« This is going to hurt », une série médico-marrante aux allures de cri d'alarme
SPARADRAP•Adaptée du roman d’Adam Kay, « This is going to hurt » est déjà disponible sur myCanal20 Minutes
Fort du succès de son roman This is going to hurt , Adam Kay a décidé de l’adapter à l’écran. « J’aime penser que personne, avant nous, n’avait fait une série aussi réaliste sur l’hôpital », a-t-il expliqué dans une interview pour la BBC. Ancien médecin, il insiste sur la nécessité de dépeindre non seulement le quotidien du personnel médical, mais aussi la réalité financière et familiale des personnages.
Une série crue
Le personnage principal et narrateur, Adam, est médecin obstétricien dans un hôpital public. Ses cernes, qui ne le quittent jamais, annoncent la couleur : à l’hôpital la vie est rude. Il faut composer avec la hiérarchie, rattraper les erreurs des internes, rassurer les patientes et prendre soin des nourrissons.
Le premier épisode s’ouvre sur une scène éprouvante. Une jeune femme est en train d’accoucher quelque part devant l’hôpital. Adam, qui venait de finir son service, s’était endormi dans sa voiture. Il est rappelé en urgence et réussi tant bien que mal à mener la patiente dans une salle d’accouchement. La panique est maîtrisée par une nonchalance surprenante. Il y a du sang, des fluides, de la chair et des scalpels. L’auteur de la série ironise en interview : « Je suis presque sûr que personne n’a jamais fait de série aussi dégoûtante sur l’hôpital ! »
L’humour anglais à la rescousse
Alors, c’est vrai, il est fortement déconseillé de se faire un plateau-repas devant les scènes de césariennes. Mais This is going to hurt ne verse pas dans le gore pour autant. Elle met le doigt là où ça fait mal. Finalement, ce qui est le plus violent à regarder, ce ne sont pas les actes médicaux, mais les cadences infernales et le manque de moyens.
Ce douloureux constat de l’hôpital public, Adam Kay l’a vécu de l’intérieur au cours de sa précédente carrière. Et c’est sur un ton comique qu’il arrive à transmettre son expérience. C’est drôle, grinçant, presque cynique parfois. Ben Wishaw, dans le rôle d’Adam, est impeccable : il arrive toujours à dessiner sur nos visages, un sourire en coin.
L’hôpital : une inspiration sans fin
Des séries sur l’hôpital, il y en a eu : Docteur House, H et plus récemment Hippocrate. Chacune dans un registre très différent, elles ont su faire de l’hôpital un passionnant décor de série. Mais This is going to hurt réussit un coup de génie : sublimer un récit quasi-documentaire avec un ton humoristiquement osé.
Et pourtant, l’état des hôpitaux publics britanniques ne prête pas à rire. Le 25 novembre 2019, avant que le Covid-19 ne fasse irruption en Europe, le quotidien The Guardian écrivait : « Le nombre de lits d’hôpitaux est à son plus bas niveau jamais enregistré […]. Le système de santé anglais a supprimé tellement de lits ces dernières années qu’il n’en reste plus que 127.225 pour faire face à la demande croissante de soins, qui va s’intensifier avec l’hiver qui arrive. ». Cette remarque ne prenait pas en compte les conséquences de la pandémie sur l’hôpital public… non pas à genoux, mais à terre.
A l’instar d’Hippocrate dont la troisième saison traitera de l’impact de la pandémie sur le personnel hospitalier français, une suite de This is going to hurt, avec la même pointe de malice que cette saison, serait salutaire.