Coronavirus : Comment le festival de la fiction TV de la Rochelle s’est reconfiguré à Paris ?
FICTION•Le Festival de la Fiction TV de La Rochelle se reconfigure pour une édition spéciale à Paris aux Folies Bergère pour s’adapter aux conditions sanitaires jusqu’au 18 septembreAnne Demoulin
L'essentiel
- Le Festival de la Fiction TV de La Rochelle se déroule en raison de la crise sanitaire à Paris du 16 au 18 septembre.
- En raison de l’interruption des tournages de mars à juin, le festival s’est retrouvé « amputé de sa sélection officielle », explique à 20 Minutes, le président du festival Stéphane Strano.
- Le festival a donné « carte blanche » aux chaînes qui présenteront sept séries inédites à Paris. Il proposera une sélection « hors saison » en décembre à La Rochelle.
- Tournage écoresponsable, financement de la création française par les plateformes de streaming, les professionnels réfléchiront « sur la relance, notre avenir et notre environnement législatif », résume le président du festival.
Une édition spéciale et une reconfiguration complète en raison du contexte sanitaire actuel. Le Festival de la Fiction TV de La Rochelle ouvre ses portes ce mercredi pour une édition spéciale de trois jours à Paris aux Folies Bergère. « C’est de l’ordre du miracle de se retrouver pour une édition spéciale aux Folies Bergère », s’est réjoui Stéphane Strano, le président du Festival de la Fiction TV de La Rochelle, lors d’une conférence de presse à Paris ce mercredi matin. « On est dans une situation exceptionnelle et on y répond de manière exceptionnelle », explique Stéphane Strano à 20 Minutes. Comment a été repensée cette 22e édition atypique et délocalisée de l’événement rochelais ?
« Cette pandémie mondiale a engagé beaucoup de modifications, à commencer par l’arrêt des tournages de mars à juin. Les diffuseurs ont de leur côté diffusé les œuvres qu’ils avaient en stock », énonce Stéphane Strano.
Un festival « amputé de sa sélection officielle »
Face à l’impossibilité de proposer un panorama suffisamment riche, diversifié et inédit d’œuvres françaises, francophones et européennes, le festival s’est retrouvé « amputé de sa sélection officielle ». « On était dans une situation extrêmement problématique, alourdie par les questions sanitaires à La Rochelle qui nous empêchaient de donner au festival le visage que les festivaliers chérissent beaucoup », poursuit Stéphane Strano.
A contrecœur, l’événement rochelais tel qu’il est habituellement organisé est donc annulé. « Avec les dernières mesures annoncées il y a quelques jours par la préfecture, si on avait maintenu l’événement à La Rochelle, on aurait été obligé d’annuler, donc, aucun regret », confie Stéphane Strano lors d’une conférence de presse ce mercredi. Et d’ajouter : « C’était une édition difficile à préparer mais on a tout de même réussi à laisser place à l’innovation avec le lancement d’un nouvel événement : le grand débat artistique », se réjouit-il.
Un « hors saison » et « sept projections »
Du 17 au 19 décembre, le festival proposera trois jours de projection à La Rochelle, « en hors saison ». « On met en lumière quelque chose qui devait devenir habituel. Cette année au mois décembre, parce que c’est une année particulière, puis, chaque année en avril à La Rochelle avec des rencontres entre le grand public, les œuvres et les équipes », se réjouit Stéphane Strano.
A Paris, jusqu’au 18 septembre, « on va présenter quelque chose qui est tout à fait habituel au Festival de La Rochelle, à savoir les cartes blanches données aux chaînes ». A savoir « sept projections de séries ou téléfilms inédits ».
TF1 proposera une avant-première de la saison 2 d’Infidèle, le remake de Doctor Foster, porté par Claire Keim. France Télévisions proposera les deux premiers volets du Mensonge, une bouleversante minisérie emmenée par Daniel Auteuil et Victor Meutelet, une fiction librement inspirée de l’affaire Christian Iacono, cet ancien maire de Vence dans les Alpes-Maritimes qui avait été faussement accusé de viol sur son petit-fils.
Une série « labellisée Séries Mania dans le cadre d’une fraternité naturelle »
Le festival de la fiction TV de la Rochelle présentera « dans le cadre d’une fraternité naturelle liée à la situation mondiale » une série « labellisée Séries Mania pour Arte ». Cette coproduction de 8x45 minutes nous entraîne dans la quête, en plein conflit syrien et aux côtés des combattantes kurdes, d’un jeune Français (Félix Moati) à la recherche de sa sœur présumée morte (Mélanie Thierry).
De son côté, M6 dévoilera Ils étaient dix, une ambitieuse minisérie policière en six volets portée par Marianne Denicourt, Samuel Le Bihan, Guillaume de Tonquédec, Romane Bohringer qui revisite le classique d’Agatha Christie.
Au programme également, Possessions, une nouvelle création originale Canal+ qui suit Natalie, jeune française expatriée en Israël, accusée d’avoir assassiné son mari le soir de ses noces et deux séries OCS Signature, Moah, une série sans dialogues, ni musique qui suit les aventures d’un homme préhistorique et 3615 Monique, la nouvelle production de Dominique Besnehard, qui suit dans la France du début des années 1980 le lancement de la première messagerie rose sur Minitel.
L’occasion pour les chaînes de présenter leur ligne éditoriale en matière de fiction. « On a un nouveau président chez Arte, un renouvellement de présidence à France Télévisions et donc, on attend des annonces de leur part », pressent Stéphane Strano.
« L’ensemble de la profession avait besoin de se retrouver à la rentrée »
Le Festival de la fiction TV de la Rochelle est aussi un lieu de rendez-vous unique pour les professionnels français de la fiction. « Nous avons fait le constat que l’ensemble de la profession avait besoin de se retrouver à la rentrée », note Stéphane Strano.
Les organisateurs décident d’organiser trois jours de rencontres, de débats et de projections événements à Paris aux Folies Bergère. Pourquoi les Folies Bergère ? « Pour des raisons techniques, pratiques et attrayantes. Le lieu respire quelque chose d’un autre temps et soulève des souvenirs créatifs français d’un autre temps. C’est dire qu’en France, on a un patrimoine », a déclaré Stéphane Strano lors de la conférence de presse, évoquant également des questions de « jauge ».
« Les Folies Bergère se sont présentées à nous comme le seul moyen possible d’imaginer une rencontre de professionnels à la rentrée pour faire le point sur l’ensemble des dossiers. La grève générale de la SNCF qui tombe sur les trois jours du 16 au 18 ne nous gênera pas puisqu’une grande partie de la profession réside à Paris », détaille à 20 Minutes le président du festival.
Et les professionnels du PAF ne chômeront pas durant ces trois jours puisqu’ils échangeront sur la « manière dont l’activité a été relancée » et « comment rattraper le temps perdu ». Mais « les questions qui se posent vont au-delà de la crise sanitaire », la profession est face également face à « une situation de grands bouleversements » avec le développement des plateformes de streaming en France, les cartes de la réforme de l’audiovisuel qui ont été rebattues et la transposition de la directive SMA, « qui va donner aux plateformes des obligations », notamment celle de participer au financement de la création audiovisuelle européenne.
« La relance, notre avenir et notre environnement législatif »
« Cette année, nous sommes concentrés sur la relance, notre avenir et notre environnement législatif. On va essayer de faire avancer les choses pour proposer aux spectateurs de la belle fiction française », commente Stéphane Strano.
Un grand débat politique autour du thème : « Création audiovisuelle : comment inventer ensemble le monde d’après ? » réunira « autour de la ministre de la Culture, Roselyne Bachelot, l’ensemble des dirigeants des chaînes privées et publiques, les syndicats professionnels et des personnalités comme Aurore Bergé, rapporteuse de la fameuse loi audiovisuelle ». Ce débat sera suivi par une rencontre avec les présidents de région, dont Xavier Bertrand, président des Hauts-de-France et membre fondateur de Séries Mania Lille.
« Une table ronde sur le développement durable »
Le festival de la Fiction TV de La Rochelle accueille également la 3e édition des Rendez-vous de la création francophone, des rencontres qui permettent aux porteurs d’une centaine projets (contre soixante l’an passé) de « séries en langue française » d’être proposées « à l’Europe en coproduction ».
« L’industrie audiovisuelle et cinématographique française doit être naturellement écologique », lance Stéphane Strano. Le CNC va proposer ce vendredi une table ronde autour des tournages écoresponsables. « Je suis très fier qu’une institution comme le CNC prenne en main ce dossier », a-t-il ajouté.
« La responsabilité, c’est aussi de veiller simplement à la parité dans nos métiers parce que reconstruire un monde alors qu’il est en plein bouleversement et en crise sanitaire, c’est tenter de le faire mieux », a-t-il encore souligné. Le festival accueille donc l’Association pour la place des femmes dans les médias pour une table ronde. « Ce sont les valeurs naturelles du festival qu’il fallait défendre », a-t-il conclu. Qu’importe le coronavirus, le Festival de la Fiction TV de La Rochelle est déterminé à préparer la fiction française de demain.