Strass et bienveillance… « Danse avec les stars », le mièvre du samedi soir
TELEVISION•Le concours de danse de TF1 revient ce samedi à 21 heures pour une dixième saison et proposera, comme toujours, quelques pas de finesses dans ce monde de brutesFabien Randanne
C’est une planète à part où le cha cha et la rumba ne sont pas ringards. Un univers où sequins et paillettes gravitent au-dessus d’un parquet. Une galaxie où les danseurs ne sont pas tous étoiles mais qu’importe : depuis 2011, cette bulle de divertissement orbite autour des samedis soirs de TF1.
On n’a rien trouvé de mieux, pour évoquer le retour de Danse avec les stars ce samedi, que de filer la métaphore astronomique. Histoire de faire original au sujet d’une émission qu’on ne présente plus mais aussi parce que, les dix candidats de cette dixième saison, que l’on a rencontrés début septembre, semblent en apesanteur, tout à leur bonheur.
« La France a aujourd’hui besoin de bienveillance »
Moundir, par exemple, reconnaît avoir crié de joie « comme un enfant » quand il a appris qu’il était retenu à l’issue du casting. Le mâle alpha de Koh Lanta réjoui à l’idée de faire des entrechats ? Oui. « Dans Danse avec les stars, on est dans le vrai, on ne s’élimine pas les uns les autres, on s’entraide. Dans les jeux d’aventure, on se conditionne pour gagner et on se méfie des autres », compare l’ex-naufragé des totems d’immunité. « Koh Lanta ne véhicule pas forcément de bonnes valeurs, il faut souvent trahir pour espérer aller le plus loin possible, reprend-il. Danse avec les stars véhicule des valeurs, de dépassement de soi, d’apprentissage, d’énergie que l’on envoie aux gens. La France a aujourd’hui besoin de bienveillance ».
Mayday, mayday ! Ça y est, « bienveillance », le mot est lâché et se répand sur les lèvres des autres apprentis danseurs du samedi soir. Sur celles du nageur paralympique Sami El Gueddari, par exemple. Il dit aussi : « On est sur l’entraînement, la vraie vie, les rapports humains. » L’athlète l’assure, Danse avec les stars est la seule aventure télévisée qui le tentait. « Parce que c’est du sport, de la performance, du dépassement de soi. » Et puis, sa mère « adore ». L’admiration maternelle comme une conquête spéciale ?
« Mon fils, tu vas être beau ! »
Ne riez pas, la validation des mamans est un réel sujet. Celle de Yoann Riou est fan. « Quand elle a appris que je participais, elle m’a dit : "Mais, mon fils, tu vas être beau, tu verras, il n’y a que des paillettes, c’est énorme !" », s’enthousiasme le journaliste de L’Equipe TV qui rejoue la scène en mettant toutes les intonations. S’il va délaisser, le temps de quelques soirées, la confidentialité de la TNT – où il commente les matchs – pour une large exposition sur la première chaîne d’Europe, une chose est sûre, il n’est pas près de redescendre de son nuage.
« C’est hyper impressionnant, c’est un gros truc ! Pour moi, le samedi soir, c’est Champs Elysées, Drucker, les grandes soirées de Patrick Sébastien », énumère-t-il en convoquant ses souvenirs télévisés des années 1980. Non pas pour entonner la rengaine du « C’était mieux avant » mais parce que ces divertissements « offraient un peu de bonheur aux gens ». Il entend bien faire de même en livrant au public ses déhanchés sur une salsa comme un cadeau.
« La vie, l’énergie, la positivité »
Liane Foly dit la même chose, avec d’autres mots. « On vit une période agressive, violente. Avec cette émission on est comme dans du Walt Disney. On peut rêver, on peut oublier ses problèmes un samedi soir », assure la chanteuse qui a repris du Balavoine mais pas SOS d’un Terrien en détresse – ce qui aurait été bien pratique pour filer la métaphore spatiale. Pour elle, ce sera quelques pas en finesse dans un monde de brutes : « Danse avec les stars, c’est la vie, l’énergie, la positivité, le bonheur, donner du baume au cœur aux gens. »
Les téléspectateurs et téléspectatrices sont au rendez-vous. L’an passé, l’émission était suivie en moyenne par 4.2 millions de personnes. C’est certes bien moins que les 5.9 millions de la saison 4 en 2013, mais mieux que les 4.1 millions d’il y a deux ans. L’arrivée, à la présentation de Camille Combal, a aidé à redonner du poil de la bête à un concept qui semblait en perte de vitesse.
A moins que le pouvoir d’attraction de Danse avec les stars s’explique par la trêve du samedi soir. C’est-à-dire la promesse d’un moment suspendu, où les bonnes notes s’envolent même lorsque les candidats trébuchent sur les chorégraphies. Un peu plus de deux heures durant lesquelles on fait semblant de croire que Chris Marques a la dent dure avec les danseurs amateurs et que Jean-Marc Généreux « achèèèèèète » vraiment (avec quel argent ?) ce qu’il vient de voir. Un prime time qui, par la force de robes à franges virevoltantes et d’abdos saillants insolents, fait décoller très loin nos vagues à l’âme – allez, hop, du ballet ! La demi-douzaine de coupures publicitaires n’aurait ainsi d’autre fonction que de nous aider à garder les pieds sur terre.