«Black Mirror»: Mise en abyme du libre-arbitre...Netflix joue gros dans l’épisode interactif de la série d’anticipation
CLIQUEZ ICI•Netflix a mis en ligne un nouvel épisode inédit de la saga d’anticipation « Black Mirror » qui a la particularité de laisser le téléspectateur choisir la suite des événements…Benjamin Chapon
On a tous fait semblant d’être surpris et excités parce que c’est plus vendeur mais en réalité, cet épisode « interactif » de Black Mirror que vient de mettre en ligne Netflix était annoncé depuis belle lurette. Un peu parce que c’est intrigant et beaucoup parce que tout le monde est en vacances, coincé dans le ventre mou existentiel entre Noël et la Saint-Sylvestre, l’épisode Bandersnatch fait malgré tout l’événement. Déjà, sur les réseaux sociaux, les avis et opinions fusent.
Pour ceux qui n’ont pas suivi, voilà le topo. Le héros est un jeune Britannique des années 1980 - 1984 pour être précis (même année que pour la saison 2 de Stranger Things d’ailleurs) - qui veut adapter un roman de fantasy culte en jeu vidéo interactif. Une mystérieuse société s’intéresse à son projet. Evidemment, tout va mal se passer. Le héros semi-paranoïaque va avoir l’impression que ses actions ne sont pas uniquement guidées par son libre arbitre. Il va ainsi se sentir étranger à sa propre vie, manipulé comme les personnages de son jeu vidéo le sont.
Une mise en abyme du libre arbitre
Netflix offre ainsi une réflexion intéressante à ses abonnés puisqu’ils vont découvrir les atermoiements perturbés d’un héros en décidant de son destin. La mise en abyme est d’autant plus subtile que Netflix est parfois accusé de manipuler ses utilisateurs au travers de son mystérieux algorithme de préconisation.
A 20 Minutes, on a voulu aller encore plus loin en vous proposant un article dont vous êtes le héros. La suite de notre critique de cet épisode est interactive. A vous de faire vos choix. C’est parti.
Attention choix n°1
Je n’ai pas le temps de regarder l’épisode ni de lire cet article chelou mais je veux quand même donner mon avis sur les réseaux sociaux.
Cliquez iciSinon, continuez à lire.
Souvent éprouvante pour le téléspectateur, Black Mirror franchit un nouveau palier avec cet épisode interactif. Non seulement il faut être concentré pour faire des choix régulièrement et rythmer soi-même l’intrigue mais en plus, on navigue à vue dans cet épisode. Les adeptes de jeux vidéo ouverts ne seront pas perdus mais les spectateurs habituels de séries Netflix pourraient être agacés. On ne peut pas revenir en arrière, on ne sait pas combien de temps ça va durer, on ne sait même pas vraiment quand on a fini.
Attention choix n°2
C’est bien gentil tout ça mais moi je ne paye pas un abonnement Netflix pour avoir des choix à faire, je préfère être un spectateur passif, j’abandonne.
Cliquez iciSinon, continuez à lire.
Black Mirror n’est pas seulement une série d’anticipation, et d’anthologie, mais souvent une série dystopique, qui propose une version détournée de la réalité ou du passé. C’est le cas ici puisque l’épisode se déroule en 1984 et fait tout un tas de clins d’œil aux geekeries d’époque, à la manière de Ready Player One de Steven Spielberg ou de la série allemande Dark. Cette dimension nostalgique introduit un peu de plaisir au visionnage mais nous rappelle aussi que les rêves d’interactivité dans les récits étaient déjà ceux des créateurs des années 1980.
Attention choix n°3
Vous dissertez pendant des heures sur un jeu vidéo mais je vous rappelle quand même que la planète court à sa perte et qu’on va tous mourir. Alors je vous laisse à vos VHS les gogols.
Cliquez iciSinon, continuez à lire.
Parmi les premiers commentaires suscités par ce nouvel épisode, un certain agacement prime chez les téléspectateurs qui se sentent coupables de faire systématiquement mourir le personnage à chacun de leurs (mauvaises) décisions. Tout commence par un choix cornélien à faire entre deux marques de céréales pour le petit-déjeuner (attention aux Frosties tueuses…) Pourtant, il s’agit là d’un enjeu narratif majeur. Le héros court-il un réel danger si on peut le faire revenir à la vie ad nauseam et ne jamais vraiment l’envoyer ad patres ? Ce questionnement fera doucement rigoler les gamers, rompus à ce pseudo-dilemme.
Attention choix n°4
Je n’ai pas envie de connaître la fin de l’épisode, en revanche je vais explorer toutes les façons de faire mourir le personnage parce que c’est mon gros kif.
Cliquez iciSinon, continuez à lire.
Si Black Mirror avait su par le passé varier son discours avec des épisodes parfois plus optimistes ou inattendus, cette livraison 2018 retombe dans certains travers de la série et, malgré l’originalité de sa forme, raconte une histoire bien connue de réalité manipulée par une intelligence artificielle supérieure. Un conflit qui met le scénario en tension : faut-il résister et chercher à comprendre ou succomber au plaisir innocent de voir ses choix téléguidés par la machine ? Evidemment, la vie artificielle est présentée comme un cauchemar.
Attention choix n°5
Un cauchemar pour vous peut-être. Moi une vie dans la matrice, ça me tente bien, je plonge. Allez salut les realistos !
Cliquez iciSinon, continuez à lire.
Les téléspectateurs qui seront allés au bout de l’épisode, auront remarqué que Netflix poursuit la mise en abyme jusqu’à s’autociter. Ou du moins, les créateurs de la série, Charlie Brooker et Annabel Jones, longtemps sceptiques sur cette histoire d’épisode interactif que Netflix voulait leur imposer, ont intégré la plateforme à leur scénario. On peut y voir un coup de génie ou du cynisme, autre accusation récurrente à l’encontre de Black Mirror.
Attention choix n°6
Et voilà, je pensais regarder une série et je me retrouve avec une pub géante pour Netflix. Si c’est comme ça, je vais m’abonner à Amazon Prime, Canal +, OCS et Hulu.
Cliquez iciSinon, continuez à lire.
Bon gré mal gré, et à force de détermination, on vient à bout de cet épisode, parfois brillant, parfois rébarbatif et caricatural. Une fois l’expérience éprouvée, on ne sait pas trop quoi en faire. Le revoir ? Certainement pas. Le conseiller ? Pourquoi pas. En discuter avec des amis ? Pas vraiment. Contrairement à la plupart des épisodes de Black Mirror qui ont le pouvoir de susciter des débats de société, même caricaturaux, sur l’avenir des technologies, celui-ci est un objet mort. Une simple expérience personnelle.
Attention choix n°7
Je ne vois pas l’intérêt d’un tel épisode. Une bonne série doit avoir le pouvoir de vivre au-delà de sa propre existence, de devenir immortelle en somme. Cliquez ici
Sinon, continuez à lire des articles de 20 Minutes, il y en a plein. Plus d’un million selon un récent décompte.