INTERVIEW« Fuck you »... Frédérique Bel s'adresse « à la société aujourd’hui »

« Mask Singer » : « "Fuck you", c’est un peu ce que j’ai à dire à la société en ce moment », confie Frédérique Bel

INTERVIEWFrédérique Bel revient pour « 20 Minutes » sur sa participation a l’émission de TF1. Celle qui était déguisée en bouche n’a pas sa langue dans sa poche
Fabien Randanne

Propos recueillis par Fabien Randanne

L'essentiel

  • Frédérique Bel a été démasquée à la fin du premier numéro de la deuxième saison de Mask Singer diffusé samedi sur TF1.
  • « Je ne l’aurais peut-être pas fait en temps normal – j’avais refusé d’y participer l’an passé – parce que j’enchaîne pas mal les tournages », explique l’actrice à 20 Minutes. Le confinement, qui a entraîné le report de ses projets pour le cinéma, lui a permis de dire oui.
  • Pour sa première et unique prestation, elle a repris un tube de Lily Allen, Fuck You. « Je vous avoue que c’est moi qui ai choisi la chanson, parce que c’est un peu ce que j’ai à dire à la société en ce moment. On a un gouvernement assez incompétent. C’est du bricolage, c’est du n’importe quoi », avance-t-elle à 20 Minutes.

«Pour une fois on aura bel et bien raison de dire que j’ai une grande bouche. Depuis le temps qu’on me le reproche il était temps de l’assumer », déclarait-elle samedi en guise d’indice dans Mask Singer. Ce lundi, Frédérique Bel a été fidèle à sa réputation d’allergique à la langue de bois au moment de débriefer sa participation à l’émission de TF1 auprès de 20 Minutes. L’actrice a été, avec Laure Manaudou, l’une des premières personnalités à quitter la deuxième saison de l’émission, mais elle a marqué les esprits en chantant Fuck You de Lily Allen dans son déguisement de lèvres écarlates et pailletées…

Comment vous êtes-vous retrouvée dans « Mask Singer » ?

Il se trouve qu’avec le confinement, tous mes tournages ont été décalés. Comme pour beaucoup de gens, ce fut une période assez angoissante. On ne savait pas de quoi demain serait fait. Que TF1 me propose de préparer des chansons pour Mask Singer a été très apaisant pour moi, ça m’a donné un but, une envie de faire des choses constructives. Je ne l’aurais peut-être pas fait en temps normal – j’avais refusé d’y participer l’an passé – parce que j’enchaîne pas mal les tournages et quand on s’implique dans une émission comme ça, on s’engage plusieurs mois à l’avance pour une quarantaine de jours. Là, j’ai pu dire oui, parce que, à moyen terme, je n’avais pas de visibilité sur mes projets de cinéma. Pour moi, il aurait été hors de question de sacrifier un tournage pour m’amuser. Mon agent n’aurait pas compris.

Vous n’aviez pas peur que votre participation à « Mask Singer » nuise à votre image ?

Je ne suis pas quelqu’un de snob. Cela fait presque vingt ans que je tourne. Le plus dur, dans ce métier, c’est de durer. Avant de faire de la télé, j’étais mannequin, et on me disait que si je faisais du mannequinat, je ne ferais jamais de télé. Après, on m’a dit que si je faisais de la télé, je ne ferais jamais de cinéma. Après, on m’a dit que si je faisais des comédies, je ne ferais jamais de films d’auteurs. J’ai été l’égérie d’Emmanuel Mouret, alors on m’a dit que je ne pourrais plus jamais refaire de comédie. Oh la la… Je ne sais pas pourquoi les gens en France essaient de mettre l’œil sur les gens. Moi, j’ai la chance inouïe d’avoir créé une image où j’ai la carte pour m’amuser, faire ce que je veux. Le seul lien entre tout ce que j’ai pu faire à la télé ou au cinéma, c’est la sincérité. Les choses viennent de mon envie de communiquer cela avec le public. Je suis une actrice populaire, c’est comme ça que je me présente. Dans certaines bouches, la popularité est vue comme quelque chose de dégradant. Je viens de la campagne, mes parents n’ont pas de cinéma à côté de chez eux. Si je peux venir dans leur télé en faisant « Coucou papa maman », je le fais. Je bosse comme les Anglo-Saxons : le principal, dans mon métier, est de partager ce que je fais et que ce soit vu.

La première de « Mask Singer » a été vue par près de 5 millions de personnes samedi….

On a fait cinq millions de téléspectateurs samedi soir, dans cette période déprimante. Mettre du divertissement, que les gens se posent devant des personnes déguisées qui s’amusent parce que c’est drôle à faire. Ce devrait être remboursé par la Sécu. Nous sommes les troubadours de la société, j’ai envie de dire. C’est presque une nécessité publique de faire ce genre de choses. Les gens qui critiquent sont des gens qui mourraient d’envie de le faire. Qui n’aurait pas envie d’aller chanter déguisé pour voir si même leurs parents les reconnaissent ? C’est super drôle !

Vous vous êtes donc amusée ?

J’ai une vie axée sur le côté festif. J’aime aller vers les choses rigolotes. J’ai la chance d’avoir une chaîne comme TF1 qui me permet de faire des choses tellement folles, comme de jouer une infirmière toxicomane addict à la morphine [dans la série H24] et une bouche qui chante Fuck You. Bon, la chanson, je vous avoue que c’est moi qui l’ai choisie, parce que c’est un peu ce que j’ai à dire à la société en ce moment. On a un gouvernement assez incompétent. C’est du bricolage, c’est du n’importe quoi. J’ai trop de respect pour notre société, pour cette liberté qu’on a réussi à avoir. Je suis tellement contente de me réveiller le matin et de me dire que je vis dans un pays où je peux faire ce que je veux. Les restrictions en ce moment, franchement, je suis d’accord, parce que le Covid-19, c’est une maladie, c’est compliqué et on a tous des gens fragiles autour de nous. Mais tout a été très mal orchestré.

De retour en tournage

Frédérique Bel a retrouvé les plateaux de cinéma. Elle vient ainsi de jouer dans une comédie, Permis de construire, au côté de Didier Bourdon. Le tournage du troisième volet de Qu'est-ce qu'on a fait au Bon Dieu ?, qui devait commencer en septembre, a été reporté au printemps 2021, mais cela a laissé le temps à la comédienne de rejoindre le casting d'un épisode de Capitaine Marleau, la série de France 3 réalisée par Josée Dayan. «Cela faisait très longtemps que j'avais envie de tourner avec cette femme. Nous nous étions rencontré alors que nous étions membres du même jury d'un festival et on avait bien matché. Je l'aime beaucoup !», confie-t-elle à 20 Minutes.