PROSTITUTION« Red Light » montre « la réalité » du quartier rouge

Avec « Red Light », Carice Van Houten veut montrer « la réalité » du quartier rouge

PROSTITUTIONCarice Van Houten, alias Mélisandre dans « Game of Thrones » est l’actrice, la productrice, et la créatrice de « Red Light », thriller dans le quartier rouge d’Anvers diffusé ce jeudi sur Arte
Anne Demoulin

Anne Demoulin

L'essentiel

  • Carice Van Houten a fondé avec Halina Reijn une société de production.
  • Leur première série, Red Light, est diffusée ce jeudi sur Arte et disponible sur Arte.tv.
  • Rencontre avec la star de Game of Thrones à Canneséries, où ce thriller sur fond de prostitution a été primé.

Une plongée au cœur du tristement fameux quartier rouge à Anvers. Red Light, disponible en intégralité sur Arte.tv, et dont Arte diffuse la seconde partie ce jeudi, est née d’une rencontre sur le plateau du film de Paul Verhoeven Black Book en 2006 entre Carice Van Houten, la future prêtresse rouge, Mélisandre, de Game of Thrones et Halina Reijn. Les deux actrices, devenues amies, ont lancé leur société de production, Man Up Film.

En 2019, ce tandem féminin s’est fait connaître avec le thriller carcéral Instinct, présélectionné aux Oscars. En 2020, leur première série, Red Light, entrecroise le destin de trois femmes, une prostituée (Sylvia Steenhuyzen, jouée par Carice Van Houten), une policière (Evi Vercruyssen campée par Maaike Neuville) et une soprano (Esther Vinkel incarnée par Halina Reijn). Une œuvre récompensée à CanneSeries par le prix spécial et collectif d’interprétation et le prix des lycéens.

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« Red Light est en fait notre premier projet, initié il y a sept ans, quand nous avons lancé notre société de production », raconte Carice Van Houten, avec qui 20 Minutes s’est entretenu lors d’une table ronde à CanneSeries. Une entreprise née d’une prise de conscience : « Nous étions actrices depuis longtemps et on avait l’impression de toujours faire ce que les autres nous disaient de faire », confie l’actrice, créatrice et productrice de la série.

« Les questions de la sexualité, du pouvoir et de l’identité féminine »

L’idée de Red Light est née dans un café, à la suite d’une promenade dans le quartier rouge. « Halina pensait que ce serait une arène géniale pour une série qui explorerait les questions de la sexualité, du pouvoir et de l’identité féminine », explique Carice Van Houten.

Si Red Light traite « de femmes se libérant », ce projet a été aussi une source d’ empouvoirement pour les deux actrices. « Le processus était le même. Nous devions faire notre place dans un monde d’hommes nous disant quoi faire. D’une certaine manière, il s’agissait d’une véritable émancipation », confie Carice Van Houten. Un long parcours de sept ans pour trouver les financements nécessaires.

Après la vague #MeToo, les deux créatrices ont aussi mûrement réfléchi à la façon de représenter les corps féminins à l’écran. « Instinctivement, nous nous sommes imposé un dogme, celui de ne montrer aucune nudité féminine. Évidemment, avec cette arène, c’était délicat, mais nous voulions éviter de reproduire le “mâle gaze”. Nous ne voulions pas d’un club de strip-tease avec uniquement des figurantes taille 34, nous réclamions aussi des grandes tailles », détaille la créatrice.

« Elles ploient sous les mêmes injonctions patriarcales »

Alors qu’au départ, tout semble opposer les trois héroïnes de Red Light, la série s’attache à montrer « qu’elles ont beaucoup en commun. Même si elles viennent de milieux très différents, elles ploient sous les mêmes injonctions patriarcales, comme le fait de vieillir ou qu’on attende d’elles qu’elles deviennent mères », résume Carice Van Houten,

Sylvia « enfermée dans une relation abusive de co-dépendance, n’est pas consciente de ses propres désirs ». Esther, malgré sa brillante carrière, est devenue « obsédée par le désir de maternité, sans même plus savoir s’il s’agit de son propre désir », et Evi « aspire à échapper à son rôle de mère. »

La prostitution est assurément au cœur de ce thriller sur fond de meurtre aux accents de drame social. Carice Van Houten s’est documenté auprès de prostituées, de policiers et d’ONG luttant contre le trafic d’êtres humains pour préparer la fiction. Pas question cependant de porter un quelconque jugement sur les travailleuses du sexe. « Qui suis-je pour juger ? Nous voulions juste montrer ce qui se passe. Nous n’apportons pas de réponses, nous ne savons pas s’il vaut mieux légaliser ou pas. La situation est trop complexe », souligne-t-elle.

Et d’expliquer : « Nous souhaitions juste montrer le côté sordide du quartier rouge, pas seulement sa version hollywoodienne », détaille Carice Van Houten, qui déplore, à juste titre, que les touristes visitent ce lieu « avec leurs enfants » à la manière d’un « Disneyland ». « C’est insensé », conclut-elle.