CanneSeries : « Infiniti », un envoûtant « polar cosmique » qui explore les confins de l’âme humaine
TRANSCENDANCE•Le polar spatial « Infiniti », présenté hors compétition à CanneSeries ce samedi, atterrit sur Canal+ ce lundi sur 21hAnne Demoulin
L'essentiel
- Canal+ diffuse ce lundi le polar spatial Infiniti, présenté hors compétition à CanneSeries ce samedi.
- Dans cette série, créée par Stéphane Pannetier et Julien Vanlerenberghe, la Station Spatiale Internationale (ISS) ne répond plus à la suite d’un étrange accident. Par ailleurs, plusieurs cadavres décapités et recouverts de cire sont découverts autour du cosmodrome de Baïkonour.
- Cette série française ambitieuse est portée par Céline Sallette.
Une ambitieuse quête spatio-spirituelle à Baïkonour, là où se cohabitent yourtes et fusées, foi en la science et superstitions ancestrales. Dans Infiniti, série présentée ce samedi hors compétition à CanneSeries et diffusée ce lundi à 21h sur Canal+, alors que la Station Spatiale Internationale ne répond plus à la suite d’un étrange accident, plusieurs cadavres décapités et recouverts de cire sont découverts autour du cosmodrome de Baïkonour. Le point de départ d’un envoûtant « polar cosmique », comme résument Stéphane Pannetier et Julien Vanlerenberghe, les créateurs de la série, que 20 Minutes a rencontré au festival azuréen.
« Depuis notre rencontre avec Julien au conservatoire [Conservatoire Européen d’Écriture Audiovisuelle], on avait très envie de travailler sur l’espace », raconte Stéphane Pannetier. Et de poursuivre : « Le polar était rassurant, particulièrement à la télé française, pour pouvoir s’autoriser une digression vers un truc un peu mystique ou ésotérique. »
« Le contraste entre le cosmodrome et la steppe »
C’est en Guyane, non loin de Kourou que naît l’idée d’associer mysticisme et espace. « On a découvert le contraste entre la jungle qui ronge tout et l’extrême technicité de la base et du spatioport de Kourou. Il y a quelque chose avec tout l’historique du fleuve Maroni pas très loin et des traditions shamaniques qui était de l’ordre d’une forme - en tout cas de notre point de vue de métropolitain - d’ésotérisme assez excitant », explique Stéphane Pannetier. Le hic ? Au même moment, Canal+ développe la fiction Guyane tandis qu’Arte prépare Maroni.
Les deux scénaristes transposent leur histoire au Kazakhstan, rejoints par le réalisateur Thierry Poiraud (Zone Blanche). « On a constaté le même contraste entre le cosmodrome et la steppe », se réjouit Julien Vanlerenberghe. Cette dualité est incarnée par les deux héros, Anna Zarathi (Céline Sallette, intense), une spationaute française « un peu en proie à l’irrationnel » et en pleine crise existentielle, rappelée par le cosmodrome à la suite de l’accident et « le flic cartésien » Isaak Turgun (Daniyar Alshinov, épatant), « au contraire d’elle extrêmement terrestre », note Julien Vanlerenberghe. « C’était cette dualité, cette opposition dans la construction des personnages qui a aussi inspiré cette forme de récit. »
« Des traces de religions plus ancestrales comme le zoroastrisme »
Pour leurs recherches sur l’espace, les deux auteurs rencontrent la spationaute Claudie Haigneré, conseillère auprès du directeur général de l’ESA (Agence spatiale européenne), et Jean-François Clervoy, spationaute à l’ESA et vétéran de trois missions avec la NASA, « à bord de la navette Challenger et de la station MIR », précise Stéphane Pannetier. « Ils nous ont plus apporté des anecdotes de vie que des spécificités techniques », pointe Julien Vanlerenberge. Claudie Haigneré raconte ainsi à Céline Sallette « qu’elle a passé tout le voyage en fermant les yeux et qu’il lui a fallu une seconde fois pour pouvoir vraiment profiter », rapporte Julien Vanlerenberge.
Dans les terres hostiles du Kazakhstan, les premiers éléments de l’enquête sur les corps décapités selon un rituel sacrificiel, emmène le flic cartésien Isaak Turgun sur les traces des adorateurs de la religion prêchée par le prophète Zarathoustra. Près de Baïkonour, « il y a une présence essentielle de l’islam, mais aussi des traces de religions plus ancestrales comme le zoroastrisme », précise Julien Vanlerenberghe.
Il s’avère que les victimes sur terre ont le même ADN que les astronautes en orbite dans l’ISS. La spationaute Anna Zarathi et le flic Isaak Turgun vont tenter de résoudre ce paradoxe. « L’idée qui a gouverné au projet, c’est qu’on allait chercher à se tourner autant vers l’infini extérieur, celle des étoiles, des cieux au sens chrétien, mais aussi vers l’infini intérieur, la multiplicité de nos destins, l’arborescence que pourraient avoir nos vies et aussi la profondeur de l’âme de chacun. Dans cette dualité du signe de l’infini, on s’intéresse à l’endroit où les lignes se croisent », analyse Julien Vanlerenberghe.
Voilà nos deux héros embarqués sur un ruban de Möbius mêlant inextricablement thriller et SF, corruption et chamanisme, mysticisme et réalisme. Un touchant et majestueux voyage sur Terre, vers l’infini et au-delà.