TEEN-SHOW« Euphoria », une saison 2 aussi magistrale que désordonnée

« Euphoria » revient pour une saison 2 aussi magistrale que désordonnée

TEEN-SHOWDeux ans et demi après la saison 1, la série d’ados signée HBO « Euphoria » fait son retour pour une saison 2 ce lundi en US +24 sur OCS
Anne Demoulin

Anne Demoulin

L'essentiel

  • Cela fait deux et demi que la saison 1 d’« Euphoria » a fait sensation sur HBO en juin 2019.
  • La saison 2, ce lundi sur OCS, va suivre la rechute dans la drogue de la toxicomane de 17 ans Rue (Zendaya).
  • Comme en saison 1, Euphoria explore les thèmes de la toxicomanie, de la violence domestique, de la recherche de la sexualité, des relations toxiques et des traumatismes profondément enracinés…

Une saison 2 avec plus de sexe, plus de drogue, plus de violence, et encore plus de nihilisme. Cela fait deux ans et demi que la saison 1 d’Euphoria a fait sensation sur HBO en juin 2019. Depuis, le monde a été frappé par une pandémie mondiale, Zendaya, qui incarne Rue, l’héroïne du teen-show pour adultes de HBO, devenue une superstar, a remporté un Emmy pour sa performance… Beaucoup de choses ont changé dans le monde. Pour le meilleur et pour le pire, après deux épisodes spéciaux en décembre 2020 et janvier 2021, la saison 2 d’Euphoria, dont le premier épisode est diffusé ce lundi à 20 h 40 sur OCS City, reprend essentiellement là où elle s’était arrêtée sans parvenir tout à fait à se réinventer. Pire, elle perd de vue ses propres forces.

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Le premier épisode des huit volets de la saison 2 d’Euphoria s’ouvre comme un film de Martin Scorsese, sur un flash-back de dix minutes qui revient sur l’enfance du trafiquant de drogue Fezco (Angus Cloud) avec sa grand-mère gangster (Kathrine Narducci des Sopranos, vue chez Scorsese dans The Irishman), narrée par Rue. Une séquence ultra-trash avec un bébé qui mange une cigarette, de la nudité dans un club de strip-tease, un full frontal, et de multiples scènes de violence.

La bande-son avec Jump Into the Fire de Harry Nilsson, titre utilisé dans la séquence d’hélicoptères des Affranchis et I Walk on Guilded Splinters de Johnny Jenkins, dont la version de Paul Weller est jouée sur le montage de la fin de la saison 4 de The Wire, cimente l’idée que Sam Levinson, créateur, scénariste et réalisateur d’Euphoria, essaye de pousser encore les normes en termes de nudité, de sexe, de violence et de drogue posées par ces deux chefs-d’œuvre du genre gangster. La saison 2 explore le passé de certains protagonistes, leurs relations parentales et les schémas d’enfance pour mieux comprendre ce qu’ils sont devenus.

La descente aux enfers de Rue

La première saison s’est terminée sur une triste note. Après avoir élaboré un plan pour s’enfuir de leur ville claustrophobe, Rue décidait de laisser partir Jules (Hunter Schafer) à bord du train. Brisée, Rue rentrait chez elle en larmes et rechutait dans la toxicomanie.

En ce début de saison 2, Rue se retrouve avec Fez et son frère Ash chez une improbable ancienne institutrice devenue baronne de la drogue. Cette seconde saison va donc suivre la descente aux enfers de la jeune femme aux prises tout autant avec sa dépendance qu’aux situations dangereuses défiant la mort. Cette saison 2 vaut le détour pour la trajectoire de Rue, combinaison de montée d’adrénaline et de drame.

Eliott, nouvelle recrue de la saison 2

Après cette séquence digne d’un épisode de Breaking Bad, Rue va finalement se retrouver à fêter la Saint-Sylvestre avec le reste des lycéens d’East Highland. La saison 2 va suivre les retombées de cette nuit très mouvementée.

Evidemment, au fil des épisodes, la jeune femme va avoir de plus en plus de mal à cacher sa rechute à ses proches, son parrain Ali (Colman Domingo), sa mère Leslie (Nika King), sa sœur Gia (Storm Reid) et Jules (Hunter Schafer). Elle trouve du réconfort auprès d’Elliot (Dominic Fike), nouveau venu de cette saison, avec qui elle peut se droguer librement.

Hélas, dans cette saison 2, la fascinante Jules ne se définit que selon l’évolution de ses relations avec Rue et ce nouveau personnage. Euphoria ne réussit pas à mieux intégrer Jules dans le tissu social plus large de la série.

Cassie, de plus en plus déséquilibrée

« Je ne sais pas si je suis une bonne personne », dit Cassie (Sydney Sweeney, dont on a pu apprécier une autre facette de son talent dans The White Lotus) en larmes lors du premier épisode. Cassie, qui, après avoir avorté la saison dernière et rompu avec son petit ami McKay (Algee Smith) se retrouve célibataire pour la première fois. Euphoria tape juste en scrutant tout au long de cette saison 2 sa dégradation émotionnelle, mais l’enlise dans une romance vouée à l’échec et un triangle amoureux entre trois personnages principaux (pas de spoilers) dont l’intrigue est la plus répétitive de la saison.

Certains des jeunes adultes passent plus de temps sous les projecteurs, notamment Fezco et Lexi (Maude Apatow), la sœur cadette de Cassie, la meilleure amie d’enfance de Rue, à l’origine de la pièce de théâtre de l’école qui va occuper le devant de la scène.

Certains personnages secondaires mal exploités

Sans surprise, la relation toxique entre Maddie (Alexa Demie) avec le quart-arrière vedette et torturé du lycée Nate (Jacob Elordi) prend une tournure apparemment irrémédiable. Les relations commencent et se terminent. Les sexualités continuent d’être explorées.

Les personnages secondaires les plus élaborés de la saison 1 sont hélas mis à l’écart. McKay, joué par Algee Smith, apparaît pour le premier épisode puis disparaît… Kat (Barbie Ferreira) a une arche qui aurait pu être développée en deux épisodes mais qui s’étire sur toute la saison.

Comme en saison 1, Euphoria explore les thèmes de la toxicomanie, de la violence domestique, de la recherche de la sexualité, des relations toxiques et des traumatismes profondément enracinés. Comme en saison 1, Euphoria livre des séquences ultra-référencées et stylisées, mêlant onirisme et réalité, avec une bande-son de dingue. Mais Euphoria est une série tellement préoccupée par sa propre maestria qu’elle ne se rend pas compte de toutes les autres choses qu’elle fait bien. Ceux qui espéraient qu’elle tirerait quelques leçons des épisodes spéciaux, mûrs et dépouillés, seront déçus. Euphoria est un joyau imparfait, parfois désordonné et surchargé.