HEROIC FANTASY« Carnival Row » est-elle à la hauteur de ses ambitions ?

« Carnival Row » est-elle à la hauteur de ses ambitions ?

HEROIC FANTASYOrlando Bloom et Cara Delevingne sont les héros de « Carnival Row », la nouvelle série fantastique d’Amazon Prime Video où humains et créatures fantastiques coexistent difficilement
Anne Demoulin

Anne Demoulin

L'essentiel

  • La série fantastique Carnival Row sera mise en ligne ce vendredi sur Amazon Prime Video.
  • Dans Carnival Row, Rycroft Philostrate (Orlando Bloom) et une fée réfugiée du nom de Vignette Stonemoss (Cara Delevingne) vivent dans un monde où humains et créatures fantastiques ont du mal à coexister.
  • Une série de meurtres atroces est à même de mettre en péril la paix déjà précaire.

Les dragons de Game of Thrones ont fait des émules. Depuis le phénoménal succès de l’adaptation de la saga de George R. R. Martin, l’heroic fantasy a la cote à Hollywood. HBO peaufine His Dark Materials, tirée de la trilogie best-sellers de Philip Pullman A la croisée des mondes. Netflix met en images la fantasy médiévale d’Andrzej Sapkowski, Le Sorceleur.

Avant la titanesque série inspirée de l’univers du Seigneur des anneaux et l’adaptation de La Roue du temps de Robert Jordan, Amazon dévoile ce vendredi sur Prime Video Carnival Row, une série fantastique portée par Orlando Bloom et Cara Delevingne. Un monde imaginaire créé par Travis Beacham (Pacific Rim) et René Echevarria (The 4400). Leur monde victorien peuplé de fées ailées et de faunes à cornes peut-il rivaliser avec les grandes sagas littéraires du genre ?

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Une allégorie politique « sur la crise des réfugiés »

Carnival Row est le quartier de la cité de Burgue dans lequel résident fées, faunes et autres centaures. A la suite de la guerre qui a opposé les humains de Burgue à ceux du Pacte sur leurs terres natales, ces créatures ont été contraintes à l’exil et réduites à la domesticité ou à la prostitution. « Qui ne veut pas jouer une fée lesbienne et prostituée ? On ne m’avait jamais proposé cela avant, et ça n’arrivera pas deux fois », s’amuse ainsi Karla Crome qui campe Tourmaline, une fée pensionnaire d’un bordel.

Ces créatures fantastiques se heurtent désormais au racisme affiché des habitants de leur terre d’accueil. Carnival Row est « un commentaire social sur la crise des réfugiés, la race, le sexe, l’amour, la haine, et tout ce qu’il y a entre », résume Orlando Bloom.

Dans ce monde ultra-hiérarchisé, seul le riche faune Agreus semble pouvoir s’extraire de sa misérable condition. « Agreus a des limites que ce monde lui impose, mais chaque fois qu’il parle, marche ou fait quelque chose, il repousse les barrières. Cela me semblait très intéressant à jouer. Quand j’ai lu la page du script sur les bébés fées échoués sur le rivage, j’ai pensé à cet enfant syrien. Mon cerveau était en ébullition en imaginant toutes les possibilités de ce monde et tout ce qu’il pouvait dire sur notre monde. Je me suis senti obligé de m’impliquer », raconte David Gyasi, qui campe la créature. Du Seigneur des Anneaux à Game of Thrones, Carnival Row s’inscrit dans la tradition des histoires fantastiques qui sont des allégories politiques. La cité de Burgue se veut le miroir de l’Europe contemporaine. La métaphore devra gagner en profondeur en saison 2, d’ores et déjà commandée.

Une intrigue policière

Alors qu’il enquête sur une série de meurtres atroces, façon Jack l’Eventreur, à même de mettre en péril une paix interespèces déjà précaire, Rycroft Philostrate (Orlando Bloom) croise la route d’une fée bagarreuse du nom de Vignette Stonemoss (Cara Delevingne), une créature qu’il a aimé et abandonné pendant la guerre, se faisant passer pour mort. « Vignette n’abandonne jamais. Elle a su conserver un cœur très pur, même si elle s’est endurcie avec tout ce qu’elle a subi », raconte l’actrice. Comme dans A la croisée des mondes, l’enquête sert de fil conducteur pour découvrir les différentes facettes de ce monde imaginaire.

Une romance impossible

Rycroft Philostrate a grandi dans un orphelinat, avant de devenir soldat, puis détective. « Il est passé d’une institution à une autre », résume Orlando Bloom. Son histoire d’amour avec Vignette est « douloureuse, déchirante et compliquée. Ce gars a des problèmes d’intimité… Il est aussi incapable d’aimer que de se laisser aimer », souligne l’acteur. Une romance interespèce qui n’est pas sans rappeler celle d’Arwen et Aragorn dans Le Seigneur des Anneaux.

De multiples fils narratifs

Carnival Row présente des intrigues autour du chancelier de la Burgue, Absalom Breakspear (Jared Harris de Chernobyl), et de son épouse Piety Breakspear (Indira Varma), matriarche aussi rusée que Cersei, proches de la cour Port Réal dans Game of Thrones. La série suit aussi les déboires d’Ezra Spurnrose (Andrew Gower), jeune héritier aristocrate qui gère mal la fortune de son défunt père, et de sa sœur, Imogen, « une bigote raciste » selon son interprète Tamzin Merchant, dans une ambiance qui évoque cette fois-ci Downton Abbey et les romans de Jane Austin.

Un univers visuel très riche

« J’ai vu des décors et des plateaux assez phénoménaux depuis ma jeunesse. Celui du Seigneur des anneaux était assez remarquable, et honnêtement, Carnival Row tient facilement la comparaison », s’émerveille Orlando Bloom. Et de poursuivre : « Les fans du genre ne seront pas déçus ». Carnival Row séduit en effet grâce à son esthétique victorienne steampunk à la croisée de Harry Potter et de Dickens, son riche bestiaire fantastique et sa mythologie, potentiellement foisonnante. Hélas, les nombreux fils narratifs s’articulent mal et semblent cousus à la manière du monstre du Frankenstein de Mary Shelley. Donnons cependant sa chance à cette série, qui a le mérite d’être une œuvre originale et non une adaptation. La saison 2 devra se muscler pour prétendre succéder à Game of Thrones dans le cœur des amateurs d’heroic fantasy.