«Umbrella Academy»: Emancipation, pouvoirs, Donald Trump... On a discuté avec Ellen Page
INTERVIEW•L’actrice canadienne tient l’un des rôles principaux de la nouvelle série Netflix, sur les aventures et les déboires d’une fratrie aux superpouvoirsPropos recueillis par Clio Weickert
L'essentiel
- Le 15 février, Netflix a lancé « Umbrella Academy », une nouvelle série sur une famille de superhéros.
- « 20 Minutes » a discuté avec Ellen Page, qui incarne l’un des personnages principaux de la série.
Même les familles de superhéros ont leurs problèmes. Le 15 février, Netflix a lancé une toute nouvelle série, Umbrella Academy, adaptée du comics du même nom. Le pitch ? Les aventures et les déboires de six frères et sœurs adoptés par un inventeur richissime et tyrannique, tous dotés de fabuleux pouvoirs. Tous, excepté la discrète Vanya, interprétée par Ellen Page, et qui fait figure de vilain petit canard dans cette famille hors du commun. Mais « il faut se méfier de la superhéroïne qui dort », comme on dit…
A l’occasion de sa promo marathon à Londres quelques jours avant le lancement de la série, 20 Minutes a pu rencontrer l’actrice engagée et déjà habituée aux rôles de personnages à pouvoirs spéciaux.
X-Men, Umbrella Academy… Qu’aimez-vous dans les histoires de superhéros ?
Jouer Kitty Pryde dans X-Men et Vanya Hargreeves dans Umbrella Academy est très différent. Ce qui m’a emballée dans cette série, c’est que, au-delà de l’aspect superhéros, il s’agit d’une histoire de famille, d’une famille dysfonctionnelle. C’est l’un des rôles que j’ai préféré jouer, d’autant qu’il évolue au cœur d’un monde surréaliste et incroyable, et j’aime quand les projets mêlent originalité et émotions. Et bien entendu, il s’agit d’une histoire sur l’enfance, mais aussi sur comment tous ces enfants devenus adultes, gèrent leurs vies, chacun à leur façon, et d’une certaine manière leurs pouvoirs respectifs sont une extension de leur individualité.
Dans cette famille un peu spéciale, vous êtes la seule enfant « normale » de la fratrie, la seule qui n’a pas de pouvoir. Une autre façon de parler de la différence ?
D’une certaine manière, oui. Vanya a vécu une enfance horrible et a été traitée affreusement par son père qui lui rappelait en permanence qu’elle n’avait rien de spécial, qu’elle était sans valeur. Et c’est un peu la même chose pour ses frères et sœurs qui ont emboîté le pas à leur père – parce que c’est ce qu’ils ont toujours vu et appris –, et finalement ne se sont pas beaucoup mieux comportés avec elle. Et ça la blesse beaucoup. Mais les autres membres de la fratrie ont aussi eu une enfance compliquée, avec des superpouvoirs exploités, voir commercialisés, ce qui est anormal et dangereux. Mais oui il faut reconnaître que Vanya a un statut particulier du fait d’avoir été ostracisée par le reste de la famille.
Il s’agit aussi d’une histoire d’émancipation…
Oui il y a l’idée de se créer sa propre famille, et de penser qu’il faut se séparer de sa famille pour pouvoir le faire. C’est le cas de beaucoup de personnages dans cette série, et de Vanya en particulier, du fait de ses relations passées avec son père et ses frères et sœurs. Mais le problème, c’est que, pour elle, nouer des relations amicales n’est pas forcément évident, on ne lui a pas vraiment appris et de par son éducation elle a développé quelques difficultés d’adaptation. Et cela va être susceptible de l’entraîner vers des relations très compliquées, voire abusives…
Si vous deviez avoir un superpouvoir, lequel choisiriez-vous ?
Beaucoup de personnes me demandent quels superpouvoirs parmi la fratrie Hargreeves j’aimerais avoir, et je réponds toujours ceux de ma sœur Allison (Emmy Raver-Lampman), qui provoque les choses rien qu’en les annonçant. Ce serait dingue de pouvoir régler tous ses problèmes juste en murmurant des choses à l’oreille des gens ! Cela pourrait permettre de faire bouger les lignes, mais aussi être utilisé à des fins purement égoïstes… C’est donc un pouvoir incroyable, mais à condition de ne pas être un trou du cul.
Récemment vous avez passé un coup de gueule contre Trump et le vice-président Mike Pence, qui menacent selon vous les droits des personnes LGBT. Pensez-vous qu’il va falloir avoir des superpouvoirs pour survivre à Donald Trump et son gouvernement ?
Je pense qu’il faut faire tout notre possible pour faire bouger les choses, en particulier les gens qui ont le privilège d’être entendus. C’est une question de vie ou de mort ! Rappelons que des enfants sont séparés de leurs parents, des personnes meurent… Il y a beaucoup de problèmes aux Etats-Unis, beaucoup de choses doivent changer, notamment concernant les personnes LGBT, qui sont toujours violemment attaquées par ce gouvernement. Mais je n’ai pas de solution magique, nous devons élever la voix, en particulier ceux qui ont la chance d’être écoutés et d’être des relais.