SUPER-HEROSVous n’avez pas lu « Watchmen » ? Notre guide pour savourer la série

Vous n’avez pas lu « Watchmen » ? Notre guide pour savourer pleinement la série

SUPER-HEROSDamon Lindelof, le créateur de « Lost » et de « The Leftovers », a revisité la série de comics cultes des eighties d’Alan Moore et Dave Gibbons, « Watchmen », pour HBO
Anne Demoulin

Anne Demoulin

L'essentiel

  • La série de comics d’Alan Moore et Dave Gibbons, Watchmen, est une des références absolue de la bande-dessinée.
  • Damon Lindelof, le créateur de Lost et The Leftovers, a imaginé une histoire inédite pour HBO à partir de cette oeuvre culte.
  • La série sera diffusée en France ce ce lundi à 21h05 en US + 24 sur OCS CITY.

C’est l’une des séries les plus ambitieuses de l’année ! Imaginez qu’un des showrunners les plus brillants et singuliers de Hollywood, Damon Lindelof, le créateur de Lost et de The Leftovers, a finalement accepté de revisiter l’une des références absolues de la bande dessinée mondiale, la série de comics cultes des eighties d’Alan Moore et Dave Gibbons, Watchmen, pour HBO, la chaîne câblée qui a érigé les séries au rang d’art à part entière. Diffusée en France ce lundi à 21h05 en US + 24 sur OCS CITY, Watchmen est l’une des œuvres les plus denses, exigeantes, troublantes et foisonnantes de l’année.

Damon Lindelof livre ici un récit passionnant à la structure complexe, une merveille visuelle truffée de références méta. Bref, une œuvre monstre dans laquelle cohabite suprémacistes blancs et homme bleu sur Mars, on peut se sentir un peu perdu. Notre guide pour savourer la série Watchmen sans avoir lu la bande dessinée.

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Ce qu’il faut savoir de la bande dessinée originale

La série de comics d’Alan Moore et Dave Gibbons est devenue une référence du genre parce qu’au moment de sa parution, de 1986 à 1987, la déconstruction des super-héros est une démarche quasi inédite. Watchmen suit une bande de justiciers à la retraite, névrosés et sociopathes, mais animés d’une démarche altruiste, dans un univers alternatif au bord d’une Troisième Guerre mondiale. Le Dr Manhattan (l’homme bleu), un surhomme, a modifié le cours de l’histoire : les Etats-Unis ont gagné la guerre du Viêt Nam, le scandale du Watergate a été étouffé et Richard Nixon est toujours président en 1985.

Ce qu’il faut savoir de Robert Redford

« Notre histoire commence trente ans plus tard, avec de nombreux nouveaux personnages et quelques vieux personnages des comics », résume Damon Lindelof. La série de HBO se déroule dans le même univers, trente ans plus tard, dans une Amérique dirigée par Robert Redford. « A la fin du 12e numéro des Watchmen originaux, un journal annonce que Robert Redford est candidat à la présidence en 1988 contre Richard Nixon, qui occupe le Bureau ovale depuis vingt ans. Nous avons imaginé que Redford ne battrait pas Nixon la première fois. En 1990, Richard Nixon meurt. Son vice-président Gerald Ford en devient le président. En 1992, Redford remporte l’élection contre Ford », explique à 20 Minutes Damon Lindelof. Dans l’Amérique de Redford, le port d’armes est interdit, les voitures roulent toutes à l’électricité et les téléphones portables n’existent pas, les superhéros sont hors-la-loi et les policiers cachent leur identité derrière des masques pour se protéger. Mais même armé des meilleures intentions, un président libéral n’est pas de taille à résoudre les tensions raciales aux Etats-Unis.

Ce qu’il faut savoir du massacre de Tulsa

Le point de départ de cette uchronie télévisuelle est l’émeute raciale qui s’est déroulée dans le quartier de Greenwood à Tulsa dans l’Oklahoma entre le 31 mai et le 1ᵉʳ juin 1921, durant laquelle des Américains blancs ont attaqué la communauté afro-américaine, causant, selon les sources, entre 45 et 300 morts. Presque cent ans plus tard, l’inspectrice afro-américaine Angela Abar (Regina King) enquête sur la tentative de meurtre d’un collègue policier sous la direction de son chef, Judd Crawford (Don Johnson) alors qu’un un groupe de suprémacistes blancs, se faisant appeler la 7e Cavalerie, sème la terreur à Tulsa.

Ce qu’il faut savoir des Minutemen

Damon Lindelof n’a pas pour autant complètement occulté la bande de super-héros créée par Alan Moore et Dave Gibbons : le Dr Manhattan a quitté la Terre comme il l’avait promis, Adrian Veidt aka Ozymandias (Jeremy Irons) est devenu un vieux lord britannique autoritaire. L’histoire de ce dernier, sans rapport avec l’intrigue principale, vient se caler dans le récit comme les documents de fin de chapitre de la bande dessinée. Damon Lindelof reprend à son compte la narration éclatée et méta de l’œuvre d’origine. Dans Watchmen, on se passionne ainsi pour un show intitulé « American Hero Story », dédié aux Minutemen, un groupe de superhéros des années 1940, déjà présent dans les comics. « Dans le monde des Watchmen, les Minutemen sont de vraies figures historiques. La série American Hero Story qui leur est dédiée correspondrait à une série comme American Crime Story: The People vs. O.J. Simpson », commente Damon Lindelof. Dans la séquence inaugurale de Watchmen, un petit garçon regarde au cinéma une séquence d’un film de fiction dédié à Bass Reeves, le premier shérif adjoint noir à l’ouest du Mississippi, une véritable figure historique de notre monde. Car comme la BD, la série questionne l’essence du héros et sa mythologie pour se finalement demander : « Who watches the Watchmen ? »