Séries (Ados) Mania: Marti Noxon, J.J. Abrams, Greg Berlanti... Ils ont écrit la légende des «teen shows»
FESTIVAL•A l’occasion des 25 ans d'« Angela, 15 ans » et d’une conférence dédiée à Séries Mania, « 20 Minutes » revisite la série adolescente, son âge d’or, ses auteurs, son avenirVincent Jule
L'essentiel
- La disparition soudaine de Luke Perry, à 52 ans, a provoqué une véritable onde de choc, et rappelé au monde entier l’importance des séries adolescentes, dont il était l’une des icônes.
- Souvent déconsidérés, rarement analysés ou parfois relayés au rang de plaisirs coupables, les teen shows connaissent un regain d’intérêt avec le phénomène Riverdale et plusieurs reboots ou revivals de classiques.
- 20 Minutes consacre une série d’articles au phénomène des teen shows.
- Aujourd’hui, nous nous attardons sur l’évolution des carrières des stars de teen shows.
Le festival Séries Mania à Lille consacre une conférence aux teen shows (« La série adolescente a-t-elle tout d’une grande ? »), animée par l’auteur de ses lignes, ainsi qu’une séance culte et anniversaire avec Angela, 15 ans, avec Claire Danes et Jared Leto. Ils ne sont pas les seules stars à avoir débuté leur carrière dans un teen show, à l’instar de Chris Pratt connu pour Les Gardiens de la Galaxie mais révélé par la méconnue et mésestimé Everwood, de Dylan O’Brien passé de la série Teen Wolf à la saga Le Labyrinthe, de Michelle Williams, Jen dans Dawson et nommée quatre fois aux Oscars, sans oublier la petite bande de Freaks and Geeks : James Franco, Seth Rogen et Jason Segel. Mais la série ado a aussi et surtout servi de tremplin, et de laboratoire, aux auteurs, réalisateurs et producteurs les plus importants et influents du monde.
Il suffit de prendre les présidents du jury de Séries Mania. Chris Brancato, président l’année dernière et créateur de Narcos, a commencé sa carrière avec des épisodes de Beverly Hills, tandis que Marti Noxon a fait ses armes sur Buffy, dont elle est devenue la showrunneuse les deux dernières saisons. Buffy, une création de Joss Whedon, qui s’est depuis assis sur le toit du monde, et du box-office, avec les deux premiers Avengers.
Du teen show à Star Wars
La liste est en fait plus longue que l’on pourrait penser, qu’il s’agisse de Steven Moffat de Doctor Who et Sherlock qui a écrit les 43 épisodes du teen show Press Gang, inédit chez nous mais culte outre-Manche, d’Amy Sherman-Palladino, maman des Gilmore Girls mais aussi de La fabuleuse ( et multirécompensée) Mrs Maisel, ou de Ryan Murphy, qui vient de signer un contrat de 300 millions de dollars avec Netflix. Avant de devenir incontournable avec les anthologies American Horror Story, American Crime Story ou Feud, il a créé une série adolescente, non pas Glee arrivée après, mais Popular, sorte de Mean Girls en série.
Vous en avez marre du name dropping ? Allez, un dernier pour la route, avec l’auteur, réalisateur, producteur et showrunner le plus puissant de la décennie : J.J. Abrams. Il a ressuscité trois franchises cultes sur grand écran (Mission : Impossible, Star Trek, Star Wars), et marqué le petit avec les séries Alias, Fringe, Lost, Westworld… Mais sa toute première série a été Felicity, l’histoire d’une jeune femme qui s’inscrit à la fac de New York pour suivre son crush de lycée.
L'âge de ses héros
Felicity est un teen show intéressant, car il pose, en coulisses, la question de l’âge des auteurs. Faut-il sortir du lycée pour écrire une série sur le lycée ? J.J. Abrams avait 32 ans, mais l’une des scénaristes, Riley Weston, a beaucoup fait parler d’elle à l’époque. Elle n’avait que 19 ans lorsque la chaîne The WB l’embauche sur la série, pour ce regard neuf, vrai, qu’elle pouvait apporter sur des sujets dont elle était encore proche. Le studio lui signe un contrat d’un demi-million, la presse l’érige en prodige… sauf qu’elle avait menti, elle avait 32 ans. Oups.
Bryan Esley, la quarantaine, n’a ainsi pas créé Skins tout seul en 2011, mais avec son fils Jamie Britain, tout juste 20 ans. L’idée était de montrer les ados comme ils peuvent être, sans les juger, sans que coucher, boire ou se droguer ait forcément des conséquences morales, ou qu’ils aient à en payer le prix.
Ado forever
S’inspirer de sa propre vie, de son adolescence, c’est ce que Kevin Williamson, alors trentenaire, a également fait avec Dawson. Ce gamin coincé dans une petite ville côtière, obsédé par les films de Spielberg, c’est lui. Mais son histoire est aussi celle de Jack, qui découvre son homosexualité en saison 2, une intrigue écrite à deux mains avec Greg Berlanti, tout jeune scénariste de 22 ans. Ils ont mélangé leurs vécus pour signer un coming out essentiel de la télé américaine. La saison suivante, Greg Berlanti, devenu showrunner après le départ de Kevin Williamson, imposa le premier baiser entre deux hommes en prime time à la télévision américaine.
La preuve que la série adolescente a participé à faire évoluer la fiction, la télévision, pour plus d’inclusivité. Greg Berlanti, lui, est aujourd’hui le producteur le plus puissant de la télé américaine, avec plus de 15 séries à l’antenne – un record absolu - de Riverdale à You en passant toutes les séries de super-héros Arrow, Flash, Supergirl et bientôt Batwoman, la première super-héroine lesbienne.