« Those About To Die » : Pourquoi on aime toujours autant les films (et les séries) de gladiateurs
péplum•« Those About To Die », disponible ce vendredi sur Amazon Prime Video, plonge dans les coulisses de jeux du Cirque à Rome en 79 après Jésus-ChristCaroline Vié
L'essentiel
- La série « Those About To Die » s'inspire d'une vision fantasmée de l'Antiquité popularisée par des peintres comme Jean-Léon Gérôme, avec des scènes de combats sanglants dans l'arène du Colisée.
- Les gladiateurs représentent une lutte contre l’injustice, à l'image de Spartacus dans le film éponyme de Stanley Kubrick.
- Le genre présente aussi une dimension homoérotique avec la représentation de corps masculins très musclés et enduits d'huile.
«Ave César, ceux qui vont mourir te saluent ! » Bien que nous ne soyons pas l’empereur, nous sommes polis, alors on répond « Ave » aussi aux gladiateurs que l’on découvre dans Those About To Die, une série de Robert Rodat disponible sur Amazon ce vendredi. Ces dix épisodes réalisés par Roland Emmerich et Marco Kreuzpainter nous transportent en 79 après Jésus-Christ à Rome.
Dans cette ville bouillonnante, les jeux du Circus Maximus sont le divertissement favori d’une population violente dominée par des dirigeants brutaux (Anthony Hopkins en empereur en fait des tonnes et on adore). Cette plongée dans les courses de chars et combats de gladiateurs s’accompagne de regards dans les coulisses où dignitaires, participants et spectateurs composent un patchwork d’histoires variées. Membres tranchés, trahisons fratricides et mort brutales y sont monnaie courante. Quelques mois avant la sortie de Gladiator 2 de Ridley Scott, Those About To Die invite à s’interroger sur la fascination que nous pouvons ressentir pour les films (et les séries) de gladiateurs.
Une Antiquité fantasmée
« Ça remonte au moins au XIXe siècle avec la « peinture d’histoire » du style du peintre Jean-Léon Gérôme, explique, à 20 Minutes, l’historien du cinéma et spécialiste du péplum Laurent Aknin. Il s’agit d’une Antiquité totalement fantasmée même si elle est basée sur des faits historiques. » Cet artiste, né en 1824 et décédé en 1904, a popularisé une imagerie guerrière. Il serait le créateur du célèbre « pouce levé ou abaissé » pour signifier la clémence ou l’exécution dans l’arène qui n’aurait aucune réalité historique.
Ce geste emblématique est, bien évidemment, présent dans la série où il est générateur de suspense en décidant du sort de certains héros particulièrement attachants.
Un défi à l’autorité
Le public s’identifie aux combattants, victimes d’une société spectacle qui leur coûte la vie. « Les gladiateurs sont aussi devenus des symboles de lutte pour la justice avec Spartacus de Stanley Kubrick et tous les films qui s’en sont inspirés », précise Laurent Aknin. Le personnage d’esclave révolté incarné par Kirk Douglas en 1959 demeure un symbole fort de résistance à l’autorité par la façon dont il défie Rome en sacrifiant sa vie.
Les esclaves envoyés se battre contre leur gré pour le plaisir des foules sont des personnages centraux dans Those About To Die. Sara Martins, Moe Mashim et Jóhannes Haukur Jóhannesson rendent leurs épreuves particulièrement émouvantes.
Une dimension homoérotique
« Il y a aussi toute la dimension homoérotique du genre et le réservoir à fantasmes qui y est associé », explique Laurent Aknin. On se souvient de la réplique culte « Tu aimes les films de gladiateurs ? » que pose le capitaine Leslie Nielsen à un jeune passager dans le parodique Y a-t-il un pilote dans l’avion ? (1980). On ne va pas se mentir : voir des gladiateurs bien bâtis dans l’arène satisfait le bonheur esthétique de bien des spectateurs (et aussi des spectatrices !).
Those About To Die ne fait pas l’économie de cette représentation où des messieurs très musclés s’entretuent en exhibant de pectoraux en pâte d’amande (les tablettes de chocolat n’ayant pas encore été inventées).
Alors en attendant Gladiator II, le 13 novembre prochain, Those About To Die est une bonne façon de patienter. Du pain (ou ce que vous voulez) et des jeux, on n’a jamais fait mieux depuis l’Antiquité !
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