«Opération Renaissance» : «On est gêné que l'on fasse de nos traumatismes un divertissement», s'insurge Daria Marx

C’est un flop d’audience, mais aussi d’estime. Lundi 11 janvier, l’émission Opération renaissance, annoncée depuis plus de trois ans, et qui devait attirer à M6 des audiences faramineuses, n’est arrivée que quatrième des programmes du soir, rassemblant 1,9 million de spectateurs et spectatrices.

Le programme, qui suit des volontaires obèses qui vont subir une chirurgie bariatrique (consistant notamment à diminuer la taille de l’estomac), avait été très critiqué en amont par des collectifs de personnes grosses. Il faisait l’objet d’une pétition pour son retrait. Opération renaissance s’est aussi attiré des critiques à sa diffusion, en raison de scènes inconfortables pour les participantes, voire humiliantes.

L’émission donne des clefs sur l’obésité…

Certes, l’émission donnait des clés sur l’obésité. On y apprend que l’obésité abdominale est particulièrement dangereuse, plus que le fait d’avoir du gras dans les fesses par exemple. Et l’émission, qui était accusée de faire la publicité des chirurgies bariatriques, a finalement aussi montré certains des risques liés à cette opération, comme à toute opération. On y voit l’une des participantes, Stacy, dans une situation très difficile au bloc opératoire, après une réaction allergique au curare.

… mais place les participantes dans des situations délicates

Mais la mise en scène de ces difficultés, et d’un moment certainement traumatisant pour cette patiente qui a failli mourir, sous l’œil des caméras, est-elle conforme à la dignité humaine ? C’est la question que certains et certaines internautes se sont posée en voyant la séquence.

Autre séquence jugée humiliante : les participantes étaient invitées à se regarder dans le miroir, pour « accepter leur poids », et dire « au revoir » à leur ancien corps. Les deux femmes, filmées en sous-vêtements devant la glace, se sont effondrées en pleurs, à côté de l’animatrice Cristina Córdula, qui les consolait après leur avoir infligé cette épreuve dégradante.

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Troisième séquence malaisante, jugée voyeuriste : on retrouve cette fois-ci Stacy, victime de maltraitances de sa famille pendant son enfance, chez le psy. Ce dernier lui sort une image d’elle à 9 ou 10 ans, grandeur réelle, détourée (découpée sur les bords de sa silhouette) et collée sur du carton. Il assoit cette image à ses côtés et lui demande d’avoir de la bienveillance pour cette petite fille qu’elle était. Un procédé artificiel inventé pour donner une image à filmer, mais pas très déontologique. Le malaise de la participante est immédiat, elle refuse de parler de son passé et se braque. Plus tard, elle sera confrontée à sa sœur, qui lui dira des choses particulièrement blessantes, reconnaissant qu’elle ne l’aimait pas « parce qu’elle était grosse ».

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Des remarques déplacées ou sexistes

L’animatrice Karine Le Marchand apparaît certes aux petits soins pour ses participantes, qu’elle embrasse sur le front à plusieurs reprises avant de les emmener au bloc opératoire, mais se permet aussi des remarques assez étranges. Elle lance ainsi à Elody : « T’es un bonbon », pour lui signifier sa douceur. Une remarque qui a semblé maladroite.

Plus tard, Karine Le Marchand dira devant le psy qui accueille Stacy qu’elles se sont faites belles pour lui, ajoutant : « Un médecin, c’est quand même néanmoins un homme ». Un propos sexiste qui enferme les hommes dans l’idée qu’ils auraient des pulsions incontrôlables ou seraient forcément sous le charme de toutes les femmes.

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Des animatrices ultraminces, une médecine transformée en show

Beaucoup d’autres passages ont été relevés par les internautes, et notamment par le collectif Gras Politique, qui a live-tweeté l’émission. Le fait que Karine Le Marchand n’ait aucune compétence médicale a été maintes fois rappelé, et il a été jugé gênant qu’elle puisse entrer dans les salles d’opération. S’ajoute à cela le fait qu’un des docteurs n’a jamais fait de suivi de chirurgie bariatrique, qu’une autre se dit « maître reiki » (une pseudo-médecine épinglée par la Miviludes) et que l’émission insiste assez peu sur les conséquences médicales dangereuses des chirurgies bariatriques, pour lesquelles le risque d’idéation suicidaire est augmenté de 54 % en postopératoire.

Une émission jugée lacunaire du point de vue scientifique, et présentée par des personnes ultraminces, dont la minceur est soulignée par l’émission, comme pour mieux accentuer le contraste. Les images de Cristina Córdula et Karine Le Marchand tentant du haut de leurs talons aiguilles de relooker les participantes ont de quoi provoquer la gêne des internautes, qui ne se sont pas privés de le faire remarquer.

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A ces critiques, la réponse de Karine Le Marchand, invitée de l’émission C à vous, peut paraître lunaire : l’animatrice dénonce en effet la « minçophobie » dont elle s’estime victime. De même que le racisme anti-Blancs n’a pas d’existence systémique selon la quasi-totalité des sociologues, et de même qu’il n’existe pas de « domination féminine » dans nos sociétés, il n’existe pas de minçophobie. Le collectif Gras Politique a demandé à C à vous un droit de réponse.

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