Coronavirus: « La situation dans les hôpitaux est catastrophique », alarme Ophélie Meunier avant le « Zone interdite » spécial soignants…
INTERVIEW•Ophélie Meunier évoque pour « 20 Minutes » le dispositif mis en place pour le tournage du numéro de « Zone Interdite » sur les personnels soignants face au Covid-19 que M6 diffuse dimanche, à 21h05Fabien Randanne
L'essentiel
- Dimanche, à 21h05, M6 diffuse un numéro de son magazine d’information « Zone Interdite » intitulé « Médecins, infirmiers, aides soignants : en première ligne face au Covid-19 ».
- Les journalistes de l’émission ont suivi, au cours du mois écoulé, les personnels soignants d’hôpitaux à Paris, Melun, Martigues, Colmar et Mulhouse.
- « Tous les soirs, à 20h, on est à nos fenêtres pour les applaudir et les soutenir, mais a-t-on vraiment conscience de ce qu’ils font au quotidien ? Là, on va le montrer et je pense que ça va en secouer plus d’un », avance l’animatrice et journaliste Ophélie Meunier à « 20 Minutes ».
Ce dimanche, à 21 h sur M6, le magazine Zone Interdite propose une immersion aux côtés des médecins, infirmiers et aides-soignants qui sont « en première ligne face au Covid-19 », selon l’intitulé du documentaire. Les équipes de l’émission ont suivi depuis un mois les personnels soignants de plusieurs hôpitaux de France, de Bichat (Paris 18e) aux urgences de Melun (Seine-et-Marne), Martigues (Bouches-du-Rhône) ou Colmar (Haut-Rhin) et même à l'hôpital militaire de campagne de Mulhouse (Haut-Rhin). La journaliste et présentatrice Ophélie Meunier explique à 20 Minutes le dispositif mis en place.
Vous avez commencé le tournage il y a un mois, dès que les premiers cas de coronavirus ont été diagnostiqués en France ?
Tout à fait. Avant le premier cas, même, car on était sur le front pour comprendre la situation dans les hôpitaux et le système de santé français qui était déjà au bord de la rupture. On était à l’hôpital Bichat le jour où le premier patient atteint du Covid-19 a été hospitalisé en France. Le tournage a alors pris un tournant. Tout s’est réorganisé jour après jour, avec à chaque fois une nouvelle façon de faire, de penser, d’affronter l’épidémie de l’ampleur que l’on connaît. On était donc à la fois à Bichat, à Melun, à Martigues… dans des hôpitaux qui s’organisent tous bien mais différemment les uns des autres pour faire face à la situation. On a aussi eu l’accord pour suivre le déploiement militaire de campagne à Mulhouse. Un journaliste, Emmanuel Réau, a passé le week-end à assister à la mise en place et à l’arrivée des premiers patients.
Cela n’a pas été difficile de convaincre ces hôpitaux d’ouvrir leurs portes aux caméras ?
Si, cela a été compliqué parce que c’est une responsabilité pour eux. Il ne faut surtout pas qu’on les dérange dans leur travail mais ils sont professionnels et on l’est aussi donc, de ce côté-là, ça se passe bien. C’est un énorme risque sanitaire aussi, il ne faudrait pas que les équipes soient infectées. On prend toutes les mesures nécessaires, gants, masques, etc. Cela a été un vrai questionnement pour les hôpitaux mais ils ont finalement décidé de nous ouvrir leurs portes car il est essentiel que les Français se rendent compte de la réalité de la situation. Elle est réellement catastrophique. A chaque fois que je visionne un extrait du montage en cours, je suis au bord des larmes. Ce que les soignants font dans les hôpitaux publics, à quel point ils sont mobilisés et se battent… Ce sont des bulldozers, ils ne se posent pas de question : ils intubent, ils retournent, ils soignent, ils vont à un autre lit, à une autre chambre, ils reviennent, ils se changent, ils se lavent… C’est un truc de dingue. Il faut que les gens s’en aperçoivent pour faire encore plus attention au respect des mesures sanitaires afin d’engorger le moins possible les hôpitaux. Ce doc, c’est à la fois une prise de conscience et une manière de rendre hommage aux soignants. Tous les soirs, à 20 h, on est à nos fenêtres pour les applaudir et les soutenir, mais a-t-on vraiment conscience de ce qu’ils font au quotidien ? Là, on va le montrer et je pense que ça va en secouer plus d’un.
De nombreuses et nombreux soignants disent que les applaudissements leur font chaud au cœur mais ils insistent sur l’importance de disposer de davantage de moyens…
Ce sont nos héros du moment, il n’y a pas de doute là-dessus. Ils sont partagés, je crois. On n’est pas à leur place, je ne suis pas soignante, mais je suppose qu’ils sont gênés parce qu’ils ont juste l’impression de faire leur travail. Ceci étant dit, il est sûr que la question des moyens est posée sur la table maintenant mais elle le sera surtout après. Maintenant qu’on a constaté la situation catastrophique dans laquelle on est, est-ce qu’on va enfin faire le nécessaire, mettre les moyens, pour que le système de santé français s’améliore ?
Vous parliez des mesures de sécurité respectées par les journalistes, mais le risque zéro n’existant pas, ils prenaient le risque de s’exposer à une contamination. Ils en étaient conscients ?
Bien sûr. Plus largement, c’est le cas pour tous ces gens qui assurent l’information en continu. Même si les équipes sont très réduites en ce moment, il y en a sur le terrain. Elles ne sont pas en situation de confinement, donc ça veut dire qu’elles sont plus exposées que d’autres à un risque de contamination. La question pour les journalistes se pose quelques secondes mais le devoir d’information prend très vite le dessus. Nous, en termes de production, on a des mesures drastiques à respecter. Demain [vendredi], je vais tourner les plateaux de lancement de l’émission depuis chez moi avec un iPhone et un micro qu’on m’a fait parvenir de la rédaction. J’ai un manuel de nettoyage ne serait-ce que du micro qui m’a été envoyé, vous n’imaginez même pas le truc (elle rit)…
Le tournage va-t-il se poursuivre en vue de faire un bilan de la crise sanitaire une fois que l’épidémie sera passée ?
A ce stade non, ce n’est pas prévu. Mais cela peut évoluer. Je préfère ne pas m’engager à répondre à cette question. Là, on tourne jusqu’à dimanche, mais pour un éventuel point post-épidémie, il faudra en rediscuter. On traite un dossier l’un après l’autre.