VIDEO. «On n'est pas couché»: Christine Angot, une chroniqueuse à qui l'on veut du bien
TELEVISION•L'auteure devrait être au rendez-vous de la prochaine saison du talk-show de France 2 à la rentrée. Une perspective qui ne plaira pas à ses nombreux détracteurs, dont nous ne faisons pas partie...Fabien Randanne et Clio Weickert
L'essentiel
- Samedi soir, Christine Angot bouclera sa première saison de chroniqueuse à « On n’est pas couché » sur France 2.
- Ces derniers mois, elle n’a pas manqué d’être critiquée pour son attitude dans l’émission, notamment pour un face-à-face très tendue avec Sandrine Rousseau qui était venue parler de l’agression sexuelle dont elle a été victime.
- Le profil clivant de l’auteure de « L’Inceste », n’est pas pour déplaire à « 20 Minutes ».
On ne peut pas dire que sa présence sur France 2 soit passée inaperçue. Christine Angot, dernière recrue de Laurent Ruquier dans On n’est pas couché (ONPC), a presque plus fait parler d’elle en une saison que Nauleau et Zemmour en quatre.
Régulièrement taxée d’hystérique ou attaquée sur son pseudo-manque d’empathie, elle a refusé de courber l’échine et continué à tracer sa route. Vers une seconde saison ? Si Yann Moix ne sera pas reconduit l’an prochain, la chroniqueuse devrait quant à elle répondre présent. Un signal fort que pourrait envoyer la chaîne, et le moment de prouver que la télé publique aussi peut avoir du clito.
Un profil qui détonne
Car Christine Angot a le mérite de réveiller un paysage audiovisuel corseté. « Je ne suis pas une journaliste, je suis ici pour essayer de dire comment je peux ressentir certaines phrases », expliquait-elle en mars à l’avocat Eric Dupond-Moretti avec qui elle s’est accrochée sur le plateau d’ONPC. Ses détracteurs ne cessent de ridiculiser ses périphrases et ses questions à rallonge. Mais que lui reprochent-ils vraiment ? Sa rhétorique contrariée ou son aversion du consensus ? Plus à l’aise à l’écrit qu’à l’oral, elle ne veut pas adopter les codes des snipers et autres polémistes, rodés à la langue de bois des politiques et armés pour les joutes verbales. « Derrière les phrases, derrière le texte, il y a quelqu’un, une vie, une personne vivante, et unique », confiait-elle à Télérama. Une posture singulière qui détonne avec les personnalités habituelles du petit écran. Si certains remettent en cause sa légitimité, impossible de lui reprocher de pécher par manque d’intégrité et de franchise.
Fut un temps, que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaître, où la colère était habituelle à la télévision. Les cendriers volaient sur le plateau du Droit de réponse de Michel Polac et Daniel Balavoine haussait le ton sans trembler face à Mitterrand. Quand en 2017, Christine Angot fait face à François Fillon dans L’Emission politique, elle y perd des plumes. Moquée pour s’être énervée, raillée pour s’être laissé déborder par ses émotions, elle est allée au casse-pipe comme une kamikaze.
Mais les éditorialistes de comptoir qui avaient tous leur avis sur « l’affaire Fillon » ont-ils des leçons à lui donner ? Elle aura au moins eu le mérite de donner à voir ce que l’on appelle « un moment de télévision ». Une dizaine de minutes où la machine trop bien huilée s’est grippée, où les yeux ronds ont succédé au ronron. « Les gens me disaient que j’avais parlé pour eux, soulignera-t-elle quelques jours plus tard dans Le Monde. Personne ne trouve les mots. Les journalistes posent des questions convenues, convenables, par souci d’objectivité. » Elle a employé des mots à elle, peut-être pas les plus pertinents mais, une chose est sûre, son emportement ne relevait pas de la posture.
Elle est en colère ? Appelons ça de l’hystérie
Même chose lors de son face-à-face à l’automne dans ONPC avec Sandrine Rousseau, ex-secrétaire nationale adjointe d’Europe Ecologie-Les Verts qui déplorait que, dans son parti, personne ne l’a écoutée lorsqu’elle a révélé l’agression sexuelle dont elle a été victime. « Evidemment, il n’y a personne pour écouter ce message. On se débrouille ! C’est comme ça ! », a répondu Christine Angot excédée lors de cet épisode qui a défrayé la chronique.
Sous l’émotion, on aurait tôt fait de s’indigner de cette dureté. Or, quelques jours plus tard, éclatait l’affaire Weinstein et naissait le mouvement #MeToo, prouvant à quel point la chape de plomb pesant sur les femmes victimes de viols et d’agressions était lourde. Le plus grand nombre a aussi constaté que, si cette parole se libérait, elle était remise en question par beaucoup.
Christine Angot n’avait donc pas tout à fait tort. A l’époque, Sandrine Rousseau elle-même refusait de l’accabler. « Finalement elle et moi on ne dit pas des choses très différentes. Elle dit que les femmes se débrouillent toutes seules, je dis que les femmes se débrouillent trop toutes seules. (…) On s’est dit que c’était très difficile de parler de ça et qu’il fallait qu’on trouve un moyen d’en parler suffisamment apaisé pour que tout le monde puisse l’entendre », confiait l’ex-femme politique sur TMC.
Christine Angot est en colère ? Appelons plutôt ça de l’hystérie. Elle est avare de mots réconfortants ? Cela ne peut qu’être le signe de son évidente cruauté, pensent ses détracteurs Méchante, sans cœur, sourde à la douleur, inélégante, prompte à faire pleurer, les femmes qui plus est… La liste des défauts de l’auteure que dressent ses pourfendeurs est longue comme un numéro d’ONPC.
Un monstre qui a l’indécence de ne pas respecter les codes du féminin
Mais son plus gros point faible selon les juges anonymes des réseaux sociaux n’est-il pas son refus de se ranger à sa place de femme que d’aucuns voudraient lui assigner ? Si Christine Angot est un monstre aux yeux de certains, c’est parce qu’elle a l’indécence de ne pas respecter les codes du féminin et qu’elle s’en contrefout royalement. Elle a le courage de ne pas se réduire à son genre, à son histoire et a l’audace d’affirmer qu’elle n’est qu’elle-même.
« Dans la vie, on a tous l’air ridicule, dans notre façon de parler, dans notre accent, dans notre manière de construire des phrases, glissait-elle à 20 Minutes. Mais il y a un endroit où on n’est pas ridicules : notre être. » C’est peut-être parce que son for intérieur est imprenable qu’elle dérange autant. Christine Angot ne cherche pas à plaire et ne craint pas d’être impopulaire. Ses détracteurs sont prévenus : s’ils entendent veiller à la faire craquer, ils ne sont pas couchés.