’a pas cherché à cacher que travailler avec le cinéaste fut une épreuve pour elle. Notamment en raison des dépassements de budget qui, au total, frôle les 10 millions d’euros. « Cela a été une catastrophe industrielle pour ma société. Nous avons été explosés financièrement. Cela ne m’était jamais arrivé en vingt ans de production, ça m’a rendu plus prudente », explique-t-elle franchement.
Un peu plus tard, Sophie Révil a cependant arrondi les angles : « Le temps ayant passé, je ne regrette pas d’avoir choisi Pascal. Il a fait quelque chose de hors normes. Il a livré ce qu’on attendait de lui : des images magnifiques, une tension, un côté épique à chaque destin de personnages lors des flash-back… »
Sur le papier, un tel réalisateur aux commandes d’une série grand public en prime time sentait fort le soufre (et la souffrance). Pascal Laugier vient du cinéma de genre, mais du genre à risquer de se mettre une partie des spectateurs à dos. Ses films, Martyrs en tête, affichent de vrais partis pris lorsqu’il s’agit d’aborder et de montrer la violence et la cruauté.
Une direction « fiévreuse »
Sans surprise, les comédiens et comédiennes d'Ils étaient dix ont fait le récit d’une expérience de tournage singulière avec l’auteur de Ghostland. Ce fut ainsi « assez flippant et touchant » pour Manon Azem qui a « beaucoup d’affection » pour le cinéaste : « Je n’avais jamais travaillé avec un réalisateur aussi passionné. J’ai été assez impressionnée. Il avait une exigence très poussée. Il voulait être fier de ce projet et de ces images, donc je savais que je pouvais lui faire confiance. »
« Son ambition fait qu’on a envie de le suivre », a appuyé Romane Bohringer qualifiant la direction de « fiévreuse ». Samuel Le Bihan lui, s’est souvenu d’avoir fait la connaissance du réalisateur il y a un peu plus de vingt ans, sur le tournage du Pacte des loups de Christophe Gans. Pascal Laugier avait été chargé du making-of. « C’est un cinéphile incroyable, assez radical et très engagé dans le cinéma, a résumé l’acteur. D’un point de vue artistique, c’était très intéressant de se retrouver en télé avec quelqu’un d’aussi peu conformiste ». Et pour cette raison, Samuel Le Bihan a salué le choix de Sophie Révil. Les poupées vaudoues peuvent être remisées au grenier.