MYTHOMANIEQui était la vraie fausse victime du Bataclan au cœur d'« Une amie dévouée »

« Une amie dévouée » sur Max : Qui était la vraie « Chris », la mytho du Bataclan ?

MYTHOMANIEFlorence, nommée « Chris » dans « Une amie dévouée », disponible vendredi 11 octobre sur HBO Max, a dupé les rescapés des attentats du 13-Novembre en se faisant passer pour une victime
Laure Beaudonnet

Laure Beaudonnet

L'essentiel

  • Une amie dévouée, minisérie diffusée par Max ce vendredi 11 octobre, s’inspire de La mythomane du Bataclan, le livre-enquête signé Alexandre Kauffmann.
  • Dans la vraie vie, elle s’appelle Florence. Dans la minisérie de Max, elle s’appelle « Chris » et est interprétée par Laure Calamy.
  • Une plongée dans un mensonge tentaculaire qui a traumatisé les membres de l’association Life for Paris, déjà sidérés par les attentats du 13-novembre.

«Je pense qu’elle a été sincère dans notre amitié », estime Stéphanie, victime du Bataclan qui témoigne dans Les Pieds sur Terre sur France Culture de sa relation avec Florence, fausse victime du 13-novembre 2015. Connue pour être La mythomane du Bataclan, surnom tiré du livre-enquête d’Alexandre Kauffmann en 2021, elle inspire la minisérie Une amie Dévouée, disponible à partir du vendredi 11 octobre sur Max.

Dans cette fiction, Florence s’appelle « Chris » (Laure Calamy), elle a une culture musicale hors du commun. Elle n’a jamais raté un seul concert des Eagles of Death Metal. Mais ce vendredi 13 novembre 2015, elle n’était pas au Bataclan quand les terroristes ont ouvert le feu sur la foule et, étrangement, elle s’en mord les doigts. Elle aurait dû y être, elle aurait dû prendre une balle. Rapidement, elle rejoint la page Facebook des rescapés des attentats de Paris et invente son histoire de meilleur ami, Vincent, blessé pendant le concert et plongé dans le coma.

D’autres fausses victimes démasquées

Elle communique sur le groupe, décrit les soins hospitaliers dont il fait l’objet, ses opérations, sa rééducation… Elle crée même un faux profil Facebook au nom de Vincent avec lequel elle échange avec d’autres victimes. Chris est joviale, bienveillante, à l’écoute. Elle ne compte pas ses heures pour les traumatisés des attentas. Elle se rend disponible jour et nuit et devient incontournable dans l’association Life for Paris qui lui réserve son unique poste de salarié.

Chris est un pilier de cette nouvelle famille. Elle accueille les rescapés qui poussent la porte de l’asso et les aide dans leurs démarches administratives. Après plusieurs scandales, elle est même chargée de vérifier l’authenticité des témoignages et de leur demander des preuves matérielles de leur présence sur les lieux des attaques. Et comble de l’histoire, elle réussit à débusquer plusieurs fausses victimes des attentats de Paris.

« Florence M. avait besoin de socialiser. Et quand on est victime de cet événement, on n’est plus que soi, on n’est plus une personne isolée, on devient un symbole, un bout de la France, un morceau collectif. Je pense que c’est ce qui l’a poussée à agir, explique Alexandre Kauffmann dans une interview à 20 Minutes à l’heure de la publication de son enquête. Mais le mensonge est dévastateur.

Pour certains survivants « l’imposture de Florence M. leur [a] fait plus de mal que l’attentat lui-même », pointe le journaliste. Car la quinquagénaire va très loin dans ses mensonges. Elle invente des personnages -un ex parti aux Etats-Unis, un passé rocambolesque dans le rock-, elle séduit même le personnage de Myriam (Stéphanie dans la vraie vie) avec le faux compte de Vincent, échangeant avec elle des mots doux quotidiens.

Un bracelet électronique à la cheville

Pire, elle se fait passer pour une survivante auprès du Fonds de garantie des victimes des actes de terrorisme pour toucher une indemnisation, utilisant ses heures d’écoutes pour construire sa propre histoire. Elle a même récupéré le billet du concert des Eagles of Death Metal auprès d’une victime de l’association pour apporter une preuve à l’administration. Dans cette fuite en avant mensongère, Florence, déjà condamnée pour arnaques et fraudes, portait un bracelet électronique à la cheville.

« Parmi toutes les fausses victimes, Florence M. a le parcours le plus improbable et le plus vertigineux. Même si on trouve, dans chacune de ces histoires, des détails burlesques et absurdes, la sienne est ponctuée d’innombrables rebonds, de mises en abîme, notait Alexandre Kauffmann. Et il y avait un versant numérique à son mensonge qui rendait son parcours encore plus mystérieux. A tel point que je me disais que si on avait fait ce récit sous forme de fiction, ça aurait semblé invraisemblable. » Une amie dévouée, portée par la somptueuse Laure Calamy, relève le défi haut la main avec un thriller psychologique intense.