Dordogne : Pour la série préhistorique « Moah », « nous voulions tourner dans des endroits préservés de la patte de l’Homme »
TELEVISION•La chaîne OCS diffuse à partir de jeudi une nouvelle fiction sur la préhistoire, « Moah », tournée dans une dizaine de sites en DordogneMickaël Bosredon
L'essentiel
- «Moah » est une série de dix épisodes sur la préhistoire, sans dialogue et sans musique.
- La série a été tournée en novembre 2019 dans une dizaine de sites exceptionnels de la Dordogne, qui n’avaient encore jamais été montrés à l’écran.
- Malgré ces décors naturels d’exception, la Dordogne attire surtout les tournages de films historiques pour ses villages anciens.
De la planète Mars à la préhistoire, la Dordogne est une terre de tournage tout-terrain. Après avoir tourné sa série Missions (des milliardaires qui se font la guerre pour conquérir Mars) en partie dans le département, la société de production de films et de séries Empreinte Digitale est revenue poser ses caméras dans la vallée de la Vézère pour sa nouvelle série événement, Moah, qui sera diffusée sur OCS à partir de jeudi.
Soutenue par le conseil régional de Nouvelle-Aquitaine, et le département de la Dordogne, Moah est une série sans dialogue et sans musique, qui raconte « la préhistoire d’un mec ». Réalisé par Benjamin Rocher, ce projet un peu fou de dix épisodes de 26 minutes, a été tourné dans le cadre somptueux de sites préhistoriques naturels en Dordogne.
« Dès qu’on a su qu’Empreinte Digitale planchait sur cette série originale sur la préhistoire, nous nous sommes positionnés très vite, car nous sommes dans un lieu assez propice pour l’art pariétal », souligne Thierry Bordes, directeur adjoint du Bureau des tournages de la Dordogne.
« Au départ, on se dit qu’il suffit de trouver un paysage sans fil électrique… »
« L’une des volontés de la production, poursuit-il, était de mettre à l’image des sites qui n’avaient pas encore été montrés. » « Nous voulions des endroits préservés de la patte de l’Homme, confirme Eric Laroche, l’un des producteurs de la série. Pas tant pour poser notre caméra dans un endroit où personne n’était allé, que pour coller à la démarche artistique du projet, et embarquer le spectateur avec nous dans cette aventure. Et ce n’est pas si simple que cela : au départ, on se dit qu’il suffit juste de trouver un paysage sans fil électrique au loin ou sans goudron par terre, mais au final même un sentier de terre évoque un passage et une histoire… »
Empreinte Digitale a sélectionné une dizaine de sites, dont les Gorges de l’enfer, le plus grand abri sous roche d’Europe. « La série devait se tourner à la fin de l’été, et s’est faite finalement en novembre 2019, se souvient Thierry Bordes. Cela a apporté pas mal de difficultés, car le climat n’était plus le même. »
« Nous avions fait nos repérages en juin, mais arrivé en novembre, la nature ne nous avait pas attendus, confirme Eric Laroche. On a eu des petites surprises, notamment sur les sites en bord d’eau, qui avaient changé radicalement. Et quand vous êtes en peau de bête, à moitié nu, sous la pluie en plein mois de novembre, qui plus est dans une production qui n’a pas des moyens énormes, le moindre petit problème peut prendre des proportions conséquentes. Malgré tout, le tournage est toujours resté très joyeux. »
« Un Ovni qui va peut-être redonner le goût de produire des fictions sur la préhistoire »
Malgré ces décors d’exception, la Dordogne n’attire pas tant que cela les productions de films préhistoriques. « On a quelques tournages de documentaires préhistoriques, mais pas vraiment de films, sachant que Moah est un Ovni qui va peut-être redonner le goût de produire des fictions sur la préhistoire », analyse Thierry Bordes.
En revanche, le Bureau des tournages confirme être extrêmement sollicité par les productions de films et séries historiques. « Le dernier en date qui va marquer les esprits quand il sortira en 2021, c'est évidemment le prochain Ridley Scott, The Last Duel, qui se déroule au XVe siècle, poursuit Thierry Bordes. Ces films d’époque se tournent souvent chez nous, car nous sommes un décor de substitution, c’est-à-dire qu’on a des villes extrêmement préservées, ce qui permet par exemple de reconstituer des morceaux de Paris, ici en Dordogne. Ainsi Jacques Malaterre a tourné tout récemment à Sarlat, les rues de Paris pour La Révolution française, une série qui sortira l’été prochain. »
Si le département attire des productions de fictions historiques ou futuristes, il accueille aussi « un grand nombre de films contemporains », assure Thierry Bordes, qui insiste : « La Dordogne n’est pas qu’un musée à ciel ouvert ». Une terre de tournage tout-terrain, on vous dit.