AUTOFICTIONBlanche Gardin est la pire meilleure version d'elle-même sur Canal+

« La meilleure version de moi-même » sur Canal +: Blanche Gardin arrête l'humour et c'est très drôle

AUTOFICTIONL'humoriste Blanche Gardin écrit, réalise et joue dans sa propre série, « La meilleure version de moi-même », lundi sur Canal+, où elle prolonge son travail et son malaise de la scène à l'écran
V. J.

V. J.

L'essentiel

  • Après ses spectacles, ses rôles au cinéma et à la télé, l’humoriste Blanche Gardin revient avec sa propre série, sous forme d’autofiction et de documenteur
  • La comique décide d’arrêter l’humour, pour emprunter une nouvelle voie, entre pensée positive, quête du bien-être… et mauvaise foi
  • Féminisme, développement personnel, réseaux sociaux… Elle s’empare de sujets actuels avec malice et malaise

Jerry Seinfeld, Louis CK, Larry David (et son nombril) ou encore Eric Judor avec Platane, les humoristes aiment jouer avec leur double fictionnel, à savoir le pire d’eux-mêmes mais le meilleur pour le public. Après s’être imposée sur la scène de ses spectacles mais aussi de cérémonies (César, Molières), dans des rôles secondaires mémorables au cinéma (20 ans d’écart, Problemos), Blanche Gardin revient à la télévision dans une série, sous forme d’autofiction et de documenteur, diffusée à partir de lundi soir sur Canal+ et disponible en intégralité sur MyCanal.

Elle s’était déjà illustrée dans Inside Jamel Comedy Club, Working Girls ou, pour les plus fans, Ligne Blanche sur Comédie, mais, là, c’est ce qu’elle appelle et titre La Meilleure version de moi-même. Il suffit de connaître un peu son humour pour saisir l’ironie, et savoir que ce sera surtout le meilleur du pire. Car Blanche Gardin arrête l’humour.

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Le narcissisme contemporain

En effet, la comique souffre de terribles troubles digestifs, et sa rencontre avec un naturopathe lui fait prendre conscience que l’autodérision dont elle fait preuve tous les soirs sur scène est en train de la pourrir de l’intérieur. Il faut qu’elle arrête et emprunte une nouvelle voie, entre pensée positive, quête du bien-être… et mauvaise foi.

Les premiers épisodes (sur neuf), poussifs, maladroits, malaise aussi (on y parle que de caca), servent à faire le tri parmi les téléspectateurs et téléspectatrices, mais les survivants seront récompensés par un (auto) portrait entre son personnage sur scène et celui de Problemos, et par un périple à travers les différentes questions, obsessions, injonctions de la société, ce que Blanche Gardin nomme, dans le dossier de presse, « le narcissisme contemporain ».

« Je pose des questions mais je n’y réponds pas »

« Dieu est mort et nous devenons pour nous-même nos propres prophètes à vénérer, nos disciples à guider vers la bonne voie, nos victimes à plaindre, écrit-elle également. Penser contre l’époque ne signifie pas forcément la dévaloriser. » Colleuses d’affiches antiféminicides, cercle de femmes, connexion à la nature, test ADN sur ses « origines », mise en scène sur les réseaux sociaux… La série s’empare de nombre de sujets actuels mais sans volonté de faire la morale, ou de critiquer tel féminisme ou progressisme. Au contraire, elle montre « une » Blanche Gardin comme prise au piège, à côté de la plaque. « Pour moi, faire rire, c’est poser des questions sérieuses, écrit-elle.
Je pose des questions mais je n’y réponds pas. »

La Meilleure version de moi-même fait rire, bien sûr, comme elle peut aussi mettre mal à l’aise, tourner en rond, se perdre en peu, loin des sorties surréalistes d’un Platane ou de la mécanique comique d’un Larry et son nombril. Peut-être parce que, comme le révèle Télérama, la série a été en grande partie autofinancée et improvisée. Mais c’est aussi ce qui la rend unique.

Louis CK, l’invité surprise… et gênant ?

Il était son idole, puis son petit ami et maintenant une guest star. Louis CK est un personnage à part entière, mais en Zoom, de La meilleure version de moi-même, lui qui a quasiment disparu des scènes et des médias depuis les accusations et ses aveux de harcèlement sexuel. La série ne traite pas le sujet, ou alors indirectement lorsque Blanche lui demande de s’excuser parce qu’il est un homme blanc âgé. « Un exercice de contrition maboul », résume justement Libération.