Ambiance potache et instants tendus... « Affaire conclue » vue des coulisses
DIVERTISSEMENT•L'émission de vente aux enchères offre chaque après-midi de belles audience à France 2Mathilde Loire
L'essentiel
- Affaire conclue bat régulièrement des records d’audience sur France 2.
- 20 Minutes s’est rendu dans les coulisses de l’émission phare de l’après-midi.
- Scruter le tournage permet de comprendre la recette du succès de l'émission
C’est le rendez-vous de l’après-midi sur France 2. Depuis août 2017, Affaire conclue, l’émission de vente aux enchères présentée par Sophie Davant, attire toujours plus de curieux. Les courbes ont bondi depuis son lancement en août 2017, passant de 5 % à plus de 20 % de part d’audience en moyenne.
Affaire conclue a d’ailleurs réuni le 13 janvier dernier 2.21 millions de téléspectateurs, soit 23.7 % de part d’audience : un record pour une émission quotidienne. Mercredi, 20 Minutes s’est rendu sur le tournage de l’émission, à Saint-Denis, pour étudier la recette de ce succès.
Si le succès d’Affaire conclue a mis une chose en évidence, c’est l’intérêt des téléspectateurs pour les objets. Les équipes en voient passer 23 par journée de tournage. « De quoi monter cinq émissions », selon Thomas Burnichon, producteur délégué d’Affaire conclue.
« Les objets sont castés, mais pas les vendeurs »
Le tournage commence par une spéciale James Bond, qui sera diffusée avant la sortie du prochain opus dans le cadre d’un partenariat. Les vendeurs ont apporté une affiche vintage, des photos dédicacées, des assiettes peintes avec des images des films, et un coffret Barbie collector avec un Ken aux traits de Pierce Brosnan. « Quelle que soit la typologie de l’objet, il y a toujours une histoire derrière », souligne Vincent Clément, producteur artistique.
« Les objets sont castés, mais pas les vendeurs », insiste Thomas Burnichon. Des objets, il y en a partout. Sur le décor, en coulisse, et même dans les loges. Dans un coin, près de la machine à café, se dresse une armoire massive : elle a été achetée la semaine précédente. « On garde les objets quelques jours, pour que les vendeurs puissent se rétracter : on ne veut pas qu’ils aient la moindre frustration, mais c’est arrivé rarement », explique le producteur délégué. Les objets vus dans l’émission sont stockés dans un box à part : ni les experts, ni les acheteurs ne peuvent les voir avant le tournage.
Tournages parallèles
Plusieurs séquences d’Affaire conclue sont tournées en simultané. Sur le plateau principal, Sophie Davant et ses commissaires-priseurs découvrent les objets. Les vendeurs se rendent ensuite sur le deuxième plateau, plus petit : il s’agit de la salle de vente où les acheteurs – ce jour-là, François Cases Bardina, Pierre-Jean Chalançon, Julien Cohen, Caroline Margeridon et Anne-Catherine Verwaerde – vont faire monter les enchères.
Les deux pièces sont séparées par un couloir, que les vendeurs empruntent pour se rendre sur le deuxième plateau. Ce qu’on ne voit pas à l’écran, c’est la régie, cachée derrière une cloison. Là, Thomas Burnichon, Vincent Clément et le réalisateur Sébastien Pestel, accompagnés de scriptes, d’un cadreur et de techniciens, observent les deux tournages, communiquant des consignes par micro. L’ambiance est sérieuse mais détendue, parfois potache. Sur le plateau, le collectionneur d’art Pierre-Jean Chalençon fait le show. Après un monologue particulièrement long sur la vie amoureuse de James Bond, Thomas Burnichon se retourne vers l’une des scriptes : « ça, on coupe ».
Personnages hauts en couleur
« PJ », « Caro », « Anne-Cat » ou « Pat »… Les différentes personnalités du casting d’Affaire conclue font le sel de l’émission, participant à son côté addictif, estime le producteur Thomas Burnichon. « L’émission a un côté "telenovela" maintenant. Les marchands sont devenus des personnages, les gens attendent de les retrouver. On vit leurs aventures, on a envie de savoir si Sophie va continuer la blague de l’épisode précédent. »
« Affaire conclue, c’est comme un feuilleton, confirme la présentatrice. Le téléspectateur retrouve ses ingrédients préférés chaque jour. » La recette est addictive pour le casting également. Ce mercredi, l’antiquaire Paul Azzopardi et le brocanteur Bernard Dumeige ne tournent pas, mais ils profitent d’un séjour à Paris pour faire un tour dans les studios. Depuis la régie, ils attendent une estimation sur des symboles francs-maçons. « On regarde les émissions quand on n’y est pas. Parfois, on se dit : "Mais pourquoi ils n’ont pas vendu ça quand c’était notre jour !" », raconte Paul Azzopardi. Dans la salle des ventes, les enchères continuent. « Il suffit qu’on soit deux à vouloir un objet, et ça peut monter vite », commente Bernard Dumeige.
« On ne veut pas devenir une émission de riche »
Sur un fichier dédié, les scriptes notent le montant de l’expertise pour chaque objet, puis le montant de la vente une fois que celle-ci a été conclue. L’ambiance relâchée se tend un moment : une vente est en cours sur le deuxième plateau, les enchères sont encore en dessous de l’expertise et le prix monte peu. L’équipe semble retenir son souffle. L’enjeu, ici, est celui de la crédibilité d’Affaire conclue. « Si notre estimation est atteinte, voire dépassée, cela montre qu’on a de l’expertise », explique Vincent Clément. L’inquiétude sera de courte durée : les acheteurs se livrent à une bataille dont ils ont le secret. Il s’agira finalement de la plus grosse vente de la spéciale James Bond.
Les montants n’égalent pas ceux des jeux télévisés, mais on bat parfois des records de vente dans Affaire conclue. Le 9 janvier, un centre de table signé Pierre-Philippe Thomire a été acheté 16.500 euros par Pierre-Jean Chalençon. Trois mois plus tôt, Caroline Pons avait acheté une statue de lionceau en bronze signée Roger Godchaux pour 12.750 euros.
Hors de ces pièces particulières Affaire conclue s’intéresse surtout aux objets du quotidien. « On ne vend pas un Thomire tout le temps », rappelle Vincent Clément. « En général, quand on a une grosse vente, on essayera d’avoir des objets plus ordinaires dans les émissions suivantes. Les casteurs ont d’ailleurs pour consigne de ne pas choisir que des objets d’arts. On ne veut pas devenir une émission de gens riches. »