VIDEO. Musique classique, soap opera... «Philharmonia», un sacré pari pour France 2 et pour la fiction française
GROS COUP•France 2 laisse ses flics en tous genres, ses parents dépassés et ses agents de stars pour une cheffe d'orchestre dans une série entre musique classique et soap opera...V. J.
Les histoires de flics, c’est bien gentil pour occuper les soirées, et assurer les audiences chez France 2 : Alex Hugo, Caïn, Cherif ou Candice Renoir… Mais ces séries ne font pas l’événement pour la chaîne service public comme on peut le faire Fais pas ci, fais pas ça ou, plus récemment, Dix pour cent. Deux exemples d’une fiction française originale et différente, et deux prises de risque qui ont payé. Lancée mercredi en prime, Philharmonia est un nouveau pari pour la chaîne, que ce soit par son sujet, son décor, son casting et son mélange des genres. Et un possible gros coup.
Musicienne de génie, cheffe d’orchestre, Hélène Barizet revient des Etats-Unis et est nommée à la tête du Philharmonia contre l’avis de la direction et des musiciens. Elle est une femme, talentueuse, audacieuse et crainte. Pour sauver sa place et l’orchestre, la cheffe compte sur la jeune Selena Rivière qu’elle nomme premier violon et dans laquelle elle se reconnaît. Mais l’orchestre connaît alors un premier mort, puis un deuxième…
Ni un remake, ni une comédie
TF1 a trouvé son filon, elle remake des séries étrangères qui ont fait leurs preuves, comme Les bracelets rouges d’après un format catalan ou encore les récentes Insoupçonnable et Infidèle, adaptées des excellentes séries anglaises The Fall et Doctor Foster. France 2 s’y est aussi essayée avec les séries Disparue, Malaterra ou Accusé, sans oublier les adaptations de romans policiers de Fred Vargas, Agatha Christie et maintenant Jean-Christophe Grangé avec Les Rivières pourpres.
Philharmonia a pour elle d’être une idée originale de Marine Gacem, née de sa rencontre avec Rose Brandford Griffith, productrice chez Merlin Productions. « Dans un orchestre philhamonique, il y a une vraie diversité, explique la créatrice. C’est une arène magnifique avec des gens très différents. » Raconter les coulisses, ça marche toujours. Ça a marché pour Dix pour cent avec le cinéma. Mais pas sûr que la comédie sied le mieux à la musique classique, un milieu baigné de secret, de travail, d’abnégation. Ce sera donc un thriller.
Un sujet et décor original
Hélène et les garçons, Glee, Nashville, Empire, Atlanta… Il existe déjà plusieurs séries sur la musique, moins sur la musique classique. On pense à la mésestimée Mozart in the jungle et… c’est tout ? Philharmonia propose ainsi une plongée dans univers rarement exploré à la télévision, ou alors par le divertissement comme La boîte à musique de Jean-François Zygel. « Sans être musicienne, je suis une passionnée de musique classique, et plus encore d’opéra, confie Marine Gacem. Et j’en ai tiré un premier constat : pourquoi n’y a-t-il pas plus de femmes cheffes d’orchestre ? »
Avec le personnage d’Hélène Barizet, femme et cheffe, la série un point d’entrée, et contre-pied, intéressant pour découvrir le quotidien et les relations au sein d’un orchestre, à l’instar du lien entre le chef d’orchestre et le premier violon, « un lien de transmission et d’admiration » ajoute la scénariste. Philharmonia jouit aussi de la participation de l’orchestre national d’Ile-de-France, « le scénario écrit est devenu une partition de musique », et l’accès au bâtiment de la Philharmonie de Paris pour le tournage. Sans oublier que le casting joue vraiment, à commencer par la révélation Lina El Arabi, actrice et violoniste.
Un mélange des genres
Mais comme si la musique ne suffisait pas, Philharmonia invoque aussi malédiction et morts. A la Fantôme de l’opéra ? « L’idée est sans aucun doute de s’assurer un plus large public, raconte le réalisateur Louis Choquette à Allociné. Mais l’aspect thriller est imbriqué dans l’histoire dès le départ. On aurait pu faire une série sur la musique sans thriller à mon avis, mais je trouve que ça apporte beaucoup, ça offre un certain rythme à la série. »
Un aspect soap opera et plaisir addictif que la chaîne ne met pas en avant dans sa promo, et qui divise les critiques. Jean-Maxime Renault d’Allociné en est « dingue » et regrette que la chaîne ne l’ait pas joué plus sexy et accrocheur : «. C’est bien moins austère que ça en a l’air. Et surtout, c’est écrit de façon de très moderne ». Pour Pierre Langlais de Télérama, le soap « pesant et pas fin » étouffe « un univers qui aurait pu être riche et émouvant ». A 20 Minutes, on défend la musique classique, le soap opera, et donc Philharmonia.